Réalisation

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1

Le soleil perce entre les bâtiments et se pose sur mon visage. La chaleur, bien que diffuse en ce mois de février, stoppe mes aller-retours effrénés et je grappille la tiédeur des rayons avec avidité.

-Tu me diras ce que ça donne, il m’intrigue ce type. S’il est bien, j'irais le voir un jour !

La voix à l’autre bout du fil me sort de ma rêverie.

-J'attends de voir. Tu me connais... Tu te souviens de ta magnétiseuse quand on habitait à Périgueux? C’était un échec cuisant!

Les portes vitrées s’ouvrent, costumes, joggings et manteaux divers sortent de la gare. Les minutes défilent sur mon écran.

-Je te laisse mon coeur, jveux pas être en retard.

-Tiens moi au courant!

Je raccroche et rejoins le flot nerveux du RER. Paris est pressé, Paris m’épuise. Heureusement que je n’y reste qu’un week-end… A contre coeur, je rentre dans le moule. Observant à la dérobée tous ces anonymes de passage, je me demande quelle est leur vie. Chacun est dans sa bulle, personne ne se regarde, encore moins ne se sourit. Je suppose qu’échanger sans raison serait trop donner à de parfaits étranger. Rencontres fugaces et donc inutiles. Dommage. Je sors mon livre et tourne les pages sans vraiment les voir, aux aguets à chaque nom de station. Je ne voudrais pas me rater, finir en pleine course pommée dans les couloirs et attirer l’attention générale. Mieux vaut rester dans le moule.

L’interphone émet un grésillement, je monte au 1er et atterrit dans un appartement. Avec les praticiens un peu à part, cabinet et lieu de vie ne font souvent qu’un. D’un signe, il m’invite à m'asseoir à table et tandis qu’il va chercher un verre d’eau, je réceptionne son chat sur les genoux.

-Vous savez, c’est rare qu’il vienne vers les clients. Vous devez dégager quelque chose de particulier.

Le discours est rodé. Les “praticiens perchés”, j’en ai vu quelques-uns ces dernières années. Plus ou moins bon. Les rencontres ratées ne m’empêchent pas de recommencer, il y en a toujours pour me faire croire en la magie. Savant mélange de crédulité et de scepticisme.

Il retourne les cartes les unes après les autres.

-Vous admirez votre père, il met le respect au-dessus de toute autre valeur.

Il marque un point, j’attend la suite.

-Votre mère a tendance à être très pessimiste.

Faux. Personne au monde n’est plus joyeux et optimiste que cette femme. Elle n’a d’ailleurs jamais été capable d’aller au bout d’une engueulade sans éclater de rire. Bon courage pour rattraper ça. Sur la défensive, je croise les bras.

-Vous vous sentez enfermée, à une place qui n’est pas la votre.

Touché. Profil présumé de 90% de sa clientèle mais touché quand même. La boule dans ma gorge menace de céder.De ses paroles, il abat la façade enjouée et souriante et, pas loin derrière, trouve des fissures qui ont pris trop d’ampleur. Qu’il parle aux esprits, lise les astres ou fasse des offrandes au dieu pastafarien, une passoire sur la tête, devient accessoire.

Les larmes inondent mon visage. J’avais besoin de quelqu’un pour faire sauter le barrage et c’est lui.

-J’ai oublié comment rire vraiment… tout sonne faux.

Entre les reniflements et l’acharnement sur l’ongle de mon index, la litanie suit son cours.

-J’ai perdu une partie de moi. Je passe d’une piste à l’autre pour la retrouver et finit invariablement dans la même position, avachie dans un canapé. Quand j’y suis pas, je joue un rôle.

Imposteur ou non, cet homme gère la crise à la perfection et me répond avec douceur.

-Vous allez changer de vie, même si ça fait mal. Ne laissez personne vous accrocher dans une position qui ne vous convient pas. Réagissez avant de vous perdre complètement. Je vous vois bien ailleurs, très loin. En Australie pourquoi pas.

Un petit rire m’échappe. Je ne rêve que de temples maya, aztèques et autres depuis l’adolescence...alors l’Australie… Tout en caressant le chat, je reprends le contrôle sur ma respiration. Cette boule de poils lovée contre mon ventre m’apaise. Changer de vie… comme si c’était simple.En sortant de l’immeuble, le ciel paraît un peu plus bleu et mon corps un peu moins lourd. Je n’ai pas vu le temps passer dans cet appartement, j’aimerais simplement déambuler au hasard. Pourtant je dois me presser, revenir sur terre. Mon deuxième rendez-vous m’attend.

J’ai toujours aimé l’aéroport, théâtre de retrouvailles et séparations, de rêves et retours à la réalité. Pendant un temps je me réfugiais dans celui de Nantes, ville de mes études. Pour quitter mon monde, au moins dans ma tête. Et puis j’ai mis fin à cette pratique mais j’y retourne dès que possible, côté voyageur. C’est encore le cas aujourd’hui et pour une fois, je troque un embarquement avec mon chéri pour mes parents et mes sœurs. Le décollage est imminent, nous trépignons d’impatience.

-Et il t’a dit que t’irais en Australie alors? Julie, de 3 ans ma cadette, relance le sujet numérologue.

-Parmi d’autres choses oui. Que j’allais devoir faire des changements surtout.

Maeliss, la tête toujours sur le hublot, se joint à la conversation

- Tu comptes faire quoi?

-Aucune idée. S’il était à côté de la plaque, ça me toucherait pas autant. Mais j’ai pas vraiment envie d’y penser maintenant.

-T’en a parlé à Clément?

- Oui, en restant vague. Ça chamboulera pas notre vie demain après tout.

Notre conversation est coupée par le mouvement de l’avion. La vitesse nous cloue au dossier, nos oreilles se bouchent. Je reviens dans l’instant et souris, laissant au fond d’une poche mon rendez-vous du matin. On part en voyage, rien d’autre ne compte.

2

En l’espace d’une semaine, nous avons déjà bien sillonné l’île. Madère est un terrain de jeu. Tout est nouveauté : le goût des Pasteis de Nata, l’odeur de la terre humide , la couleur des fleurs de paradis et les sons chantant du portugais. Cet après-midi ne fait pas exception. Nous finissons la randonnée de Caldeirao Verde, méandre à l’intérieur des terres, perdu dans une forêt subtropicale. Nous rions de notre traversée d’un tunnel - étrangeté au milieu de la végétation - pliés en deux, armés d’une frontale en fin de vie. Nous sommes trempés, la boue colle aux semelles. Je me régale de cette folie sous la verdure. Nous trouvons un espace dégagé à l’instant où le soleil sort de sa cage nuageuse et nous installons dans l’herbe. Allongée, je profite de la pause mentale. Loin de la maison, la routine et les obligations, l’insouciance dénoue les nœuds dans les épaules. Mes angoisses n’ont pas posé le pied sur l’île, elles se sont faites refoulées à la douane. Contrairement à mon cœur qui, un peu palot d’avoir été remisé au placard si souvent, compte bien s’en donner à coeur joie : tongs au pied, bouquin sous le bras, lunettes de soleil sur les oreillettes. D’aussi loin que je me souvienne, c’est sa drogue. Dans un demi sommeil, les voix de mes sœurs s’effacent, l’esprit dérive. Je me laisse embarquer par les sensations du présent et plonge dans celles du passé.

1er arrêt: la maternelle, cette époque où le monde est fait pour les grands. En pleurs devant le portail, un cartable fraise à bout de micro-bras, je rechigne à entrer dans la cour. Simba m’attend en Afrique. D’un saut dans le temps, j’ai 10 ans, sortie d’avion, en tee shirt sur le tarmac. A la Réunion, les gouttes de pluie sont chaudes sur ma peau. On n’a pas ça à la maison, caliméro trouve ça trop injuste. 14 ans. Je saoule la gente parentale. La dordogne c’est naze, c’est le reste du monde qu’il faut explorer. 16 ans, échange scolaire avec l’allemagne. Je suis en LV2 espagnol mais saute sur une place vacante et en revient un diplôme de mime en poche. 19 ans, tout s'accélère, les envies grandissent avec le budget. Assise au centre de la plaza mayor à Madrid, sous la brûlure du soleil, je promets à mon futur moi qu’un jour, je vivrais ici. 22 ans, les passions se partagent. Avec Clément, on vit d'amour et de clopes, 1 mois de bohème à l’arrière d’un berlingo, de l’ile rousse à bonifacio. 24 ans. On a trouvé la vallée bénie de Petit Pied dans l’ouest américain. Je suis définitivement accro au voyage et au retour, le blues me plaque au sol. 25 ans. Sur un coup de tête, on traverse les Alpes slovène, on se perd mais on avance, on marche pour se sentir vivants. 26 ans une petite mamie thaïlandaise nous apprend le tai chi. Initiation improvisée gravée dans ma banque de données. Réveil du présent, retour dans l’herbe. A bientôt 27 ans, Madère rejoint la liste des moments forts de ma vie. L'après-midi se termine, il est temps de redescendre sur la côte. Sur le chemin, nous ne prévoyons pas plus loin que le restaurant de ce soir. La suite, on verra. Pas besoin d’aller chercher plus loin au paradis. J’aimerais que cela dure toujours.

Nous partons demain. Ou plutôt dans quelques heures. Ma boulimie littéraire m’a tendu un piège et j’ai entamé ce matin un pavé de 400 pages. Belle connerie. Je me frotte les yeux. C’est la lutte nocturne, les derniers mètres d’un marathon. Ne pas dormir, ne pas perdre ce temps que le sommeil nous vole, profiter des derniers moments sur l’île. La ligne d’arrivée pointe enfin à l’horizon. Satisfaite, je m’étire sous les draps, m’échappe du lit et ouvre la porte du balcon. Au grand dam de mes pauvres poumons, clopes et briquet sont déjà au sol. Assise en tailleur, une roulée à la main, je prends une dernière photo mentale. La ruelle pavée s'enfonçant dans l’obscurité. Le bruit des vagues, seul indice du quai en contrebas. La fraîcheur du carrelage. Les volutes gris s’échappant de ma roulée. S’échapper... Combien de fois ce mot a pris forme dans mon esprit ces derniers mois ? Combien de fois a-t-il tenté de se matérialiser et de me faire sauter dans le premier avion pour vivre des instants comme celui-ci ? Sans au revoir, sans explication. Juste fuir. Céder enfin à l’urgence qui me bouffe de l’intérieur depuis 2 ans, telle une plante invasive s’insinuant dans la moindre faille. Elle qui s’est nourrie de mes peurs, a débordé sur mes certitudes, recouvert d’ombre mes joies. Les paroles du numérologue me reviennent. “Réagissez avant de vous perdre complètement”.

Les yeux fermés, j’observe pour la nième fois l’avenir que je me trace. Rester en France, décider que je suis faite pour cette vie, cette relation amoureuse, ce nouveau métier de réflexologue qui, certes, me passionne bien plus que celui d’infirmière. Avec un agriculteur pour compagnon, on peut déjà cocher la case jardin de la liste “vie normale”. Prochain point: surement le chien. Un gros, tout poilu. Tout semble s’accorder. Et pourtant, je vois l’histoire se dérouler, en pressent l’issue. Goutte après goutte, la corrosion va bouffer l’image. Le jardin perdra sa couleur, j’en voudrais au chien, pour ne pas blâmer l’agriculteur, pour ne pas me regarder dans le miroir. Parce que oui, j’aurais choisi cette voie mais dans un déni évident, toutes les fautes seront rejetées sur les autres. "Vous allez changer de vie, même si ça fait mal.” Et s’il avait raison ? Après tout, histoire numéro 1 ne termine pas en happily ever after. Je me relève et cherche des yeux la mer en contrebas, pressée par un besoin de m’appuyer sur l’horizon. Et si j’optais pour le point d’interrogation ? En gros, en gras, souligné, multiplié par 10 sur la page pour plus d’emphase. L’inconnu total, l’incertitude sur l'entièreté des chapitres. Un chemin ouvert à tous les possibles, celui conduisant aux rêves d’enfant. Un chemin sacrément terrifiant mais en même temps si tentant. J’écrase mon mégot. Le point de non retour est atteint.

A l’intérieur, le tremblement de terre. J’accueille un élan d'égoïsme pur. Le regard tourné vers les étoiles, je lance un immense “Merci”. A qui, a quoi, je m’en fiche. Je lâche tout. Je pars.

3

Aucune épiphanie sans conséquences. Je suis de retour au pays et pour le quitter, le plus dur m’attend. Les bercements du train me ramenant chez moi n’apaisent pas mon esprit torturé, bloqué depuis une éternité devant un message que je ne peux envoyer. Le “je t’aime” est bancal, le “à dans une heure” sonne comme un glas. Même à l’écrit les mots me trahissent. Je repense encore une fois au numérologue.Il est bien gentil avec ses grandes vérités et son tarot mais si son service après vente pouvait comprendre l’annonce des mauvaises nouvelles, ça m’arrangerait. Qui briserait sciemment le cœur de celui qu’il aime? L’assaut de doutes revient en force. Je voudrais que tout disparaisse. Je tuerais pour être un ours. Un coin pour dormir, deux trois baies fermentées et basta, 0 cas de conscience. Je me résous à mobiliser la cellule de crise, je n’y arriverais pas seule. Les contacts défilent: meilleure amie, sœurs, copains d’enfance, cousines...J’envisage toutes les oreilles potentiellement prêtes à recevoir mes indécisions et autres joyeusetés. M’extirpant de mon siège, je m’éloigne vers un wagon vide. Mon choix s’arrête enfin, je suis prête pour la dernière confession du condamné, en quête désespérée de réponse, si ce n’est carrément d’absolution.

-Nico...j’ai besoin d’aide. Je suis perdue. J’ai peur de blesser, j’ai peur de partir, j’ai peur de me tromper. Je suis un monstre égoïste et sans cœur, la tueuse d’histoires d’amours.

Emprunt de tact, mon cousin n'hésite pas à m’engueuler.

-Il va se calmer le mini Godzilla des coeurs ? C’est bon t’as fini ? Tu te rends bien compte qu’en une seule phrase tu m’as calé trois fois “j’ai peur”? C’est comme ça que tu veux vivre? Flippée d’assumer tes besoins, au service de ceux des autres, les rêves effrités dans tes joints?

-...

J’en prends pour mon grade avec minutie. Il reprend avec plus de douceur.

-Fanny, de tous tes contacts, tu choisis d’appeler au secours celui qui a tout quitté pour changer de vie à l’autre bout du monde, celui qui va forcément te dire de faire la même chose. T’as aucune envie qu’on te dise de rester parce que t’as aucune envie de le faire. Pour une fois fais toi confiance, écoute toi.

Il a raison. Et pourtant…l’élan d’énergie ressenti quelques jours plus tôt me semble bien loin, la mission impossible. Je regarde l’heure, avec l’impression d’avoir devant moi non plus des chiffres indiquant juste le temps, mais plutôt un compte à rebours funeste. Je ne survivrai jamais à l’étape qui m’attend…

Jamais un trajet en train ne m’a paru si rapide. Maintenant dans la voiture, prétextant la fatigue, je reste silencieuse. A la dérobé j’observe Clément, ni absorbé par la route, ni par la musique. Il sait. Bien sûr qu’il sait, on a toujours été connecté. Depuis le début, c'est notre force. Ma gorge se serre, la nostalgie explose. Cette saloperie fait tout pour que ma résolution vacille et m'entraîne 5 années plus tôt. Les rues de Nantes sont agitées d’une effervescence étudiante. Je ne partage pas l’allégresse générale, ma soirée a été catastrophique. Le khôl coulant, je prends ce qui me semble être la plus grande résolution de ma vie. J’arrête de sauter d’une relation à l’autre. J’arrête le nous. Je dois prendre le temps d’être seule. Mettre ma dépendance semi-maladive de côté. Quand le tramway arrive, je choisis un des sièges les plus isolés. En face, un type lutte contre le sommeil et pour la première fois depuis des heures, je souris. Un bonsoir gêné et quelques banalités plus tard il descend à mon arrêt et, installés sur un banc, nous discutons toute la nuit. Ce “type du tram” je l’aime bien. La grande résolution part à la poubelle. Avec lui, je ne m’écrase plus, je grandis. Combien de soirées à réécrire le monde, nus dans le lit, allongés en travers, un vieux rock en fond sonore? On s’invente un futur dans lequel le voyage prend toute la place. Chacun ses projets mais une avancée parallèle. 5 ans de pur bonheur. Aujourd’hui un gouffre sépare nos rêves. L’immobilité contre le nomadisme, comment pourrions nous creuser un trou plus grand? Sans compter que cette nana dans le tram qui voulait se découvrir seule avait raison. Elle se trompait seulement de date. Ce saut dans l’inconnu, sans qu’on lui tienne la main, elle a besoin de le faire maintenant. Le fil de mes pensées se coupe brusquement. Nous sommes garés devant la maison, les portes de la voiture claquent. Finies les réminiscences. Je tremble presque et diffuse dès l’entrée mon mal être dans la pièce: fuite des regards, distance des corps. Les secondes sont lourdes. Dans le regard de Clément la question est claire. Je ne peux plus reculer, une petite voix logée dans mon cœur ne me laissera pas faire.

4

La gente parentale me voit rentrer au nid, comme souvent équipée de mon seul sac à dos. L’essentiel de mes affaires patiente dans le sud, dans des cartons. Autour du goûter, repas le plus sacré de la journée, je leur fais part de mon idée d’un départ à taton. J’ai beau avoir entamé un virage à 180 degrés, je n’ai pas les balls pour commencer ma grande épopée à l’autre bout du monde. L’apprentie aventurière que je suis veut y aller pas à pas. Courageuse mais pas téméraire. Après tout, je n’ai jamais voyagé seule. Encore plus flagrant, je n’ai jamais su être seule, on ne me l’a pas appris. Mes cousins sont mes frères et sœurs et dans les parties de cache-cache chez la grand-mère, on trouvait toujours Bonheur et Joie mais on oubliait souvent Individualité. Du resto au ciné en passant par mon salon, il me faut un accompagnateur et dans le dictionnaire, je colle au train de “dépendance affective”. Avant le grand saut, il me faut donc un crash test. En cas d’échec, peu d’options demeurent. Plan B, aller vivre avec les ours. Plan C, jeter le plan B à la poubelle pour incompatibilités diverses et me faire à l’idée qu’aucun retour en arrière n'est possible.

Pour un test d’un mois, je choisis donc l’Europe ; terrain plus ou moins connu, où tout est “proche” de la maison. Les parents sont rassurés, mon père peut remettre sa crise cardiaque à plus tard. J’installe mon QG: tisane fumante, papier crayon et ordinateur. Les mains au-dessus du clavier, je bloque un instant. Quand toutes les voies sont ouvertes, la liberté en devient presque un frein. Où aller ? Je repense à la page de couv’ d’un magazine. Une nana s’occupait de bébés kangourous. L’article vantait un site internet reliant Hôtes du monde entier et pauvres âmes en quête de sens, d’occupation ou d’économies. Logement et nourriture en échange de services divers, une expérience mêlant découverte et endroit safe où poser ses bagages. Le compromis idéal. Je passe des heures devant l’ordinateur, les yeux rivés sur l’infinité d’offres. Tout passe au crible, de l’Italie à la Norvège. Je me vois déjà fermière en Autriche, barman en Roumanie, Musher dans le froid Lapon. Le champ des possibles fait rêver et le coup de cœur ne tarde pas.

-J’ai trouvé!

Mes parents me rejoignent tous deux devant l’annonce. “Recherche masseuse pour la clientèle d’un hôtel en échange de session de parapente”. Focalisé sur l’écran, mon père semble tenté d'enclencher le plan crise cardiaque, voire l’agrémenter d’une récidive de cancer.

-Un type qui veut une masseuse...t’es sure de ce site?

Ma mère, un peu plus confiante, fixe son attention ailleurs.

-C’est où la Macédoine?

Un tour sur google map plus tard, mes lacunes géographiques confirmées puis corrigées, le choix est acté. Je sens la pression monter. Dans un mois, je pars.

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