chapitre 8

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Le bal des Hamilton était l’évènement mondain auquel chaque famille de la région se devait d’assister. Pendant plus d’une heure, Hope avait accueilli les invités avec sa belle-mère. Elle n’avait pas retenu le nom de la moitié des convives et elle s’en moquait. Elle avait des crampes à la mâchoire à force de sourire. Son visage rougi par le soleil lui faisait mal et elle regrettait presque de ne pas l’avoir mieux protégé.

Presque, car, il lui avait procuré un instant de félicité totale quand elle avait vu l’air horrifié de sa belle-mère devant ses innombrables taches de rousseur.

Inconscient de ce qui se jouait, Stuart l’avait complimentée ; il lui avait dit qu’il la trouvait magnifique et sa mère avait dû se mordre la langue pour garder pour elle ses remarques désobligeantes. Hope n’avait pu s’empêcher de lui lancer un regard triomphant. Une véritable déclaration de guerre.

Il la prit par la main et l’entraina loin de sa mère pour danser.

Après plusieurs quadrilles, Hope supplia son mari de la laisser souffler. Stuart était un excellent danseur et il pouvait se montrer infatigable lorsqu’il s’agissait de prendre du bon temps. Il lui proposa d’aller lui chercher un rafraichissement et demanda à Louisa D’Abbeville, une de ses cousines, de tenir compagnie à son épouse.

Hope avait déjà rencontré Louisa à plusieurs reprises à Savannah et n’avait que peu d’affinités avec elle. Elle la trouvait terriblement prétentieuse et sotte. Mais n’ayant guère le choix, elle se joignit à elle et son groupe d’amies.

L’une d’elle, une petite brune avec un museau de souris, la prit à partie :

- Vous avez épousé le célibataire le plus convoité de Géorgie ! dit-elle d’un ton moqueur.

- N’avez-vous pas d’hommes en Angleterre et que vous ayez besoin de voler les nôtres ? ajouta une grande blonde aux yeux globuleux

- Nous ne sommes plus vos colons. reprit la première en éclatant de rire, très fière de sa plaisanterie.

Toutes se mirent à rire de concert. Hope les dévisagea avec mépris les unes après les autres. Louisa eut le bon goût de paraitre gênée par les remarques de ses amies, mais Hope n’était pas dupe. Elle avait le sentiment d’être entourée d’une bande de hyènes. Elle prit son temps et répondit d’une voix mielleuse :

- Je pense que vous prenez le problème à l’envers, très chère. C’est parce qu’aucune femme n’était à son goût ici qu’il a dû traverser l’océan pour venir me chercher !

Elles se décomposèrent, mais n’eurent pas le temps de répondre que des murmures secouèrent l’assistance et attirèrent leur attention.

Une femme venait de faire son entrée dans la salle de bal. Une femme d’une très grande beauté. Elle était grande avec de magnifiques cheveux noirs qui coiffés en chignon dégageait un visage de porcelaine. Elle avait de longs et épais cils qui mettaient en valeurs des yeux myosotis. Elle était belle et le savait, elle dégageait une forte assurance. Elle était accompagnée d’un petit homme qui avait l’âge de son père, mais qui ne l’était pas vue le bras possessif qu’il avait placé autour de sa taille.

Toute l’assemble n’avait de yeux que pour elle. Malgré elle, Hope se sentit impressionnée par l’inconnue.

- Pas de femme à son goût ? En êtes-vous si sûre ? Regardez-le ! lui susurra sournoisement Louisa au creux de l’oreille.

Interloquée, Hope chercha son mari du regard. Il était immobile à quelques pas d’elle. Il semblait figé, comme hypnotisé par la nouvelle venue. Tout son être était tendu et son visage était métamorphosé. Il brûlait de désir pour cette femme qu’il dévorait du regard.

Hope ne sut comment réagir, elle était sous le choc. Jamais, elle n’avait vu Stuart comme ça, même dans les moments les plus intimes qu’ils avaient partagés. Un mélange de colère et de chagrin bouillonnait en elle. Elle se sentait trahie et bafouée. Les ricanements moqueurs des hyènes lui portèrent le coup de grâce.

Ce fut son beau-frère, Harry, qui vint à sa rescousse. Il surgit derrière elle, pour lui proposer de l’accompagner pour la prochaine valse. Sa femme était montée s’occuper de leur petite Helen et il avait désespérément besoin d’une partenaire de danse.

Hope se reprit et accepta avec joie. Elle aurait même dansé avec Lucifer en personne s’il lui avait permis de s’éloigner de Louisa et de ses amis et de plus voir son époux convoiter la femme d’un autre.

Ils commencèrent à danser et Hope ne put retenir une larme qui coula lentement le long de sa joue. Harry resserra son étreinte pour lui assurer de sa compassion. Ils n’avaient pas échangé une parole. Il respectait son silence. Elle devait digérer la scène qui venait de se passer. Finalement, elle demanda :

- Qui est-elle ?

- Ashley Munroe Hollister, une amie d’enfance. répondit-il.

- Une amie ? s’étrangla t’elle Qui pensez-vous duper ? ajouta’ t’elle plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu.

- Ils étaient amoureux. concéda t’il. Mais Ashley était trop ambitieuse pour épouser un cadet. Stuart est parti étudier en Angleterre quand elle s’est mariée avec un riche industriel venu du Nord.

Hope ferma les yeux pour refouler ses pleurs. Son monde s’écroulait. Elle n’était qu’un second choix pour Stuart.

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