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Dans les coulisses sombres et bondées de comédiens, le stress monte d'un cran quand les applaudissements du public parviennent à mes oreilles. Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel tout en faisant les cent pas dans ma loge. Mon texte en main que je connais par cœur, je répète encore et encore. Mon reflet dans le grand miroir n'est pas le mien, non, je ne le reconnais pas, mais j'essaye de faire abstraction. Je suis sur le point de montrer à ces trois jurés qui je suis et ce que je vaux vraiment.

Qui suis-je aujourd'hui ? Je suis Laïana Sullivan.

***

On frappe à la porte, c'est le moment. Je prends un grand bol d'air et laisser échapper, un peu de travers :

  • Entrez...

Ce n'est personne d'autre que mon fidèle assistant et avant tout meilleur ami Owen. Vêtu d'une parfaite élégance pour l'occasion, cheveux en arrière, il me fait son plus beau sourire en entrant dans ma loge.

  • Hey ! Ça va ? Pas trop stressé ? Me dit-il d'une voix enjouée.

Je suis presque jalouse de sa bonne humeur ! Je lui réponds en haussant les épaules, car aucun son ne souhaite franchir la barrière qui est mes lèvres.

  • Oh toi ça ne va pas. Raconte-moi.
  • C'est rien Owen, je ne suis pas à l'aise et en même temps, j'ai envie de prouver que je peux au moins faire ça. Et si je n'y arrive pas ? Si je rate tout ? Que ferais-je d'autre ?
  • Laï, tu sais qui tu es et ce que tu vaux, aujourd'hui tu vas tout laisser de mauvais dans cette loge et donner le meilleur de toi sur cette scène. Ne pense plus à rien, tu connais ton texte, tu es superbe et je sais que tu vas tuer de jalousie plus d'une là-derrière !
  • J'ai un mauvais pressentiment...

Il me fixe, ce regard de confusion total, il doit me prendre pour une folle, j'en suis certaine. Tout à coup, il s'approche de moi, son regard est plus doux et son sourire creuse deux belles fauchettes, ces mains sur le long de mes bras raide, il approche son visage du mien et fait rencontrer nos fronts, puis me murmure :

  • Elles ne reviendront pas... Elles ne reviendront pas...
  • J'aimerais tellement te croire Owen... Le coupais-je d'une voix à peine audible.

Soudain, on frappe à la porte et Owen s'écarte rapidement de moi, me laissant, debout au centre de la loge. Karla entre en appuyant sur son oreillette :

  • Oui... OK ! Bien reçu ! Dit-elle en nous regardant, tour à tour avant de rompre le silence, Laïana, tu es prête ? C'est à toi dans cinq minutes, finit-elle par dire sèchement.

Prétentieuse et narcissique, Karla est le genre de femme avec qui on ne souhaite pas être ami, elle est aussi la petite amie d'Owen. Pour elle, je suis l'ennemi public numéro un, mais ce qu'elle a du mal à insérer dans sa petite tête, c'est que son chéri est avant tout mon meilleur ami depuis plus de dix-huit ans. Elle se retourne d'un geste assurer en laissant la porte ouverte sur le couloir les coulisses plein à craquer. Owen s'empresse de la fermer avant de se poster devant moi.

  • Ne fais pas attention à elle...
  • Hmm...

Je me retrouve, face au miroir qui renvoie encore le reflet de cette femme, sans aucune adéquation avec celle que je suis, que je crois être ? Non, que je suis. Et puis merde, je ne sais pas. J'ai l'impression de me perdre petit à petit. De perdre le fil de ma vie. Je ne comprends pas ce qui m'arrive, mes mains tremblent, de la sueur perle sur mon front. Le souffle court, je me concentre, mais impossible. Mes oreilles jouent une symphonie de sifflement incessant. De mes mains, je me retiens pour ne pas vaciller. Tout à coup, Owen me retourne et me secoue assez fort pour me ramener à l'instant présent. Son regard rivé aux miens, je suis captivé par le bleu de ces yeux, impossible de détourner le regard.

  • Elles ne reviendront pas, me chuchote-t-il à l'oreille.

J'acquisse de la tête et me dirige d'un pas décidé vers la scène où mon tour est attendu.

Elles ne reviendront pas.

La phrase d'Owen résonne dans ma tête. Elle repasse en boucle dans mes pensées puis le rideau s'ouvre. Stupéfaite de constater, que je ne stresse pas, mon rythme cardiaque est stable, mes mains ne tremblent pas et je m'élance avec facilité au centre de la scène où m'a place est. Une phrase incontrôlable sort subitement de ma bouche, d'une voix à peine audible, la tête baissée :

  • Je suis là...

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