La chanson des rails.

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La chanson des rails.

Et voila, j'étais dans le train. Enfin.

Il me faudrait bien du temps pour arriver à destination. Je pris place dans le compartiment. Siège trois places, face à face. Skaï usé en bleu foncé. La valise mise en haut de nos têtes, je m'assis dans le sens de la marche. Le train partait de Bruxelles Midi vers Amsterdam avec un changement à Roosendael, direction Vlissingen ou Flessingue en Zélande. Le sifflet du Chef de gare émit le signal du départ. C'était le premier son vers la liberté. La locomotive se mit en route lentemement direction vers le Nord de Bruxelles. Crissement des aiguillages, changement de voie. le corps est secoué de gauche à droite. C'est la même chanson entre les arrêts obligatoires Gare Centrale et Gare du Nord.

Au-delà il n'a pas encore pris sa vitesse de croisière. J'entendrai encore les mêmes refrains de changements de voies. Cette gare du Nord est longue. J'en vis d'autres plus petites et connues passer sous mes yeux et pouvais encore en lire les noms. Petit à petit les immeubles de la ville s'effacèrent pour laisser place de part et d'autre à de la verdure. Je vis encore quelques panneaux de signalisations spécifiques à la SNCB (Société Nationales des Chemins de fer Belges).

Les wagons tractés par le mastodonte de fer entamèrent leur voyage. A chaque section de rail, le bruit caractéristique se fit entendre. Je l'aimais ce son, il était synonyme d'une chanson de départ vers d'autres horizons, de possibles surprises, de promesses que mon cœur espérait, comme tout premier déplacement vers l'inconnu.
Le train avait pris son rythme de croisière, cent vingt kilomètres heure. Comme en voiture, sauf que je me laissai bercer par les sons des rails, les odeurs de l'été respirées par une fenêtre légèrement abaissée.

A l'entrée d'un tunnel, les oreilles se bouchaient. Dans le wagon plongé dans le noir, je me remémorais tous les crimes lus dans les livres d'Agatha Christie. Même pas peur, juste un léger frisson.
Le soleil jouait avec les arbres et se trouvait de mon côté. Pour l'éviter, je fermai les yeux et m'abandonnai à ce rythme des intersections de rails qui fournissait à mon imagination une forme de musique sortie d'un autre monde. il y avait deux répétitions successives, un temps plus lisse, long, ensuite renouvellement de ce double rythme. Étrangement, cette musique était apaisante. et je finis par somnoler, les rayons de l'astre voulant s'infiltrer entre mes cils et réveiller mes yeux soi-disant endormis. Ils ajoutaient des sons et lumières à cette musique.

Roosendael changement de train, petite attente de vingt minutes en attendant le direct Amsterdam-Vlissingen. En avant pour le même scénario. Les wagons Néerlandais étaient entièrement bleus reconnaissables entre mille. Y entrer c'était déjà se trouver aux Pays-Bas.
Autour de moi cette belle langue chantait, typique de par ses nombreuses expressions idiomatiques.
La vitesse ne changeait guère. Le train la prenait rapidement. Moins d'arbres. Cela sentait déjà l'air iodé. Par beau temps comme ce jour là, la clarté devenait plus vive. Sur certains tronçons de chaque côté la mer ou bien l'Estuaire de l'Escaut. Tous les grands pétroliers et navires de transports de marchandises à gros tonnages se dirigeaient vers le port d'Anvers ou Antwerpen.

De ma fenêtre, je ne pouvais pas voir ce trafic. C'était heureux. J'observais les villages et maisons typiques de cette region. Certaines personnes âgées à vélo portaient le costume traditionnel de l'endroit.
Le train décélérait légèrement. Le glissement sur les rails, les légers coups de freins ajoutaient à sa musique, celle qui allait débuter dans mon cœur. Je regardai ma montre, bientôt il ne pourrait plus aller plus loin. Face à la locomotive, les quais, l'eau. Terminus, tout le monde descend.

C'est alors qu'une autre musique s'empara de mon impatience et des battements accélérés dans ma poitrine.
Bonne dernière comme d'habitude, je descendis et le cherchai partout des yeux. Celui que j'aimais.

Je portais mon bagage et avançais d'un pas vif. C'est alors que je le vis au bout du quai, le sourire aux lèvres, ses cheveux blonds bouclés. Je le trouvai beau.
Face à lui. je mis mes bras autour de son cou et l'embrassai avec passion. Quelque peu gêné d'autant de démonstration il s'enquit de mon voyage.

Une autre symphonie débutait à bicyclette, direction la maison où je n'allais vivre que des moments heureux. J'avais trente ans.

23-08-2020.

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