« Bonjour Laura.

Je suis désolée de ne pas être venue avant, mais je n’en avais pas le courage.

C’est parti, je pleure ! J’ai prévu le coup, j’ai amené une dizaine de paquets de mouchoirs.

Si je suis venue maintenant, ce n’est pas un hasard. Le verdict est tombé. Je n’ai pas ouvert la bouche depuis. D’ailleurs, j’ai fortement inquiété Rémi. Je le comprends. J’ai enfin ce que j’attends depuis des mois, et tout ce que je fais, c’est resté muette !

Mes prochains mots, c’est à toi que je veux les prononcer.

Laura, ces deux dernières années ont été un cauchemar. Je t’en ai voulu de m’avoir laissée seule dans cette galère. Autant que j’ai culpabilisé de ton suicide. Et puis, j’ai rencontré les Amazones et tout à changer. Elles ont été parfaites. Je ne sais pas où j’en serais sans elles.

Manie a une baisse de forme depuis quelque temps. Viviane lui manque. D’ailleurs, si tu pouvais l’embrasser de notre part…

Enfin. Juliette est très présente et la petite merdeuse de Sarah aussi. Elle ne change pas celle-ci ! Non ! Ce n’est pas tout à fait vrai. Elle a mûri et elle travaille dur son concours d’entrée en formation. Entre nous, je ne me fais pas de soucis. Elle a les ressources nécessaires en elle et les personnes qu’elle accompagnera auront de la chance.

Christelle quitte le Domaine. Elle s’installe avec Franck à trente kilomètres de Pau. J’ai peiné à consoler Hélène quand elle me l’a annoncée. Elle s’en remettra. Avec Pierre, c’est une vraie chieuse. Elle est constamment en train de le tester. Je ne sais pas comment il tient, le pauvre ! Ce qui est sûr, c’est qu’elle est toujours très active dans le collectif féministe. Elle a remis sur le tapis le changement de nom et a proposé la Sororité du Béarn à la place du Domaine des Amazones. Ça sonne bien à l’oreille ! Elle a l’appui de Catherine, la nouvelle colocataire. Je suis à fond avec elles ! Les Amazones, c’est vraiment cliché ! Il est temps de dépoussiérer tout ça.

Bref. Sinon de mon côté, je suis prête à me lancer dans le milieu professionnel. Et sentimental aussi. Je reprends doucement une vie normale. Maintenant que je suis libérée de ce fardeau, je peux recommencer à vivre pleinement.

J’aurais adoré que tu ressentes ce que je te décris.

Laura, on a réussi ! On nous a pris au sérieux. On a été entendues. Céline s’est décidée, et elle a porté plainte pour les mêmes faits que toi. A l’heure où je te parle, Mister V dort en prison. Et pour longtemps.

On nous a rendu justice. A nous et à Céline. J’espère que tu es satisfaite.

Adieu Laura.

Sois en paix ».

FIN