Où les terroristes terrorisent

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Nous retrouvons Nadège devant les Halles. Malgré ses douze heures de shift la nuit précédente et les quelques heures seulement de repos aujourd’hui, elle a l’air fraîche et pimpante. Elle est aussi en tenue de festayre mais avec une petite variation : le t-shirt est rouge et vante les infirmières de l’hôpital de Dax. Probablement fait spécialement pour l’occasion. Nous allons boire un coup et discutons de tout et de rien. Mais je vois bien qu’Eric n’est pas avec nous. Je le surprends à regarder autour de nous, comme s’il était à l’affut ou à la recherche de quelque chose… ou de quelqu’un. Nadège qui est une fille maligne s’en est aussi rendu compte et me lance un regard interrogateur.

« On est passé au commissariat tout à l’heure, dis-je. Il y a eu un meurtre hier et ça démange Eric de s’en occuper, même s’il est officiellement en vacances. »

Eric me regarde d’un air d’abord outré, puis ensuite penaud. C’était vrai. Il ne pouvait mentir ni à son mentor ni surtout à la femme de sa vie.

« Alors, qu’est-ce vous faites encore ici ?, réplique Nadège. Allez-vous en occuper ! Je vais passer voir ma cousine au Chevalier. Essayez de rentrer en un seul morceau ! »

Eric est fou de joie et de reconnaissance ! Il se jette sur sa femme et l’embrasse fort. Puis elle s’éloigne.

 

« On fait quoi alors ?, demandais-je.

- On fait comme tout bon flic : on parcourt les rues et on se renseigne. On va retrouver les Tarbelli ! »

Nous nous mettons en route : sobres et déterminés.

 

Nous sillonnons la ville pendant des heures, interrogeant tout le monde sur notre chemin. Eric est un local donc il connaît beaucoup de monde. Et quand je dis beaucoup, c’est BEAUCOUP ! Malheureusement, nos résultats sont très faibles : peu de personnes pensent se souvenir d’avoir vu des gens avec des t-shirts de la Peña Tarbelle et leur témoignage n’est pas fiable étant donné leur état d’ébriété. Il est environ 18h et nous sommes assis sur une borne près du supermarché Leclerc. Bredouille est un bon mot qui pourrait nous qualifier en ce moment. Eric est découragé.

« Ne t’inquiète pas, p’tit, lui dis-je pour le rassurer. La nuit est jeune et on va bien finir par les trouver. »

Mais à peine ma phrase finie, nous entendons des bruits de bagarre sur le parking. Comme un seul homme, nous nous élançons.

Une centaine de mètres plus loin, nous trouvons deux hommes habillés tout en noir en prise avec trois festayres. Ceux-ci portent un t-shirt avec écrit sur le dos : « Ni Manso Ni Afeitado ». Ce sont les Tarbelli ! Eric et moi nous lançons dans la mêlée. A notre arrivée, l’un des hommes en noir commence à courir. Les trois Tarbelli se lancent à sa poursuite. Eric, quant à lui, est aux mains avec l’autre homme en noir. Mais celui-ci avait sorti un couteau papillon et Eric était désavantagé. Je n’hésite que quelques secondes et au lieu de me lancer à la suite des festayres, j’aide le p’tit. Notre adversaire sait se battre et est bien entraîné. Je peux rapidement me rendre compte que c’est un militaire de quelque sorte. Eric et moi avons travaillé des années ensemble et on est parfaitement coordonné. Malgré le talent adverse, on prend rapidement l’avantage. Mais mon état de fatigue me fait faire des erreurs. L’homme m’entaille le bras avec son papillon. Eric se jette alors sur moi pour m’écarter et du coup suivant et notre assaillant en profite pour s’enfuir en courant.

« Comment ça va, Marcel ?, me demande Eric soucieux et transpirant.

- J’ai la couenne dure, ne t’en fais pas. Rattrapons cet enfoiré pour en finir avec lui. »

Nous nous élançons à sa poursuite.

 

L’adrénaline est vraiment quelque chose d’extraordinaire ! Elle nous fait faire des choses presque surhumaines. Prenez mon cas maintenant : j’ai fait la fête toute la nuit dernière, j’ai bu bien plus que de raison, je n’ai dormi que trois heures à peine, j’ai encore plus bu, couru dos à des taureaux, sillonné la ville plusieurs heures et me suis battu et pourtant, me voilà encore à courir comme un dératé. Et tout cela grâce à l’adrénaline ! Sauf que cette fois-ci, je ne cours pas pour ma vie mais pour celle d’un autre, ce pauvre homme qui vient de se faire tuer. Et j’ai l’impression que des ailes m’ont poussé !

Eric et moi courrons à travers les rues de Dax. Comme nous sommes un peu en périphérie du centre-ville, il y a moins de monde donc il est plus facile d’avancer. Notre homme en noir se dirige vers les arènes puis traverse le pont. Nous le talonnons. Arrivé au bout, il tourne dans une ruelle à droite, où nous nous engageons sans précaution. Grosse erreur ! Nous nous retrouvons face aux deux autres hommes en noir, l’un d’eux tenant un pistolet. Pas le temps de réfléchir, je me jette sur le côté. Mais Eric n’est pas assez rapide et la balle le percute en plein dans la poitrine. Il s’écroule. Je me précipite pour le retenir.

Les hommes en noir s’avancent vers moi, sans rien dire, mais avec le flingue toujours braqué sur moi. L'un d'eux me fait signe de ramasser mon ami et de le suivre. Je m’exécute.  

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