Delirium très mince.
"J'ai grossi, non ?" me dit Laura. Aïe, je sens le piège ingrat gras ! Je n'entre pas dans son jeu d'ange heureux. Comme un "tiens" vaut mieux que deux "tues Laura !", je réponds :
- Tiens, tu crois ? Je ne trouve pas, tu digresses...
- Oui, je dis graisse ! Là, là et là et là...
Elle me montre au moins dix graisses. Elle poursuit son analyse :
- Et puis j'ai pris des fesses, regarde !
"A qui ?" suis-je tenté de répondre. Elle ne lâchera pas l'affaire, je m'affaisse devant les siennes. Je ne veux pas faire de vagues, je réponds pacifique au séant et je tente de changer de thème :
- Je t'aime !
- Ne change pas sujet ! Tu dis ça parce que tu considère que j'ai de grosses fesses !
Je reste comme un con, sidéré. C'est qu'elle est perspicace dans sa réponse amère qui casse. Elle passe à autre chose :
- Et puis mes cheveux c'est n'importe quoi ! Je devrais me refaire une raie, comme avant.
Je dois trouver la bonne répartie. L'échange n'est pas festif. Elle me cherche des poux. Je sens qu'on frise l'affront. Pour m'en sortir, je tente de la coiffer au poteau :
- Ma belle, quand bien même tu aurais grossi, ça me fera toujours ça de plus à aimer...
- Rhooooo, t'es trop chou !... Et mes seins, comment tu les trouves ?
- Pour être sincère, beaux et à tâtons.
- Je t'aime.
Annotations
Versions