Repty, pilote et homme d'affaires

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Le casque de Repty luisait sous le bain de soleil qui inondait la plate-forme. L’homme-iguane le retira pour offrir sa peau verte à cette chaleur toujours bienvenue, tandis que son équipe de mécanos s’affairait à réviser un engin de course aux allures démoniaques.


La navette avait connu dès sa fabrication des courbes sportives agressives, mais ses propriétaires successifs l’avaient régulièrement agrémentée de motifs guerriers, de pin-ups old school, d’inutiles mais effrayantes piques de métal et d’autres décorations destinées à en faire l’idole du public. A chaque fois, le retour financier n’était pas tout à fait à la hauteur de leurs espérances, mais il faut bien admettre que ces gars-là ne savaient pas ce qu’ils faisaient. C’était leur capacité de pilotage qui faisait toujours défaut, pas la machine. Avec Repty, ce serait différent. Issu d’une souche d’humains génétiquement modifiés, il pouvait faire appel, dans de bonnes conditions de température et d’humidité, à des réflexes aussi vifs que précis.


En ce milieu de XXIVème siècle, cette souche était déjà centenaire. C’était bien peu de temps à côté de la longévité le l’homo sapiens, mais c’était une étape importante pour une nouvelle espèce créée artificiellement. On avait fortement critiqué cette création en son temps, jugeant qu’elle n’apporterait aucun avantage pour la colonisation de nouvelles planètes et qu’elle ne ferait que compliquer le travail des services de santé et engendrer de nouvelles discriminations. Mais le laboratoire Sensya croyait fermement en son invention, et ne dévia pas. L’avenir lui donna en quelque sorte raison, bien que pour des motifs différents de ceux invoqués tout d’abord. Les homo iguana ne furent pas recrutés en grand nombre dans les expéditions colonisatrices, mais devinrent une ressource semi-humaine de premier choix pour l’industrie du spectacle, et plus particulièrement en ce qui concerne le sport.


Bien sûr, Repty n’était qu’un pseudonyme. Le nombre de coureurs étant très limité, être le seul homme-iguane dans le tas ne pouvait qu’aboutir à l’apparition de ce genre de sobriquet. Cela ne dérangeait en rien Joan Deinde, qui ne s’intéressait qu’aux sommes d’argent déversées semaine après semaine sur son compte en banque. Bien avant le début de la course, chaque étape de la préparation, de la sélection des coureurs aux derniers réglages des machines, était habilement médiatisée et rentabilisée.


Repty volerait avec deux humains. Oui, de simples homo sapiens à peine modifiés, mais de bons techniciens capables de régler la plupart des pépins pouvant survenir en vol.

Repty volerait avec un robot. Oui, un simple petit assistant de navigation vieux de trois générations, mais là résidait l’une des règles principales de la course : tout recours à une néo-intelligence pour ordinateur de bord était interdit. C’est dans cette règle que résidait l’essentiel du risque, l’essence du sport.


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