Chapitre 15

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A la mi-nuit, la jeune femme enfila ses vêtements à même la peau mouillée. Les gouttes s’incrustaient dans le cuir, trempaient sa tunique qui s’assombrissant moulait ses formes. Tâches de Myosotis, endormi le museau sous la queue, reposait au milieu d’un cimetière d’os. Kita reconnut les fines arrêtes, la rigidité des vertèbres et les os de ses nageoires. Elle le prit délicatement dans ses mains, le pressa contre sa poitrine. Le petit entrouvrit les paupières et, en reconnaissant l’odeur de sa maitresse, se lova contre ses paumes. Un garde l’interpella une fois l’escalier gravi.

—Quelqu’un vous attend, madame. Il prétend être un ami à vous..

—Un ami ?

Dans la salle de réception, celle-ci était munie d’un toit et de murs, une silhouette encapuchonnée l’attendait. Le soi-disant offrit son visage à la lumière.

—Toi ? Siffla-t-elle, ahurie.

L’étranger n’était autre que Maketa, ancien palefrenier et amant éconduit, le seul qui avait osé la défendre. Seulement pour mon con. Mais il se tenait là, les cheveux en bataille, la détermination dans ses yeux d’onyx.

—C’est mon père qui t’envoie ?

—Je suis venu de mon plein gré.

—Tu nous as suivis.

Il eut l’intelligence d’acquiescer. Maketa ne savait mentir, défaut qui avait mis nombreuses de leurs nuits en péril.

—Il est facile de suivre cinq chevaux quand on est seul.

—Qui s’occupe de Sapin en ton absence ?

—Sira.

La main droite de Maketa dans les écuries, un palefrenier qui savait se servir aussi bien de ces muscles de sa tête. Kita s’éclaircit la gorge, se tourna vers le garde.

—Votre Dame est-elle au courant de son intrusion ?

—Un de mes hommes est allé la quérir.

Elle se rapprocha de son ancien amant, contourna les quelques meubles parsemés à travers la pièce.

—Que fais-tu ici, Maketa ? Si mon père l’apprend… Tu ne retrouveras jamais ton poste.

Il lui prit les mains. Ses doigts étaient chauds contre sa peau.

—Je ne sais pas précisément pourquoi tu es là mais je sais que tu leur es essentielle sinon pourquoi t’auraient-ils libéré ? Ils prévoyaient de te faire fouetter. Je veux t’aider, Kita.

—Tu l’as déjà fait en témoignant pour moi, tu as pris de gros risques, je ne peux te demander plus. Retourne chez mon père, il t’excusera…

—Tu sais aussi bien que moi que c’est faux, s’énerva le palefrenier. Ton père me claquera la porte au nez si j’osais me repointer.

—Tu ne comprends pas… Là où j’irais…

Elle cherchait ses mots, incapable de trouver une explication satisfaisante. Ce fut Valia qui les lui donna :

—Le rôle de Kita est de divertir un dragon qui garde les pierres du Dieu Ljorkeï.

Maketa manqua s’étouffer. La noble, elle, ne lui adressa qu’une œillade sévère, de celles adressées aux enfants turbulents.

—Ne riez pas de ce qui vous est inconnu. Vous moquer de moi dans ma propre demeure, entouré de mes gardes, est tout aussi stupide que nous suivre.

En baissant la tête, la jeune femme se soustraya au palefrenier, échappa à son regard blessé.

—Tu ne peux pas nous accompagner, Maketa, conclut la cavalière en se postant près de Valia.

La Dame tira une chaise, croisa les jambes.

—Qu’est-ce qui pourrait me convaincre de vous accepter dans mon expédition ?

—Je sais me débrouiller avec un dorakkar. Un dragon ne doit pas être tant différent. J’ai aussi su vous suivre sans que vous ne me remarquiez.

—Vous avez été pris en escaladant notre muraille mais vous pourrez nous être utile. Deux dresseurs de dragons valent mieux qu’un dans ce genre de missions hasardeuses. Savez-vous manier une arme ?

—Je sais utiliser une fourche…

—Un trident fera l’affaire.

Non, aurait-elle voulu protester mais elle tint sa langue. En tant que servante, son garde ne lui donnait aucun droit d’utiliser sa langue. De plus, elle n’était qu’un membre du groupe et non le chef. Son avis importait tant qu’elle fasse son travail. La cavalière suivait seulement la troupe et si les femmes occupaient de hauts rôles masculins, beaucoup d’hommes les considéraient comme volés. Une paire de nichons réfléchissants, voilà qui les amusait. Heureusement, ceux de Kita étaient petits, quasi inexistants sous ses cuirs.

—Vous dînerez demain avec nous pour que je puisse vous présenter les guerriers qui vous accompagneront. Je ne vous payerai pas pour services puisque vous avez insisté pour vous y ajouter. Néanmoins, si vous me ramenez ce que je désire, je puis être généreuse.

Cette qualité, Kita ne pouvait la nier. Malgré son statut de prisonnière, la noble lui offrait la vengeance. Une souveraine froide et belle comme un diamant, juste avec ses amis, sans pitié avec ses ennemis. Et pourtant, quelques éléments de sa personne la tracassaient. Ses hallucinations trop nombreuses pour n’être que des illusions. Le dessin des écailles sur sa peau, sa magnifique teinte noire pâlissant, sans oublier cette langue si longue et élastique qui reposait entre ses dents.

—Tuez ce dragon et rapportez tout ce qu’il vous est possible de commercialiser : épines, cornes, écailles… Tout.

Maketa s’inclina, un sourire épanoui sur les ses lèvres. Kita aurait aimé d’agit de même, de rire maintenant qu’elle avait la mort pour but mais seuls quelques rictus étiraient grossièrement sa bouche et ses yeux demeuraient froids, distants.

—Kita vous montrera votre chambre. Celle voisine à la vôtre.

La jeune femme acquiesça tandis que la queue du bâshki s’enroulait autour de son poignet. Valia lui accorda un dernier regard avant de disparaitre dans les couloirs sombres, ses gardes sur les talons. Kita souffla sur la flamme de la bougie qui lutta quelques instants avant de mourir.

—Suis-moi.

—N’es-tu pas heureuse de me voir ?

La cavalière soupira. La dernière fois qu’ils se parlaient, elle renonçait à lui.

—Tu ne devrais pas être là. Que cherches-tu à prouver ?

Elle le conduisit à un pont, le plus branlant de tous. Le vent s’amusait à jouer, à arracher des gémissements à ses planches.

—Ma valeur.

Ses jambes se crispèrent, ses doigts s’enroulèrent autour des cardes, lacéraient sa peau.

—La vraie raison.

—Toi.

Elle le savait, mais l’entendre dans sa bouche la troubla. Qu’ai-je donc de plus que les autres ? Le trou entre mes jambes doit être magique. Jetez-y une pièce ou une queue, votre vœu se réalisera.

—Quels mots sont difficiles à comprendre dans : « je ne t’aime pas ? »

—Pourquoi parlez d’amour quand on parle de baise ?

Une rafale se glissa sous le pont, l’ébranla. Ils s’accrochèrent aux cordes, préférant s’ouvrir la paume plutôt que tomber. Voilà pourquoi ils ont tous les mains calleuses.

—Tu es incapable de dissocier les deux.

S’il avait un jour était amoureux d’une autre femme, il le saurait. La passion brûlant ressentie pour son frère ne ressemblait guère aux émois de son corps sous les caresses maladroites du palefrenier. Sa chair fléchissait, jamais son esprit.

—Tu ferais mieux de partir maintenant que tu le peux encore, s’énerva-t-elle. Cette mission est des plus ridicules. Nous courrons après des fantômes.

—Ca ne t’empêche pas d’y participer.

—J’ai été achetée.

Il garda sa langue dans sa bouche et Kita gravit énergiquement les quelques marches restantes. Elle remercia la Déesse Mère lorsque son pied se posa sur un sol, dur, immobile. Elle attendit le palefrenier, le regard vide.

—Je n’ai pas été délivrée par toi, le procès n’a pas plaidé en ma faveur. Valia a payé le juge pour me délivrer. Sans elle, je croupirai encore dans cette cellule.

Kita ne précisa pas que sa Dame lui promettait aussi une vengeance pour service rendu. La dresseuse lui désigna sa chambre. En guise de bonne nuit, une menace :

—Va-t’en.

Elle s’enferma à double-tour.

Valia la chercha le lendemain matin, des gants de fer entre les mains.

—Vous ne savez pas utilisez d’armes, expliqua la Lady. Considérez-les comme un présent et un gage de mon amitié.

Le fer, assez léger, enveloppa sa main. Un gant de cuir protégeait articulations et phalanges. Un seul coup de poing, muni de cette arme, pourrait briser une mâchoire. Kita les soupesa, les caressa de la pulpe de son pouce, imagina le délicieux craquement des os. Cette arme lui plaisait. La noble guetta un remerciement, un signe de son affection.

—Merci, déclara-t-elle.

Manipulation ou réel cadeau ? Une maîtresse offrait-elle un présent à ce qu’elle considérait comme sa propriété ? Si elle veut t’avoir à sa botte, elle n’hésitera pas. Mieux valait offrir des présents plutôt qu’utiliser frayeur ou crainte, accessoires éphémères du pouvoir, souffla une voix. Néanmoins, elle les accepta. Valia l’entraîna dans la salle des cartes où l’attendaient plusieurs de ses compagnons. Les jumeaux aux cheveux colorés conversaient avec Reikoo. Galtriel les déshabillait du regard à la manière d’oiseaux de proie.

De nombreuses cartes tapissaient les murs. La plus grande représentait Naarhôlia, les terres froides au centre et le continent de jungles, de forêts jaunes et déserts l’enveloppaient en croissant de lune. Et le troisième, semé de roches, mystérieuse. Les autres montraient des points précis : les montagnes, royaume des Harpies, la Horza, les nombreuses mers et océans où nageaient des créatures mi humaines, mi anguilles, des flibustiers aux services des rois et reines étrangers. Valia déplia sur la table centrale un plan de la Double Faux, un fleuve aux abondantes ramures, retenu par quatre pierres aux extrémités. De l’index, elle désigna leur position actuelle.

—La rivière Ix borde Cerralion. Vous la suivrez jusqu’à la rivière Iss qui se jette dans la Double Faux.

Elle vrilla son regard sur les frères.

—Suivez la rivière. Sous aucun prétexte ne vous en éloignez. Vous perdrez le chemin.

—Ne pourrions-nous pas couper par ce chemin ? L’interrompit Aroa.

—Le chemin n’existe plus. Il n’y qu’un seul moyen pour trouver la forêt : le fleuve.

Les Forêts Jaunes pullulaient en Horza et aucune ne portait de nom. Les cartes étaient toutes obsolètes. De nombreux explorateurs découvraient de nouveaux territoires. Les peuples nomades ne se référaient pas à des symboles tracés sur des parchemins enroulés ou emprisonnés dans des cages de verre. Ces peuples refusaient la civilisation moderne, préféraient vivre de chasse et de rites ésotériques et encourir la colère des Dieux Horziens et des enfants de Nogaïla. Les plus redoutables n’existaient pas les attaquer. La voie la plus sûre, la moins dangereuse, demeuraient les cours d’eau. Les sauvages fuyaient les routes commercialisés.

Son doigt suivi la courbe des rivières Ix et Iss jusqu’à atteindre celle de la Double Faux.

—En bateau, quatre jours pour l’atteindre, à pied… Ix coule dans les marais. Vous devrez mettre trois fois plus de temps, voire quatre. Je ne peux pas vous fournir de tentes. Elles vous handicaperont mais je pourrais vous donner assez de vivre pour deux jours, à neuf. Cet homme vous aidera avec le dragon.

Aucun ne broncha, aucun n’acquiesça, aucun ne lui souhaita la bienvenue. A quoi t’attendais-tu ? Ce sont des mercenaires.

—Nous avons déjà emprunté le fleuve, répliqua Aroa, un sourire flottant sur ses lèvres.

Probablement avec une putain. Trois éléments motivaient ces hommes : l’or, les femmes, le succès et cette mission promettait un fameux sac d’argent.

—Alors vous savez que vous devrez emprunter la deuxième faux.

— Maintenant, nous le savons, répliqua Arment avec plus de sérieux que son frère.

—La deuxième courbe vous mènera dans les Forêts Jaunes. Le fleuve se perd dans les montagnes qui les bordent. Passez au-delà mais faites attention aux chemins que vous emprunterez. Les Dieux ont creusés de nombreuses crevasses et abymes. Je ne souhaiterai pas perdre l’un d’entre vous car il s’emmêle les jambes.

—Nous y veillerons.

Ses yeux brillaient d’excitation. Qu’est-ce qui pourrait l’intriguer là-bas ?

—Une Forêt Jaune s’étend sur plusieurs lieux, la grotte et le dragon doivent y être cachés.

—Comment saurons-nous où chercher ? Intervint Xaelio.

—Grâce à elle.

Valia la désignait. Les mots qui s’imposèrent en cet instant demeurèrent lovés au fond de sa gorge. A la place, un regard qui exprimait la surprise.

—Vous avez vécu votre vie entière auprès de dragons. Vous saurez identifier ses comportements et trouver sa tanière.

—Elle n’en n’a pas l’air sûr, grogna l’homme au fléau.

Elle perdait son temps à leur expliquer la subtile différence entre dorakkar et dragon. Pour ces reîtres, un serpent ailé en valait un autre, même si le deuxième, selon les légendes, dévorerait aisément le premier. Ce qui nous ramène à l’éternelle question : pourquoi personne ne l’aurait vu ? Et surtout, pourquoi Valia y croyait-elle si fort ?

—Je le trouverai.

S’il existe, ce qui me surprendrait beaucoup. Comment lui annoncer, au retour de ce voyage, qu’elle se berçait d’illusions ? Tais-toi et fais ce qu’elle te dit, commanda une voix intérieure.

—Tu seras à quoi, mon gars ?

Son attention se porta sur Maketa. Valia se garda bien d’intervenir.

—Je l’aide.

—La p’tite est borgne, pas stupide. Dénicher une bestiole, c’est pas compliqué. Alors qu’est-ce que tu fous là ?

—Une envie de voyager.

—C’est le Royaume de Khéor que tu trouveras au bout.

—Je n’ai pas précisé la destination.

La Dame se racla la gorge. Si elle n’osait les interrompre, son regard ne les fusillait pas moins.

—Qui j’engage n’est pas votre affaire. Acceptez ou partez mais choisissez.

Il les scruta l’un après l’autre avec un sourire.

—Z’êtes tous cinglés si vous vous précipitez là-bas. Par chance pour vous, ma mère m’a toujours qualifié d’imbéciles.

—Si vous décidez de rester, taisez-vous. Donc le dragon, se cachera dans ces bois. Tuez-le si vous y parvenez. Prenez tout ce qui vous est possible de transporter et brûlez le reste. Je ne veux pas que ces sauvages me fassent concurrence. Evidemment, trouvez-les pierres. Est-ce clair ?

—Vous serez obéie, ma Dame, déclara Reikoo.

—Pour le retour, vous ferez le chemin inverse, conclut la Lady. Je vous donnerai la récompense promise à ce moment-là.

Plusieurs hochèrent la tête. L’or les aguichait. Ils se dispersèrent, Xaelio lui adressa un sourire mais Maketa la rejoignit.

—Tu lui plais.

—Peut-être.

La cavalière ne se leurrait pas. Une femme au milieu d’une dizaines d’homme suscitait la convoitise.

—Croit-elle vraiment qu’un dragon est dans cette forêt ?

—Selon les autochtones qui y habitent, oui. Quelque chose grandit là-bas.

Elle porta son regard à la fenêtre carrelée, à la rivière Ix et aux pâles montagnes dont les sommets qui perçaient le ciel.

—A nous de le découvrir.

La jeune femme doubla le palefrenier, se glissa dans sa chambre pour se prélasser, caressée par les rayons du l’ardent soleil. Enroulée sur son ventre, le bâshki dormait, la membrane de ses ailes frémissait sous son souffle. Elle s’octroyait une dernière après-midi seule avec ces pensées, sans Maketa pour lui susurrer de doux mots à l’oreille, sans les remarques coquines d’Arment et d’Aroa. Simplement seule.

Leur dernier dîner fut un festin. Tourte, sanglier, bichet et une potée de légumes. Les vivres, eux emmenées, pour les deux prochains levers de soleil seraient frugaux : du pain, de la soupe et quelques morceaux de viande. Alors que les derniers se levaient, Kita vola une cruche de vin. Elle souhaitait se saouler une dernière fois. La cavalière s’assit au bord du pavillon, les jambes dans le vide et sirota la boisson. Au-dessus de Naarhôlia pétillaient des milliers d’étoiles, illuminaient le sombre drap de l’obscurité. Les trois sœurs, l’une pleine, les deux autres achevant leur course observaient Cerralion et ses habitants.

Les femmes cuisinaient, embrassaient leur mari, les enfants piaillaient et jouaient. Cette paix lui avait toujours été refusée. Au moins, mes jours ne sont plus comptés. Elle avait laissé la Breille derrière elle ainsi que ses menaces, ses putes, ses monstres. J’ai trouvé ici plus de protection que je n’en n’ai jamais eue. Devant la promesse de la sécurité, même la vengeance perdait de son éclat. Une fois cette quête finie, je pourrai m’engager à son service.

Ces réflexions furent interrompues par l’arrivée de Keïdan. Il balaya la table des yeux puis dévisagea la cruche et le gobelet entre ses mains.

—Vous partagez ?

Elle acquiesça, versa le liquide pourpre dans son verre, le lui tendit. L’homme ne se contenta pas de boire et de déguerpir : il s’assit à ses côtés. Son énorme chaine lui barrant le torse cliqueta. Au-dessus d’eux, l’animal profitait de la brise et des courants d’air opportun pour planer. Le guerrier suivit ces cercles des yeux.

—J’ai entendu dire que ces bestioles vivaient longtemps.

—Plus longtemps que la plupart des humains.

L’espérance de vie variait selon les terres et les peuples. Ceux de la nature frôlaient les quelques siècles avant de s’immobiliser à jamais et de terminer leur vie en végétaux. Pour les animaux, six, sept ans. Certains humains vivaient jusqu’à des années avancés, soixante-dix ans pour les plus chanceux quand d’autres atteignaient à peine trente.

—J’ai assisté à sa naissance lorsque j’avais quatre ans. Depuis, il m’a toujours accompagné.

Car sa langue ne permet pas de former de mots. Ainsi, il ne pourra trahir ton secret. La jeune femme l’ignora.

—Méfiez-vous de certains de nos compagnons. Quelques-uns aiment les femmes plus que de raisons.

Kita avait surpris les regards de Xaelio mais plus encore ceux de Maketa, jaloux.

—J’y prendrai garde.

Il avala une gorgée de vin.

—Ne prenez pas cette mise en garde à la légère. J’ai assisté aux sacs de châteaux bien plus grands que celui-ci. Je reconnais les violeurs quand j’en vois un.

—Qui ? Souffla-t-elle.

—Tous le sont plus ou moins. Les mercenaires aiment les femmes surtout celles qui ont de la chair comme vous. La question n’est pas : s’ils vous désirent mais plutôt s’ils vous désirent si ardemment qu’ils vous violeraient.

—Vous ne répondez pas à ma question.

—Et je ne pourrai pas le faire tant que l’un d’entre eux n’aura pas porté la main sur vous.

Je n’ai pas besoin de trouver le Royaume Blanc, se lamenta-t-elle. J’y suis déjà.

—J’espère que vous vous trompez.

Leurs verres s’entrechoquèrent et le bruit de leur rencontre anima la nuit ainsi que les succions de son voisin lapant son vin. Il lui rappelait ses compagnons de taverne l’acclamant à sa huitième pinte en moins d’une minute. Le passé ne peut être modifié.

—Pourquoi avoir accepté cette mission ? Demanda la jeune femme. Si ce n’est pas indiscret.

Il haussa les épaules. Son crâne lisse luisait d’argent sous les éclats des lunes. Sa peau avait épousé le rasoir il y a peu, peut-être même aujourd’hui.

—Par ennui. Ma femme a été brûlée pour sorcellerie depuis quelques années et mes fils sont mariés. J’ai juré fidélité à ma Dame et je tiendrai parole.

Pire que la peste, la foi érigeait de nombreux bûchers. Dresser des guerres pour libérer des peuples, en condamner d’autres, voilà la menace qui les guettaient tous. Kita avait échappé de peu aux langues de feu grâce à Valia. Ma foi aux vrais Dieux est intacte pourtant.

—Tu n’as pas l’air effrayé, constata Keïdan.

—Je serai morte de la même façon si votre Dame ne m’avait secouru.

Par bonheur, les fidèles de la Foi se laissaient corrompre par l’or. Ils parlaient au nom des Dieux mais jamais Kita n’avait entendu leurs voix. S’ils les entendaient calomnier, ils les châtiaient. Pourquoi n’avait-il pas puni l’un ou l’autre ? Peut-être que mon châtiment me sera bientôt connu. Elle rappela Tâches de Myosotis.

—Veuillez m’excusez, la journée de demain sera longue.

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