Chapitre 1

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—Vois-tu les morts, Kitaya ?

La jeune femme s’étouffa avec son ragoût et la viande dégringola dans sa trachée dilatée. Elle inspira un filet d’air qui ouvrit sa gorge et frappa du poing sur sa poitrine pour que les aliments broyés trouvent le chemin de son œsophage. Son père ne lui adressait jamais la parole : tout au plus trois fois l’an et lorsque sa bouche daignait s’ouvrir pour sa fille, il n’en sortait que des broutilles.

—Non, père.

Kita ne possédait aucune faculté pouvant faire d’elle une nécromancienne, ces sorciers, ou plus souvent des charlatans, pullulant à Neck-de-Brume telle la peste en psalmodiant des incantations contre le courroux des morts. Non, l’expression était utilisée pour les soucis car l’un comme l’autre étaient invisibles aux étrangers et les deux hantaient leurs victimes à coup de lamentations. La dernière fois que cet homme lui avait parlé remontait à six mois lors d’un bal : « Dis aux cuisines de ramener plus d’épices. » qu’il ordonnait et maintenant, il lui demandait comment elle allait lors d’un petit-déjeuner où aucune oreille ne les entendait et où personne ne pourrait glorifier le seigneur d’avoir le cœur si doux pour sa fille.

—Mon dernier voltigeur m’a trahi pour la concurrence.

Voltigeur, concurrence… ces mots n’entraient pas dans le vocabulaire de Kita. Son père ne ressentait rien pour sa fille, ni amour ni haine et à ce titre, ne la considérait ni comme son héritière ni comme une servante. S’il lui prenait l’envie de disparaitre, peut-être ses domestiques remarqueraient-ild son absence mais son père, seul, jamais.

—C’est curieux.

Elle ne voyait que répondre d’autre. Les comportements à son égard changeaient grâce à la richesse de son père : quand les plus audacieux lui faisaient des avances, les autres la méprisaient. Kita appréciait sa vie oisive sans but ni aventure, piochait dans son argent pincée par pincée, se couchait et se levait tard, mangeait à sa table sans même que son père ne fronçasse les sourcils et la jeune femme en tirait une satiété relative. Elle prenait le meilleur de sa condition, l’argent sans la renommée. Qui pouvait se vanter de posséder une écurie de bâshkis et de dorakkars, symbole ultime de richesse et caracoler la tête vierge de chapeau, offerte au soleil brûlant de la Horza lorsqu’une envie de promenade lui venait ?

Kita appréciait la musique de la pluie martelant les grandes vitres dorées et termina son repas, le claquement de ses dents en rythme avec la mélodie qui régnait dans la maison de son père. Encore sous le choc de son étrange comportement, la jeune femme mit un point d’honneur à mastiquer lentement et une fois l’assiette vide, elle ramena la vaisselle à la cuisine non sans un dernier regard soupçonneux à son père. Une tristesse indicible semblait se peindre sur son visage malgré les compliments des serveurs, les commis actifs qui pirouettaient autour de la table sous les ordres brailleurs des chefs.

Pour beaucoup, Kita faisait partie intégrante du décor : un meuble trouvé bien découpé lors de la première rencontre devenait inexistant au fil de plusieurs années. Tout le monde la connaissait et personne ne la considérait comme la fille du maître, mais un drôle d’énergumène qui n’appartenait à aucune caste et profitait du privilège des deux sans en subit les conséquences. Une profiteuse. Elle entendait ce terme si souvent qu’il semblait la définir et, en effet, elle profitait de l’argent, des bêtes de son père et de son identité qui ne valait guère aux yeux de la loi. Une politesse ou un parasite ? Se demandait souvent Kita. De longs mois, son esprit la taraudait quant à ce mot, lui susurrait de chercher vengeance ou au moins de clore ces caquètements mais elle plaidait coupable ; elle aimait sa vie et ces facilités. Et alors que l’habitude menaçait à présent de la plonger dans la lente agonie qu’était l’ennui, elle se languissait d’une vie plus trépident.

Par réflexe, Kita effleura la cicatrice à la base de son cou qui se perdait dans ses cheveux courts coupés avec grossièreté à cause d’une fête ridicule donnée par son père pour mettre en lumière sa marchandise, des bâshkis et des dorakkars, cousins éloignés de grands dragons. Sa dernière aventure capillaire l’avait amenée à se les teindre en rouge et depuis sa tonte, des mèches encadraient son visage et donnaient une coupe plus féminine, moins rigide et droite que celles des hommes.

Kita sortit de la salle à manger pour se rendre dans les écuries spacieuses et luxueuses et à peine eut-elle franchi la porte que de grands yeux cobalt l’accueillirent. Surprise pour la deuxième fois ce matin, la jeune femme trébucha sur des selles, tomba tête la première dans la paille usagée des boxes sous les piaillements excités du petit dragon. Elle le fusilla du regard.

—Tu mériterais une taloche.

Kita se releva et épousseta ses vêtements avec une grimace, le nez plissé : si elle ne pouvait se débarrasser de l’odeur, elle ôta la crotte qui maculait chemise et pantalon. Devant son ton sévère, le Bâshki se ramassa sur lui-même et d’un claquement d’ailes, s’élança vers le plafond rejoindre ses congénères sur une poutre surplombant l’écurie, échantillon mauve dans l’arc-en-ciel de leurs écailles.

Les Bâshkis, croisement entre une chauve-souris, un serpent et un dorakkar volaient au-dessus de leurs cousins plus grands. Avec leurs corps serpentins, leurs deux pattes avant musclées ornées de griffes non rétractables, leurs ailes membraneuses étendues sur la longueur du corps, leur taille qui les rapprochait d’un perroquet, ils étaient les parfaits animaux domestiques que la riche aristocratie s’arrachait malgré leurs cris assourdissants. Les bêtes adoraient se poster en hauteur et se promenait souvent sur la tête ou sur l’épaule de leur propriétaire lorsque ceux-ci, agacés par leurs va-et-vient incessants ne les délogeaient pas d’un geste agacé.

—Bonjour, Kita.

La jeune femme n’héritait pas des titres honorifique de « ma Dame » ou « Maîtresse », elle était Kita à la Vie Simple, Kita Trempe-Egouts pour les moins amicaux, dont les champions de son père qui étaient partagés entre la moquerie et le dédain en la voyant. Les palefreniers, eux l’appréciaient, ils la considéraient comme l’une des leurs puisqu’elle les aidait à nettoyer les boxes des dorakkars et l’immense volière des bâshkis.

Maketa la salua d’un signe de main. Avec le concours qui se déroulerait dans quelques semaines, les bêtes étaient chouchoutées comme en témoignaient les morceaux de viande serrés contre sa poitrine. Kita lui rendit son sourire et contourna le tas de crottes pour rejoindre les deux dorakkars dont elle avait la charge. La serrure du box cliqueta et un cou surmonté d’une tête verte se redressa. La dorakkar émit un grognement joyeux, ses naseaux se dilatèrent alors qu’elle huma l’air et ses six ailes s’étendirent lorsque la jeune femme sortit un sachet de sa poche.

—C’est ça ce que tu sens, Forêt de Sapins Enneigée ?

La cuisse que Kita lui jeta était filandreuse mais la dorakkar l’avala goulûment malgré les os qui craquèrent sous la pression de ses crocs. Son frère, dans le box voisin ne fut pas en reste, ses naseaux palpitèrent au-dessus de la cloison sous le doux fumet de la viande crue.

—Cesse de bouger, ronchonna une voix grave qui provenait du box voisin.

—Laisse-le tranquille, Maketa.

Kita se pencha pour glisser une friandise au dorakkar.

—Il sera insupportable après.

—Pour me faire pardonner, je l’emmènerai chasser.

Le palefrenier enduisit les dernières blessures du dorakkar d’un baume vert mais les relents des plantes l’insupportaient. Nuées Ardentes Précédant l’Aube Rouge appartenait à son frère Meorwen, disparu il y a plus de trois ans, déclaré mort une année auparavant bien que personne n’ait retrouvé son cadavre. Son décès officiel permettait de combler la place vacante au sein de l’écurie de son père. Meorwen, l’enfant unique et chéri, seul héritier de la richesse de son père, n’avait eu en société que des mots froids et blessants pour sa sœur

—Je pensais que tu emmènerais Sapin voler.

—Je m’en occupe si tu me rejoins dans ma chambre ce soir.

La relation se basait exclusivement sur le sexe et aucun sentiment amoureux.

—Le marché est honnête.

Kita sella la dorakkar et la conduisit hors de l’écurie. Son bâshki, Taches de Myosotis, enroulait son corps autour de son cou et plantaient ses griffes, aussi aiguisées que de petites aiguilles dans sa chair.

—Va-t-en.

Son index glissa sous les pattes du petit dragon, le poids disparut de ses épaules lorsqu’un des coureurs de son père la foudroya du regard. Pour eux, Kita n’était qu’une usurpatrice : elle s’appropriait un bâshki et un dorakkar. Si son père possédait de tels animaux, autant en prendre sous son aile, non ?

Le concours, un monument national de leur pays, opposait les différentes écuries et les départageaient en de multiples épreuves ; voltige, vitesse, chasse, beauté… Non seulement de riches seigneurs se déplaçaient pour acquérir, à prix d’or ces créatures, les champions achetaient leurs places lors des prestations et s’engageaient dans des groupes vagabonds qui se produisaient devant des gens importants sinon, ils gagnaient leur place auprès l’un des seigneurs. La perfection était de mise et Forêt de Sapins Enneigée ne brillaient dans aucune des disciplines proposées ; rapide et agile comme tous les dorakkars de son âge mais n’excellaient dans aucun de ces domaines. Quant à la chasse, la dorakkar préférait les courageux rats errants qui s’égaraient dans l’écurie plutôt que biche, sanglier ou putois.

Sa queue se divisait en deux pointes à leur extrémité, l’épine la plus longue créait un sillon dans le sable mouillé, une déformation qui interdisait Kita de l’inscrire aux concours de beauté. La queue des dorakkars devait être longue et souple, fouetter l’air sans difficulté avec un claquement sonore qui permettait au jury de noter sa vivacité.

L’élément qui déterminait la bonne santé des animaux était, sans contestation, les deux extrémités de la queue et pour espérer prétendre au concours, les épines devaient être longues, graciles et les pointes parfaitement aiguisées lorsqu’un des examinateurs pressait son doigt. Si une goutte de sang apparaissait sur son index, l’examen se voulait concluant mais celle de Sapin déviait après une partie de chasse où un loup lui avait mordu la queue. La séparation des pointes se faisaient à leur toute extrémité dans un scindement précis et net ce qui n’était pas le cas chez cette bête.

Pour les coureurs de son père, Kita se montrait peu sévère avec son animal, la discipline était nécessaire dans l’éducation d’un dorakkar de concours mais Kita s’en fichait. D’autres personnes, beaucoup même, se destinaient à ce métier pour le prestige, ce qu’elle prendrait seule et l’argent, ce qu’elle possédait déjà.

Kita jeta sa jambe au-dessus du dorakkars pour glisser son pied dans à la poche destinée à cet effet, ainsi, en inclinant son poids le cavalier indiquait à sa monture la destination à suivre. Elle s’agrippa aux épines dorsales de la dorakkar, un prolongement des vertèbres pour sécuriser sa position et à tâtons, elle chercha la crevasse pour étrier sa jambe gauche.

Après Trempe-Egouts et la Vie Simple, un autre surnom lui échut et au moins, celui-là était mérité ; le gouffre noir qui l’empêchait d’accélérer ses mouvements. Enfin la semelle fut retenue par une sangle et Kita pur relâcher la pression de ses muscles et s’installer confortablement sur la selle.

—Tu bloques l’entrée, l’handicapée, la pressa un coureur.

—Elle est cinglée, murmura un homme. Il pleut.

Tiens, cinglée, en voilà un autre.

Les maîtres sectionnaient les épines de l’échine des dorakkars, composées de cartilage, lorsqu’ils étaient encore petits. Couper des os était une opération infiniment plus douloureuse et cruelle car si le cartilage se rompait facilement et ne repoussait pas, ce n’était pas le cas des os chez ces animaux et plusieurs « coupes » étaient nécessaires. Peu pratiquée aujourd’hui, ce traitement était commun il y a quelques dizaines d’années et nombre de cavalier mourraient sous la fureur des dorakkars qui, habituellement doux et taciturnes, en venaient à tuer leurs bourreaux.

—Vas-y, Sapin.

Elle désirait être la première femme à braver le mauvais temps : la pluie rendait la selle glissante mais ses cuisses la retiendraient contre le dos de sa dorakkar. Elle projetait de créer un spectacle visible par tous les temps ce qui ne ferait qu’accroitre sa renommée.

Kita donna une tape sur le cou de la dorakkar qui étendit ses six ailes et prit de l’élan de ses quatre pattes pour gravir à la rencontre du ciel mais les trombes d’eau qui se déversaient des nuages en décidèrent autrement. L’étoffe de son pantalon glissait sur le cuir de la selle et même la crispation de ses muscles ne purent empêcher l’impensable : la chute. Les sangles qui retenaient les pieds de Kita s’élastifièrent et les semelles eurent toutes les difficultés pour s’y adhérer. Alors que le vent gonflait les fines ailes de la dorakkar, que l’animal quittait la fermeté rassurante de la terre pour s’élancer presque verticalement vers les nuages gris, ses jambes glissèrent hors des attaches et ses mains n’eurent assez de force pour s’accrocher à une prise.

La pluie qui martelait son corps la précipita vers le sol et Kita eut à peine le temps de réaliser que seul le vent la soutenait. Ses poumons se vidèrent lorsqu’elle percuta les arbres touffus de la saison des pluies. Délestée de son poids, la dorakkar tournoyait quelques mètres plus haut en barrissant. Les yeux grands ouverts, la jeune femme emplit sa poitrine d’oxygène avant de remuer bras et jambes mais alors qu’elle ramenait son poids en un seul point fixe, la branche ploya. Elle s’immobilisa quand un long gémissement lui répondit, la branche se brisa avec un craquement sec et au dernier instant, elle eut le réflexe d’allonger la main pour attraper une liane. Ses bras la lançaient lorsque ses cuisses se tortillaient sous la longue tige, ses paumes brûlaient et son cœur cogna dans sa poitrine mais malgré ses difficultés physiques, Kita comprit l’urgence de la situation ; si elle restait suspendue dans le vide à la seule force de ses bras, elle tomberait. Elle doutait d’avoir la force nécessaire pour se glisser centimètre par centimètre jusqu’au sol et se rapprocher du tronc l’obligerait à se jeter dans le vide.

Kita souleva les deux options dans son esprit : aucune ne lui convenait car dans les deux cas, elle risquait d’affaiblir sa prise. La cavalière se contorsionna pour se balancer et après cinq essais infructueux, elle parvint à saisir la branche et abandonna définitivement la liane.

Kita souffla. Quelle idiote, elle était ! La honte de se retrouver perchée pour jouer les braves échauffa ses joues tandis que sa tête pivota plusieurs fois au-dessus du vide pour englober la zone qui s’étendait sous ses pieds. Les branches les plus épaisses lui inspiraient confiance mais le vide qui béait sous elle la terrifiait. Kita ne pouvait pas même appeler sa dorakkar pour la secourir car l’envergure de ses ailes l’empêchait de pénétrer dans ces arbres, au risque de se mettre elle-même en danger. Son unique espoir consistait dans les cris de Sapin : sa jeune femme espérait qu’un ou deux curieux se déplaceraient pour constater la source de son agitation. En attendant, Kita n’eut d’autre choix que de se débrouiller seule si elle ne souhaitait pas dormir dans l’arbre ce soir.

Avec précaution, et toujours en portant son poids sur un bras (car elle progressait à quatre pattes), elle testa la solidité de son appui. La solution de facilité lui conseillait de s’asseoir sur l’arbre, les jambes ballantes et d’attendre que des secours se pointent or, son orgueil la mettait au défi de descendre. Kita soupçonnait aussi les champions de ne pas se presser ; ces hommes ne l’aimaient guère et qu’elle soit avec eux aux cuisines ou dans un arbre, trempée, ils préféraient assurément le deuxième choix.

Avec un soupir résigné, Kita pressa sa paume sur le tronc à la recherche de crevasses, l’écorce était irrégulière mais suffisamment lisse pour lui arracher un juron.

—Crie autant que tu veux, ils ne viendront pas. Ils sont aussi sourds que des pots.

Elle était coincée. La jeune femme se pencha par-dessus la branche pour sonder les mètres qui la séparait du sol : si elle chutait, elle s’écraserait. Néanmoins, les ramures n’étaient pas trop loin, à peine trois ou quatre pas et pourtant si denses qu’elle ne verrait rien sans se récolter un torticolis au passage. Se reposant sur ses souvenirs, Kita s’élança, banda ses muscles pour se retourner… et frapper les feuilles de l’arbre pour s’écraser sur la branche voisine, le souffle coupé et s’assura de sa prise.

—Pas les Dieux, je suis toujours en un seul morceau, hoqueta-t-elle.

Elle répéta l’expérience quelques fois-près d’une dizaine- avant de toucher le sol. Son corps hurlait de douleur et protestai au moindre de ses pas et c’était voutée, les cheveux ébouriffés et blessée au bras après une mauvaise réception que Kita se présenta à l’écurie. Lasse de crier sans obtenir de réponses, la dorakkar avait rebroussé chemin, plus ennuyé d’esquisser des ronds que volontaire à la recherche de secours.

—On s’apprêtait à venir à ton secours, Noble Dame.

Le mensonge aurait résonné dans ses oreilles si la souffrance ne l’anesthésiait pas des insultes. Après avoir accordé à Maketa un bref regard sur les bons soins de son traitre d’animal, Kita s’assit, non sans une grimace, et dépouilla le plateau d’une tranche de lard et de fromage qu’elle dévora.

Quelle image, elle devait afficher ! Les hommes s’écartaient avant qu’elle ne les éclabousse ; des gouttes s’écrasaient sur la table alors qu’elle se penchait pour attraper sa maigre pitance. Jamais son surnom ne lui avait si bien collé à la peau et les champions de son père ne se privaient d’aucune raillerie une fois la surprise de sa grotesque apparition passée.

—Pourquoi es-tu partie alors qu’il pleuvait ? Si les vols sont interdits par mauvais temps, c’est pour une raison, Trempe-Egouts.

—Il ne pleuvait pas lorsque j’étais partie. Je pensais à une accalmie.

—Une accalmie ? Se gaussa le joufflu. Ce n’était qu’une éclaircie de quelques minutes.

—Oui, soupira Kita.

Le lard était sec sur sa langue.

—Comment savez-vous que les averses sont définitivement passées ?

—Je viens du Sud.

Il se tut comme si sa réponse justifiait ses explications, la jeune femme couvrit la tranche de lard pour adoucir le goût.

—Se contenter de regarder les nuages ne suffit pas. Tes parents ne t’ont-ils jamais appris les règles élémentaires ?

Il ignorait visiblement qui elle était. Depuis quand montait-il les dorakkars de son père ?

—Je me suis élevée seule, répondit Kita laconiquement.

—Chacun porte sa croix.

Elle hocha la tête mais ne pouvait sortir cette idée saugrenue qui parasitait son esprit.

—As-tu déjà volé à crue ?

La question brûlait ses lèvres et elle attendit la réponse avec appréhension.

—Sans selle ? Et pourquoi je ferais ça ?

La cavalière haussa les épaules. Pouvait-elle dire qu’elle convoitait la création d’une troupe particulière ?

—Une question comme une autre.

—C’est dangereux, petite. Ton dragon se penche un peu trop et hop ! tu n’es plus de ce monde.

—Je m’en doutais, acquiesça Kita en se levant.

Elle emporta un morceau de pain à grignoter dans sa chambre.

—Si tu souhaites tout de même t’y lancer, je te conseille de créer un nouveau dressage.

—C’est noté.

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