Chapitre 9

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Malgré la présence réconfortante de son dorakkar, Kita s’interrogeait. Etait-elle plus saoule qu’elle ne le pensait ? Elle ne parvenait pas à détacher ses yeux de son esprit. Cinq, il y en avait, éparpillés sur sa gueule aplatie de serpent. La pupille, fine et longiligne la scrutait encore. D’un mouvement coordonné, elles oscillaient dans les globes oculaires. Le vert moucheté d’or de ses iris marquaient son âme au fer rouge. Impossible de tourner le dos, s’en aller sans jeter un regard en arrière.

Non, Sapin la dévisageait avec curiosité et pressait l’arrondi de son museau contre sa paume. La cavalière ne parvenait pas à s’accrocher à la réalité et errait dans ses pensées. Que lui arrivait-il ? Une fille de ferme sans avenir, avec un passé des plus pauvres se retrouvait confronté à des angoisses de vie et de mort. Les avertissements de la catin, une créature hybride invisible aux yeux de tous hormis des siens. Il y en avait de quoi devenir fou.

La veille, elle avait couru jusqu’au minable hôtel, se retournant par trois fois Par trois fois, elle ne vit rien mais le sang cessait de battre contre ses tempes. Enfermée à double tour, une lourde commode barrant la porte, Kita se postait à la fenêtre, dissimulant son corps derrière les rideaux opaques. Après le choc, la peau retrouva sa raison et envahit ses terminaisons nerveuses. Un ordre s’imprimait, se transmettait dans son organisme : fuis. Malgré l’alcool qui la rendait plus que hagarde, elle prit ses jambes à son cou. Par bonheur, le serpent préférait dévorer la carcasse que lui accorder son attention.

Veillant jusqu’à l’aube, transie par la peur, Kita refusait de s’assoupir, braquant son regard sur les dalles. Au moindre bruit, elle sursautait, craignant que la créature ne la retrouve. Si elle avait réfléchi, Kita aurait compris que, pour instant, elle était hors de danger. Le monstre l’avait vu, sondé de ses prunelles, se détourna pour fourrager le cadavre de son museau. Réfléchir lui demander de se calmer mais la jeune femme était trop nerveuse pour écouter la voix de la raison. Furtivement, elle glissait des coups d’œil en contrebas craignant la rencontre avec les cinq yeux déments où seule l’envie de meurtre et de sang se lisait. Heureusement, seul le néant lui répondit pendant cinq longues heures.

Alors, Kita retrouva sa dorakkar aux écuries. La tension dans ses membres raidissait même les gestes chaleureux destinés à sa dorakkar. Sapin frotta son crâne contre son giron, quémandant une caresse mais la cavalière ne put la lui rendre. Ses yeux se fixèrent sur la porte. Quatre longues griffures zébraient les planches. Profondément incrustés, seules des armes excessivement acérées fendaient le bois de la sorte. Incapable de rejeter la faute sur les dorakkars, Kita soupçonna le propriétaire de ces marques : le serpent. La dresseuse le surnommait ainsi à défaut d’un nom plus perspicace. En fouillant ses souvenirs, la jeune femme se rappela d’un buste humain et surtout de légers renflements au niveau de la poitrine. Sans connaitre l’espèce, Kita eut la certitude qu’il s’agissait là d’une femelle.

La cavalière abandonna le dragon et s’approcha, palpa de la pulpe de ses doigts les incisions. Seuls des dorakkars réussiraient à rivaliser. L’écurie étant trop étroite pour leur permettre d’étendre leurs ailes, impossible de les suspecter. Pourquoi une ? Ce geste était intéressé, destiné à son encontre.

La jeune femme effleura les marbrures, imagina l’épaisse queue du serpent osciller dans le vide et les braillements des dorakkars. Même s’ils criaient, personne ne les entendaient, d’où la répugnance de son père pour cet hôtel. La créature s’accrochait d’une patte, de l’autre elle marquait son territoire. Sa bouche se recourbait sur ses crocs, sans bruit la créature feulait. Ainsi, elle creusait le bois encore, encore dans un silence des plus absolus, sans même réveiller les dragons. Le serpent s’éclipserait, dansant sur ses jambes pour s’évanouir dans l’obscurité une nouvelle fois.

Kita posa des images sur la scène. Qu’importe de ses hypothèses ou de la véracité de ses propos. Le monstre la connaissait, savait où elle logeait. Il la trouverait mais ne la tuerait pas. Pourquoi ?

La jeune femme caressa la dorakkar d’un geste distrait. Deux heures s’écoulèrent ainsi. Les palefreniers s’activaient avec l’aurore. Maketa l’ignora superbement, s’arrangea pour s’occuper des boxes voisins au lieu du sien. Elle manqua s’endormir plus d’une fois mais Sapin la tint éveillée. Envolée la pression du concours ! Kita n’aspirait qu’à rentrer chez elle, se blottir dans son lit, souhaiter que cette aventure ne soit qu’un mauvais rêve. La chance n’acceptait que rarement de l’aider.

Plusieurs cavaliers pénétrèrent dans l’écurie. Le début de l’épreuve ne tarderait pas. Avec résignation, la dresseuse se releva. L’effervescence régnait dans l’écurie. Les palefreniers ratissaient les boxes libérés de leurs propriétaires. D’une œillade, Kita constata que les dorakkars destinés au concours de voltiges disparaissait un par un. Ne restait plus qu’elle. Sans se hâter, la jeune femme revêtit son costume de scène : un pantalon souple et une robe coupée en de nombreuses franges jusqu’à la taille.

Son père, heureux du classement des Bashkis (sept sur la dizaine présentés se hissaient aux épreuves suivantes) lançaient des ordres aux imprudents qui le croisaient.

—Que fais-tu encore là ? Aboya-t-il à sa hauteur.

—Je me prépare.

—Sapin devrait déjà être en train de s’échauffer.

—Elle connait son travail, moi le mien.

Il la jaugea d’un œil sévère.

—Ne fais que les figures les plus faciles.

—Oui, soupira-t-elle en relevant le loquet du boxe du l’index.

—Ne me déçois pas.

—Je n’en n’ai jamais eu l’intention, ironisa-t-elle avec une courbette.

Ces discussions l’exaspéraient. Un brin de remontrances, deux d’exaspérations. Sous le regard dur et brillant de son maître, la jeune femme abandonna l’écurie. En grommelant, elle s’attira l’attention d’une Noble. Son être entier respirait la richesse, la royauté. Quel dommage que le dernier des souverains fut pendu une dizaine d’années plus tôt. Une robe ruisselait sur son corps, rehaussait le noir de son teint, le bleu de ses yeux. Le sourire qu’elle offrait à Kita creusa deux fossettes jumelles dans ses joues.

—Voilà une magnifique bête, s’extasia la jeune femme.

L’inconnue posa sur Sapin de grands yeux innocents, presque enfantins. La grimace de la dresseuse la refroidit assez pour lui adresser une révérence gracieuse.

—Je suis Valia, dame héritière des Trois-Fers.

Elle s’attendait à une marque de respect, aussi Kita lui octroya un hochement de tête. Les dernières familles nobles et propriétaires de dorakkars, gens puissants, riches à en chier de l’or se querellaient sur l’importance de leur statut. Neutre dans la guerre civile qui déchirait le pays, Kita encore enfant, rallièrent leur force en avec le peuple en constatant les dommages irréparables sur la royauté. Pour la cavalière, ces gens répondaient au doux surnom de Tourne-Casaque. Une fois le nouvel ordre de trocs et de commerce établi, ils s’enrichissent rapidement. Les dorakkars, déchus de leur rang d’arme la plus puissante, trouvèrent des maîtres qui les asservirent en fondant des écuries. Le sentiment réciproque d’amertume le plus puissant les accompagnait dans leurs échanges. Kita se voulait maussade, là où la princesse- usurpatrice appellation- se fendait d’agréables sourires.

—Que cherchez-vous ? L’interrogea Kita sans détours.

—Un champion.

—Il y en a une bonne poignée là-bas.

Elle lui désigna le champ que s’octroyaient les voltigeurs pour échauffer leurs bêtes.

—N’en n’êtes-vous pas une ?

—Seulement de passage.

La dresseuse ne tenait guère à s’éterniser, dans ces concours. Un autre marchait lui tendait ses bras : celui d’un divertissement d’un autre genre.

—Où se trouve le seigneur de cette écurie ?

—Mon père doit s’égarer dans les derniers boxes. Il pourra vous renseigner.

Sans plus de cérémonie, elle lui adressa un regard pour se hâter. La Lady lui bloquait le passage. Sapin se laissa conduire, docile vers ses congénères. La jeune femme l’enfourcha et d’une talonnade la pressa de courir à l’assaut du ciel. D’un battement, le dragon se propulsa à quelques pas de la terre. Un ballet aérien naquit sous le dieu Soleil. Six dorakkars tourbillonnaient en sa faveur, en cœur avec le vent. Là où les autres répondaient aux coups portés par la selle, Sapin guettaient les sons que formaient la bouche de sa maîtresse. Adresse, élégance, souplesse, voilà les trois thèmes principaux qu’ils ne manqueraient pas de juger. Elle ne put ignorer les flammes qu’alimentait la haine dans les yeux de ses coéquipiers. Ainsi, elle était sûre de gagner.

La jeune cavalière attendait son tour pris d’un feu de champ. La chaleur l’étourdissait quand la sueur collait des mèches de cheveux à son front. Sapin, tout dragon qu’elle était, s’en gargarisait. L’animal brandissait son cou élancé au-dessus des flammes afin que la chaleur étreigne sa poitrine. La dresseuse se rapprocha du champ de sable où les jurés délibéraient. En quelques mots éloquents, ils rejetaient ou qualifiaient selon les critères établis depuis une dizaine d’années de prestige, beauté, fusion avec la monture. Ils ne se dissimulaient pas en murmure, criaient même pour couvrir le brouhaha de la foule qui acclamait ses favoris. Kita n’en faisait assurément pas parti. Inconnue de tous, elle souhaitait rester une étrangère. Ils éliminèrent le cavalier, scandaient le nom du suivant. En tout : pas moins d’une trentaine de dorakkars se pressant dans le champ. Les animaux se flairaient tandis que le que leurs cavaliers s’affrontaient aux dés. Kita préférait les performances de ses concourants, dans l’ombre des juges, silhouette solitaire et taciturne. La jeune femme analysait chaque numéro avec un œil critique ; les figures qu’exécutaient les dorakkars se ressemblaient, aucune ne se démarquait et elle s’en félicitait. Il serait aisé de vaincre dans ces conditions. Une ou deux galipettes finement exécutées et elle se hisserait à la tête du classement. La dresseuse croisa ses bras sur son torse, enveloppa ses coudes dans ses paumes, pâle spectre dans la nuit. Elle se confondait à l’obscurité, invisibles dans ses pans sombres. Derrière elle, les éclats du Valkain. Les gens beuglaient dans ses oreilles quelques cris d’encouragements aux champions favoris : ceux qui alliaient performance réussie et beauté. Chaque saine se découpaient sur ses rétines, réduisaient une action en une centaine d’images. Elles comptaient les secondes qui la séparaient de sa nomination. Sa carrière de conteuse décollerait ce soir, il lui tardait de débuter une nouvelle vie.

Le nom de son écurie résonna dans le champ. D’abord viendrait Ylgiak puis Serteï et Laja. Kita se trouvait au milieu de la liste, une mauvaise place pour se démarquer. A l’appel, elle regagna sa place aux côtés de Sapin. Le premier s’en sortit convenablement, aucune surprise, aucune déception. Sitôt passé, sitôt oublié. La cavalière ne comptait pas suivre la même voix. Laja se démarqua de ses concurrents en ordonnant à sa dorakkar de n’utiliser que quatre de ses ailes. Un défi qui dura…. une quinzaine de seconde. Le sourire conquis des juges renfrogna Kita. Elle espérait une piètre représentation de la cavalière la précédant. Pour se démarquer, elle devait substituer une de ces figures.

—Kita Undoriel de l’écurie des Epées d’Or.

—C’est notre moment de gloire, murmura Kita en s’asseyant sur Sapin.

Elle noua les jambes autour de sa nuque, les talons contre ses écailles. Ses concurrents s’écartèrent de son passage, les yeux écarquillés. Kita se présenta aux juges, humble et un brin impressionnée. Avec une œillade critique, l’homme de gauche l’apostropha, pointant sur sa poitrine un stylet graveur.

—Chevauchez-vous ainsi ?

—Oui, monseigneur.

—Nulle loi n’interdit l’assise à cru, renchérit son compère, un grassouillet dans les bajoues béaient.

Avait-il réellement été sacré champion des années auparavant ? Si tel se révélait la vérité, il dût engloutir beaucoup de canard au miel durant sa retraite. Kita lui sut néanmoins gré de son soutien. Le cas ne s’était présenté naguère et si la cavalière refusait de l’admettre, elle craignait qu’une quelconque règle lui refuse de concourir. Son cœur vibrait contre son sternum alors que le silence s’emparait des bouches spectatrices pour les assécher de mots.

—Volez, l’encouragea le joufflu.

Kita le remercia d’un sourire avant de se rappeler que les ténèbres avalaient la moitié de son visage. D’une pression du poing, la jeune femme ordonna à sa dorakkar de s’élancer. De larges battements d’ailes, le dragon se hissa à la cime des érables.

—Montre-leur ce que nous valons.

La nuit accepta de représenter la scène d’un théâtre des plus exquis. Serpentant entre les troncs, tourbillonné… Kita leur présenta une éblouissante prestation qui ne manqua pas de ravir les foules en contrebas. Elle ne lésina pas sur les éclats de voix qui émerveillèrent les jurys. Enfin, Sapin put regagner la terre ferme.

—Quelle étrangeté ! Avez-vous dressé le dorakkar à obéir à votre voix depuis son plus jeune âge ?

—Non, monseigneur. Je n’étais pas destinée à concourir jusqu’à ce que mon père me demande de rejoindre ses équipes.

—Qui s’est occupé du dressage ?

—Moi seule.

—Comment avoir eu cette idée ?

—Un spectacle, messeigneurs.

—Qu’est-ce que cela ?

Alors, Kita leur raconta son histoire. Une histoire qui mêlait un palefrenier et une envie d’émancipation. Les jurés écoutaient, hochant tout à tour la tête dans un ballet des plus ridicules. Un sourire jouait sur les lèvres de Kita. Elle n’osait s’esclaffer franchement telle la fillette impertinente qu’elle était de peur de courroucer ces hommes gras qui détenaient son avenir entre leurs mains.

—Rapriel Forghein de l’écurie des Epées d’Or.

Les cavalières troquèrent leur place non sans un regard haineux. Nombreux étaient les champions de son père à la haïr. Elle, l’ivrogne, errant saoule dans les rues beuglant insanités et jurons, participait à ces concours nationaux ! Un honneur qui la dépassait, qu’importe son statut. Kita se rangea près de ses autres coureurs qui encerclaient un feu de leur cul rondouillard. En tendant l’oreille, elle surprit la légende de la Belle aux Rocs, une jouvencelle exilée au Roc des Montagnes, île aussi desséché que les déserts Nordiens.

—…Il se raconte que tous les six ans, une jouvencelle est choisie pour suppléer le dragon. Son peuple l’envoie en sacrifice au Dragon Roc pour le remplacer. La jeune femme, terrifiée, alors que sa famille l’abandonne se met à chanter. Les pleurs rendent sa voix inaudible mais le dragon l’entend. Le sol tremble sous ses pieds. La fillette sait que le dragon se réveille, qu’il vient la dévorer. Elle se met à genoux et prie le Dieu Ours, le Dieu Phoque, le Dieu Requin…

—On sait Jackett, coupa l’autre, qu’elle vient de la Glace. Abrège.

Sans se laisser troubler, Jackett persévéra.

—La terre s’ouvrir et dévoila son sein. Son cœur en était le dragon et il émergea de la mer de pierre. Et de pierre, il était. Tout était roche. Sa queue, sa gueule, son poitrail, ses jointures, du sable rocailleux. Un colosse.

Kita imaginait sans mal la scène : une petiote apeurée, pleurant, maculant lèvre et joue d’une morve infantile dont seuls les enfants usaient et le serpent, la dominant de sa hauteur et sa prestance. Les histoires les plus populaires ne lambinaient pas sur les détails anatomiques que la fillette vit entre deux écailles : de la lave et du feu. Ni sang, ni organe, rien d’autre qu’un désert rouge et meurtrier. Enfin, la créature ouvrit sa gueule, dévoila une rangée de crocs pointus, façonnées à même la pierre. Au fond de son gosier : une étoile si brillance, étincelant avec une telle intensité que quelques conteurs affirmèrent qu’elle lui brûla les yeux. Avant de troquer vue contre cécité, la jeune fille remarqua l’étrange courbure de cette étoile : la silhouette d’un homme.

—Une voix lui parla. Elle pensait être morte, que les Dieux de la Glace lui causaient mais les mots la détrompèrent. C’était le dragon qui s’adressait à elle : tu as été choisi pour porter mon enfant. Mon feu grandira dans tes entrailles. Donne-lui naissance et tu seras Reine. » Des mois plus tard, la jeune fille donna naissance à un dragon de feu, si brûlant, si bouillonnant de vie qu’il tua sa mère. « N’avais-tu pas promis que je serai Reine ? » Demanda-t-elle à son dragon de maître avant de mourir. « Si fait, lui répondit-celui-ci, tu es la mère de mon fils et pour avoir porté le feu, tu seras la Reine du ciel. » L’esprit de la jeune fille s’envoler pour se nicher aux côtés de la lune, première épouse du dragon et de ses descendantes, plus petites et non pas moins brillantes.

C’était là un conte, une vérité pour certains, connus de peu. Les histoires se perdaient dans les civilisations et la réalité s’enchâssaient souvent aux rêves. Quel détail croire, quelle version est fausse ? Toutes, peut-être. Pourtant, alors que ses yeux se levèrent pour rencontrer les cieux, Kita s’interrogea sur le passé des épouses-dragons. Aimaient-elles le seigneur qui les ravit de leur famille, de leurs terres ? Des sources prétendaient que le nourrisson était conçu par la magie, d’autres privilégiaient l’accouplement animal.

Le dragon la besognait jour et nuit de puissants coups de reins qui menaçaient de déchirer sa victime en deux jusqu’à ce que son ventre s’arrondisse. Certaines s’engrossaient plus vite que d’autres et les plus misérables subissaient ses saillies en gémissant, les cuisses fermement écartées par les griffes de la bête. Les Breilliens, qui comptaient dans leurs rang les esprits les plus tordus, affirmaient que quelques jouvencelles prenaient plaisir à la chevauche du dragon. Si pour les autres, l’île au Roc représentait leur prison, l’île du viol, ces premières refusaient de s’évader pour la luxure que promettait le serpent ailé. Autant existaient-ils d’historiens, autant les diverses versions pullulaient, chacun ajoutant tel détail alléchant à la légende pour rafler une ou deux pièces supplémentaires. A toutes le même point commun : un dragon.

Kita s’éloigna des cavaliers pour assister aux derniers numéros. Ils se débrouillaient bien. Le dernier passé, les juges se rassemblèrent pour délibérer. La jeune femme espérait décevoir son père en se hissant à la troisième place. Les yeux rivés sur l’estrade, Sapin la gouvernant de la hauteur de son cou, la pulsation du sang dans son être sonnaient en elle comme un turbulent déluge. La dresseuse tendit l’oreille, prêta une attention toute particulière que chaque mot qui se formait dans leur bouche lui rappelait la douleur d’une épine perçant sa chair.

—Kita Undoriel, quatrième.

Seulement, pensa-t-elle déçu. Kita pivota sur ses talons, sous les yeux des épouses-dragons, qui lui murmuraient une mise en garde silencieuse.

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