Royal Palace II

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Je n'avais pas tort, quelques jours plus tard nous vîmes la jeune fille se présenter au commissariat avec une convocation du juge. J'avais prévenu mes collègues de l'étrange ressemblance entre Marie et la victime aussi ne fûrent-il pas surpris outre mesure de voir celle-ci revenir d'outre tombe. Enfin sa parfaite copie.

Marie était accompagnée de sa mère qui me lança un regard noir. Tout espoir de la charmer semblait perdu, j'en étais quelque peu attristé, mais je me disais que mon métier passait avant ces basses considérations, bien qu’au fond de moi cela ne me plaisait guère. Pour être franc avec moi même : Helena me plaisait, mais je n'avais jamais rien fait jusque-là pour lui monter mon intérêt, je n'avais donc rien à regretter.

« vous aviez raison » me dit-elle

je ne pût qu’acquiescer. Il était évident que retrouver des papiers d'identité et le sac d'une personne sur le lieu d'un crime aussi odieux ne pouvait qu'attirer l'attention des autorités judiciaires. D'autant qu'après enquête, aucune trace de la plainte de la jeune fille n'avait été retrouvée. Cela fait beaucoup trop de bizarreries pour une seule personne.

« vous n'aviez pas porté plainte ? » dis-je de but en blanc à Marie qui venait de s’asseoir à mon bureau aussi naturellement que possible. Elle ne semblait pas gênée outre mesure par la situation et avait l'air sûre d 'elle.

« effectivement, je n'avais guère le temps de m'en occuper et mon sac ne contenait que des babioles sans valeurs »

« et votre carte d'identité …. »

« c'est vrai, mais j'avais l'intention de venir porter plainte, c'est juste une question d'emploi du temps »

« certes, mais il est ennuyeux pour vous que le meurtre ai eu lieu avant que vous n'ayez pris le temps de faire le nécessaire »

« ma fille ne va pas avoir des ennuis ? Elle a un alibi avec plusieurs témoins fiables pour la défendre » intervint Helene .

« personne n'accuse votre fille madame, seulement la victime en plus de lui ressembler étrangement a aussi utilisée l'identité de Marie semble-t-il, nous voulons juste savoir jusqu’à ou cela a pu aller et éventuellement vous protéger si elle a commis des actes répréhensible autre que l'usurpation d'identité, bref, nous cherchons a y voir clair »

« tout cela est fort ennuyeux » dit-elle apparemment gênée .

« ne t'inquiète pas maman » dit Marie toujours aussi sûre d'elle, ce qui m'impressionna un peu pour une jeune fille de son age, je me dis que décidément celle-ci avait un aplomb hors du commun. « je n'ai rien a me reprocher et l'inspecteur ne fait que son métier »

Ainsi commença l'interrogatoire le plus surréaliste de ma vie d'inspecteur. La demoiselle m'expliqua qu'elle avait passée une soirée plutôt arrosée avec quelques bons amis tous issue de bonne famille de la ville et que nombre d'entre eux serait prêt à témoigner si nécessaire, mais que la plupart voulaient tout de même conserver un relatif anonymat. Je lui expliquais qu'il n'était peut-être pas nécessaire d'importuner ses riches amis si des employés du bar ou ils avaient passés la soirée témoignaient de sa présence, ce qui eut l'air de la soulager. Et j'en profitais pour prendre la plainte tardive pour le vol de son sac et de ses papiers d'identités.

Helena se tenait assise à ses côtés, le regard absent, absorbée dans ses rêveries, elle semblait ne pas écouter la conversation qui se déroulait près d'elle. Je lui offris un café qu'elle refusa poliment l'air profondément ennuyée d'être assise là.

Bernard, l'un de mes collègues vint m'annoncer qu'il avait du nouveau. C'était un jeune homme qui ne sembla pas indiffèrent au charme des deux femmes, quels hommes l'aurait été. Toujours bien habillée, Bernard faisait partie de ses indécrottables charmeurs qui cumulait les conquêtes et en parlait comme un chasseur racontant ses exploits après un week-end end dans les bois et les champs à traquer le gibier. Ce genre de personnage ont le don de m'agacer et il le savait. Il en profitait souvent pour se moquer gentiment de ma terne vie de célibataire solitaire. Il est vrai que parfois je l'enviais bien que je sache que la plupart de ses aventures amoureuses n'existaient que dans son imagination fertile.

« je finis avec ces dames et je reviens te voir » lui dis-je, légèrement agacé par son intrusion alors qu'il savait parfaitement que j'étais occupé.

« Tu devrais venir me voir avant de terminer avec ces dames » dit-il en souriant à Marie qui lui rendit son sourire. Elle ne semblait pas indifférente au charme du jeune homme ce qui me rendit instantanément jaloux, je jetais un coup d'œil à Helena, mais elle affichait toujours cet air ennuyé de celle qui n'est là que parce qu'elle ne peut faire autrement. Bizarrement, cela éteignit tout de suite le feu de la jalousie en mon âme.

« veuillez m'excuser, je reviens dans quelques instants »

Sitôt dans le bureau de Bernard, je le réprimandais légèrement.

« tu ne vois pas que je suis en interrogatoire ? J'espère que ce que tu as à me dire en vos la peine »

Il sourit légèrement.

« Ne vous inquiéter pas inspecteur Quémando, ça en vaut la peine , juger en par vous-même : Les papiers retrouver sur le lieu du crime sont bien ceux de la jeune fille que vous interroger.»

« je m'en doutais, mais en quoi cela vaut-il la peine de me déranger ? »

« Il n'y a pas que cela... »

« continue » fis-je agâcé par son air moqueur.

« Marie Zinev est fichée, elle a une casier judiciaire bien rempli pour son jeune age. C'est en quelque sorte une pro de l'escroquerie »

« Tu en es sûr ? »

« On ne peut plus sur, sa spécialité consiste utiliser ses charmes pour appâter des hommes mariés, de préférence aisés, et ensuite à les faire chanter »

J'en étais abasourdi, la jeune femme qui était assise a mon bureau avec sa mère cachait bien son jeu.

« Quelque chose me dérange dans tout cela » dis-je, exprimant a haute voix mon étonnement. « La jeune fille qui est là avec sa mère, n'est pas celle que l'on à retrouver morte au Royal Palace, c'est son sosie. Tu es d'accord ? »

Bernard qui était, avec moi sur la scène du crime, me fit signe de continuer.

« Pourquoi ne pas imaginer que ce soit la morte qui soit la coupable de tout ces faits et que Marie ne soit que la victime du vol de ses papiers par une jeune femme lui ressemblant étrangement et qui à profiter de la situation »

« le seul moyen de le savoir, c'est de prendre les empreintes digitales de Marie et de les comparer avec celle du dossier que j'ai sous les yeux »

Je retournais a mon bureau ou les deux femmes m'attendais patiemment, la mère Helena, l'air toujours absente, et la fille Marie, l'air plutôt agacé par tout cela.

« Excusez-moi, mais nous avons du nouveau »

Je réfléchissais à toute vitesse à la façon la plus diplomate d'annoncer les chose lorsqu'un doute me traversa l'esprit. Même si l'on supposait que le sosie était l'auteur des faits qui était transcrit sur le casier judiciaire, il était impossible que les deux femmes n'en ai jamais entendu parlé !

« Saviez vous que votre fille avait un casier judiciaire bien rempli ? » dis je en me tournant vers Helena.

« Comment pourrais-je ignorer toute cette affaire » me répondit-elle d'un ton cassant.

« Et pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tot ! »

« parce que tout cela est du passé, Marie a été blanchie, et que nous cherchons à oublier toute cette histoire ! Et puis nous supposions que vous saviez, vous êtes de la police après tout ? »

Encaissant silencieusement la raillerie, je me penchais sur le dossier que m'avait remis Bernard, le maudissant pour ne pas m'avoir tout dit avant que les deux femmes soient dans mon bureau. Comme a son habitude, mon collègue avait survolé le dossier sans le lire jusqu’au bout, effectivement, Marie avait été innocentée, il y a tout juste trois mois, pour une raison simple : elle vivait à l'étranger pendant le temps où s'était produit toutes les arnaques et divers chantages qui lui était reproché. Elle était étudiante et avait aisément pu apporter les preuves qu'elle ne pouvait être à deux endroits simultanément.

« c'est exact » répondis-je lentement a Helena « votre fille a été blanchie et je ne veux pas insister sur cette histoire qui a du être douloureuse, mais vous auriez du m'en parler »

« Pourquoi, c'est du passé, le casier judiciaire de Marie est maintenant vierge non ? »

« visiblement, pas encore, mais la justice met parfois un certain temps avant de mettre à jour ses données, l'affaire est encore toute récente madame »

Elle balaya de la main mon objection.

« La personne qui est morte a l'hôtel Royal, est certainement la même qui est la cause de toute cette histoire de fou, nous devrions donc être tranquilles maintenant.»

Je réfléchis un instant. Quelque chose ne me paraissait pas très clair dans tout cela, mais j'hésitai entre ennuyer un peu plus les femmes pour aller au bout de ce qui n'était qu'une sombre intuition de policiers retors et le désir de ne plus importuner cette femme qui ne me laissait pas indiffèrent.

« je comprends que vous ayez envie d'oublier tout cela, mais pourquoi m'avoir d'abord dit que vous aviez déclaré le vol de vos papiers il y a un mois, pour ensuite admettre que vous ne l'aviez pas fait » dis-je en m'adressant a Marie.

« Je ne voulais pas importuner maman avec tout cela, et il est vrai que j'aurais du déclaré tout de suite le vol de mon sac, mais comprenez-moi, je ne pouvais plus entrer dans un commissariat sans repenser à tout ce cauchemar. »

Elle qui était si sur d'elle au début de notre entretien, semblait maintenant fragile, a la limite de la crise de larmes.

« D'accord, je comprends et nous n'allons pas insister sur tout cela, je dois cependant prendre vos empreintes digitales, et après je vous laisse tranquilles. Veuillez me suivre le scanner se trouve dans un autre bureau »

« Pourquoi donc » demanda Helena

« C'est obligatoire dès qu'une enquête pour meurtre est en cours » mentis-je a moitié. En fait, seul les suspects doivent se soumettre au test des empreintes digitales et je ne comptais pas encore la jeune fille dans les rangs des suspects, mais il fallait que j'en soit certain.

Elles me suivirent de mauvaise grâce dans le bureau en question, je pris les empreintes et les laissait partir, espérant à la fois revoir Helena et ne plus les revoir dans le cadre de cette sombre affaire qui apparemment était élucidée en partie. La victime devait être celle qui avait usée de ses charmes pour faire chanter de riche homme mariés en se faisant passer pour Marie, elle avait certainement, pour parfaire son personnage, réussit à voler le sac contenant les papiers d'identité de la jeune fille. Restait à trouver le meurtrier, et pour cela les indices étaient plutôt minces. La police scientifique avait bien fait quelques relevés, mais aucun ne correspondait a des données connues dans les bases de la police judiciaire. Le meurtrier n'était pas connu des services de police, nous n'avions donc que peu de chance de la retrouver facilement.

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