Lettre à L'Humanité

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Chère Humanité, ou devrais-je dire moins hypocritement : Humanité,

Je vais te raconter une histoire. Peut-être sera-t-elle choquante, peut-être te fera-t-elle vomir, mais c’est comme tout ; on s’y habitue.

Il existe quelque part un monde merveilleux, un monde beau et magique.

Dans ce monde parfait, certaines personnes font la guerre pour faire régner la paix ; d’autres s’entretuent au nom de religions d’amour.

Dans ce monde d’amour et d’empathie, deux hommes qui s’aiment se font frapper devant un public passif qui ignore la scène en partageant le dernier article contre les violences faites aux homosexuels.

Dans ce monde d’amour et d’entraide, la couleur de la peau ferme des portes tandis que les valeurs « Liberté, Egalité, Fraternité » se font entendre de derrière le verrou.

Dans ce monde d’amour et de générosité, beaucoup préfèrent voir leurs confrères mourir derrière la frontière plutôt que de les aider à vivre de leur côté.

Dans ce monde d’amour et de réflexion, les habitants s’autoproclament une existence philosophique tandis qu’ils consentent à s’enfoncer dans une toile de paroles que tissent les araignées politique et médiatique.

Qu’y a-t-il, Humanité ? Cette histoire te semble familière ? C’est normal, c’est la tienne.

Humanité, tu le sais, nous le savons, qu’ici, quelque part, là-bas et même partout, quelque chose ne va pas. On ne le dit pas mais on le sait. On préfère juste garder nos œillères, c’est plus confortable, ça fatigue moins et comme ça on suit, sans se prendre la tête, les grands décideurs qui nous indiquent le chemin de nos vies.

Depuis toujours, tu exécutes, tu blesses et anéantis : toute personne différente, toute chose te gênant.

Si je devais te peindre, tes couleurs seraient haine et destruction en ajoutant, selon ton bon vouloir, une pointe de changement, d’espoir ou de rébellion. Une pointe c’est bien, c’est suffisant, il ne faudrait pas trop d’égalité ou de bonheur. L’égalité, c’est mal : sans elle, les privilégiés du monde seraient tristes, il faut des pauvres, des malheureux et des inférieurs. Surtout des inférieurs, car à côté d’eux, on se sent mieux, on se dit qu’on n’est pas si mal que ça. Le bonheur non plus c’est pas terrible. Ça rend fainéant et ça rapporte peu d’argent.

Humanité, tu as ce besoin viscéral de bercer les inégalités, de les faire grandir et de les rendre plus fortes pour mieux t’appuyer sur elles et ainsi perpétuer ce désastre et garder sous contrôle ce constant rapport de domination que tu appelles « la vie ».

Voilà, Humanité, j’ai fini l’histoire. Peut-être as-tu été choquée, peut-être as-tu vomi, mais c’est ça notre société ; on s’y habitue.

Toutefois, Humanité, tu as le choix. Vois la décision que tu peux prendre comme une pilule. Si tu choisis la pilule bleue, tu continues à feindre l’ignorance pour ton propre confort, comme tu l’as toujours fait. Si tu choisis la rouge, tu dis oui au changement, tu y participes activement et tu refuses ce conformisme.

Humanité, réagis ! N'as-tu pas honte ? Tu offres à tes jeunes générations un futur qui les répugne, un monde dans lequel elles ne veulent pas grandir, une société à laquelle elles ne veulent pas participer.

Humanité, à cause de toi, donner la vie n'est que synonyme d'égoïsme. Ces jeunes générations, tu les fais se questionner, douter : pourquoi voudraient-elles donner la vie et offrir à leur tour le pire avenir que l'on puisse souhaiter à un enfant ?

Nous le savons, les jeunes de demain hériteront de plus grandes catastrophes encore, des pires conflits et d'une humanité encore plus dévastée et dévastatrice que celle nous connaissons aujourd'hui.

Humanité, voici 2020 et à la place des voitures volantes, des esprits juvéniles déjà meurtris.

Femmes violées, voiles arrachés, transgenres défigurés, juifs agressés, homosexuels condamnés, asiatiques accusés, noirs tués, ma voix s’élève pour vous qui êtes muselés : Aucun humain n’est illégal sur une terre volée.

Alors Humanité, pilule bleue, pilule rouge ? Que choisis-tu maintenant ?

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