29/04/2020 - Nos corps

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Je me souviendrai toujours de ce jour fatal où le début d’un rêve est devenu un cauchemar en un claquement de doigts.

C’était un jour d’été, un après-midi comme tant d’autres cette année-là. Il y eut des jours où je retrouvais ma bande d’amies, et d’autres ou seulement deux d’entre nous étions disponibles, comme celui-ci. Sous ce beau soleil d’été, j’avais enfilé mon maillot de bain, avait fait attention à ne pas oublier ma fidèle bouée pastèque, et m’était empressée de te rejoindre. Ces petites chatouilles au niveau de l’estomac n’étaient pas près de s’évaporer. Le léger pincement au niveau du cœur, la respiration tremblante, je ne pouvais pas les chasser.

J’étais tellement pressée de te voir, que lorsque j’ai aperçu ton dos, je me suis figée sur place et je t’ai observée un instant. Une courbure parfaite, des cheveux toujours aussi soyeux et brillants sous le soleil éclatant. J’ai mis les mains dans mes poches, l’air décontracté, et j’ai marché vers toi. Comme à notre habitude, nous nous sommes immédiatement jetées à l’eau, accrochée toutes deux à la bouée, nous laissant dériver au fil du courant. Nous avons tellement papoté de tout et de rien, que je n’en ai aucun souvenir. A vrai dire, peut-être que je n’écoutais pas vraiment.

Ta tête se trouvait à quelques centimètres de la mienne, à peine. Tes yeux regardaient tantôt la surface du lac, tantôt les miens. Nos coudes se frôlaient, voire se chevauchaient parfois, déclenchant des frissons incontrôlables tout le long de mon bras. Nos pieds gigotaient en rythme, se rapprochant petit à petit.

Lorsque nous sommes sorties de l’eau, nous avons sorti l’habituel jeu de cartes et avons joué des heures dans l’herbe. Je ne suivais pas le jeu, qui n’était pas forcément divertissant. Non, je tentais de réprimer mes pulsions, et pourtant, j’ai songé tant de fois à leur céder.

La finesse de ses doigts lorsqu’elle manie les cartes. Les fossettes qui apparaissent aux creux de ses joues quand elle sourit. La manière dont ses yeux s’illuminent alors qu’elle rit. J’ai souvent rêvé prendre ta main pour l’embrasser, entrelacer mes doigts avec les tiens, presser mes lèvres contre les tiennes, et plonger dans ces longs cheveux. L’époque où tu me demandais de te les tresser me manque, j’aurais pu y passer de longues heures encore, à m’imprégner de leur odeur et à apprécier leur douceur. J’aurais pu passer d’autres longues nuits avec toi, à me laisser bercer par ton souffle serein alors que mon cœur s’emballe, et être réveillée par ta voix matinale.



Mais tout cela devait s’arrêter avant même de commencer, et le rêve s’est évanoui. Le cauchemar qui s’ensuivit dura quatre mois durant lesquels je ne pouvais ni entendre ta voix, ni te saluer par un câlin, ni même mon promener avec toi alors que tu me tenais le poignet. Je laisse ces sensations à l’état de souvenirs, et celles inconnues en fantasmes.

Tout ce que je pouvais supporter, c’était de te voir sourire sur nos anciennes photos, que je garde tout près de mon cœur.

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