Première partie - Née de la poussière

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 Elle n’était pas Sa fille, contrairement à tous et toutes, autant qu’ils étaient, à Lui vouer une reconnaissance éternelle. C’était cette terre, au commencement décharnée, qui l’avait vu se hisser sur ses membres tremblants. Elle se souvenait encore du paysage en ruine offert à ses pauvres yeux, qui s’habituaient peu à peu à la lumière aveuglante perçant la voûte céleste. Tout était gris, et le sol, mort sous son poids, brûlait. Le ciel, coloré d’un jaune pâle, ne lui avait inspiré que du désespoir. Elle était la seule survivante, et s’était engendrée de ce chaos.

 Ce fut là qu’elle Le vit, alors qu’elle sentait la force s’écouler petit à petit de son corps : Il s’était penché sur elle, la surplombant de toute Sa superbe. Elle ne sut pas ce qu’elle regardait, et encore aujourd’hui, ne pourrait clairement Le décrire. Mais, en revanche, elle avait encore la réminiscence du sentiment qui l’avait parcouru : la crainte.

“Pauvre petite créature. Je suis heureux de constater que tu aies survécu à notre querelle. Mais je suis navré de te voir ainsi. Quel miracle.”

 Il ne lui parlait pas de sa voix. Il n’avait pas de bouche de toute manière. Enfin, peut-être en avait-Il plusieurs, encore une fois, Il n’était que formes et amas de chair changeantes. Il communiquait directement dans sa tête. Ses paroles se répercutaient en un bruit doux et rassurant, mais une douleur atroce traversait son corps. Elle se tordit devant Lui.

  • C-c’est à cause… De vous…

 Elle puisait toute son énergie dans ses paroles, chargées de haine. Le bourdonnement revint dans son esprit, pourtant elle encaissa le coup, gardant éperdument son être invisible à la souffrance que cela lui procurait.

“J’en suis désolé, mais cela était nécessaire. Si je n’étais pas intervenu, mon frère aurait fait de ton monde une chose bien pire que cela. Je peux encore tout sauver. Je peux t’offrir quelque chose que tu n’aurais jamais pu avoir.”

 Pourquoi avait-il fallut qu’elle survive à cette fin du monde ? Pourquoi n’était-elle pas morte ? Il ne s'en rendait pas compte. Il ne pouvait pas comprendre que tout était déjà perdu pour elle, qu’il ne s’agissait pas d'un miracle. Mais Il était au-dessus de tout concept, et aucun mot ou acte n’aurait pu lui faire comprendre la tragédie qui s’était jouée.

  • Je ne veux rien… Rien de ce que vous pourrez-, articula-t-elle avec mal, m’offrir ne me… Sauvera…

“J’en doute fortement. Je peux voir combien tu es forte. Je peux le sentir, le goûter. C’est pour ça que tu es encore debout. Je ferai de toi ce que tu as toujours été.”

 Elle n’y comprenait plus rien. Le déchirement de toutes ses chairs continuait, et les larmes coulaient contre ses joues poisseuse de sang et de terre. Ce qu’elle avait toujours été. Toute son existence consistait à vivre pour sa famille, ses amis, sa communauté. Elle avait eu une seule raison d’exister ; celle de mener des jours paisibles parmi eux. Mais tout cela était fini désormais. Et Il allait prolonger inutilement ses souffrances. Elle aurait aimé lui hurler de la laisser, qu’elle puisse profiter de ses derniers instants en se souvenant de ceux qui l'avaient chéri. Au lieu de cela, son corps s’enflamma.

 Une terreur innommable s’empara d’elle. Un effroi si profond, si viscéral qui lui coupa toute réaction ; elle était en train de transcender l’espace et le temps.

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