Chapitre 56 - Le Nouveau Roi

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Quelques jours plus tard, ils arrivèrent à la capitale. Les habitants étaient sortis sur le palier, jetant en signe de deuil des fleurs blanches devant les chevaliers, accompagnées d’une chanson douce et prenante qui traversait le sang et remontait jusqu’au cœur. C’était si calme. Le silence planait au château royal. Vorondil n’était pas sorti de sa chambre depuis son arrivée. Narmacil, anxieux, marcha jusqu’à ses quartiers et s’arrêta devant sa porte.

— Tu t’inquiètes aussi pour lui ? demanda Cirth.

Il se retourna et le vit au coin du couloir. Cirth s’approcha doucement, sans dire un mot, et regarda Narmacil dans les yeux.

— Nous avons évité le sujet depuis cette nuit-là mais il faudra bien en parler, répondit Narmacil.

— Oui, cela me hante sans relâche. Je veux savoir ce qu’il compte faire désormais.

— Pourquoi ne pas entrer pour lui demander ? ajouta Maedhros qui remontait vers eux.

— Maedhros ? Qu’est-ce que tu fais là ? demanda Cirth.

Le mage passa devant eux. Il s’approcha de la porte d’entrée, saisit la poignée et l’ouvrit. Il entra dans la chambre du prince, suivi de ses deux compagnons, et y vit Nomin qui parlait avec lui. Vorondil était vêtu d’une tenue de cérémonie, un costume argenté recouvert de plusieurs broderies élégantes, ainsi que d’une cape bleu foncé. Le magicien et lui se retournèrent vers leurs nouveaux invités.

— Vous m’avez appelé ? demanda Maedhros.

— Je vois que tu as amené quelques camarades, ajouta Vorondil.

— Ils attendaient à l’extérieur. Je pensais que ça ne leur ferait pas de mal d’entrer.

Nomin se tourna vers la table du fond. Il versa du vin dans deux coupes et les apporta aux deux compagnons. Cirth et Narmacil acceptèrent gracieusement.

— On fête ton couronnement ? demanda Narmacil, perplexe.

— Il ne sera que de courte durée. Je ne veux pas devenir roi. Anario est le plus qualifié pour ce poste.

— Il n’a toujours pas repris conscience ?

— Non, son état est encore fragile… Quant à Sauron, il s’est sacrifié pour notre royaume et il est maintenant à Evralar. Nous ne savons pas s’il est encore en vie mais je le ramènerai coûte que coûte.

— Mon seigneur, murmura Fantur au coin de la porte. C’est l’heure.

— J’arrive tout de suite. Je vous retrouverai après la cérémonie, surtout toi, Maedhros.

Vorondil quitta la pièce et suivit le maître Fantur dans les couloirs. Ils descendirent côte à côte les escaliers jusqu’à la salle du trône. Deux gardes ouvrirent simultanément les portes, dévoilant la salle décorée de mille et un trésor. Plusieurs seigneurs, aristocrates et chefs des royaumes alliés étaient réunis, formant une allée centrale. Le jeune prince inspira profondément et marcha sur le tapis rouge en velours qui recouvrait le sol, sous l’hymne du royaume chanté par ses invités. Il arriva alors sur la petite estrade où se trouvait le trône, monta dessus et se tourna vers son peuple. À sa droite, sur le balcon en argent massif, Narmacil, Rana, Cirth, Nomin, Maedhros et même Nessa s’étaient réunis pour le regarder. Il leur sourit tendrement tandis que Fantur s’approchait de lui, accompagné d’un valet qui portait le coussin sur lequel était posée la couronne royale.

Le jeune homme se tourna vers lui et lui fit signe d’attendre quelques minutes, le temps de prononcer quelques mots avant le début de la cérémonie et de son serment.

— Je sais que ces derniers jours ont été difficiles pour nous tous. Nous avons perdu un roi, un dirigeant, un père, et en même temps, nous avons perdu une reine, une guerrière et une mère. Quant à mon frère, seul l’avenir nous en dira plus. Cela a bousculé les choses, le royaume a rapidement eu besoin d’un nouveau roi mais personne n’a proprement eu le temps de faire son deuil. C’est pourquoi, moi, prince Vorondil, fils du roi Calion, j’aimerais que nous consacrions une minute de silence à l’homme qui nous a protégés durant toutes ces années et que, bien que tout son corps soit introuvable, une tombe lui soit installée dans le sanctuaire.

D’un coup, la pièce se remplit d’un immense silence. C’était un sentiment poignant. Lorsque toute une foule ne fait plus de bruit dans une pièce si vaste, on ressent alors une sensation forte. Tous restèrent debout, fermant les yeux, rendant hommage au roi dans leurs cœurs et leurs esprits. Lorsqu’une minute fut écoulée, ils ouvrirent les yeux. Vorondil s’inclina face à Fantur et mit un genou à terre. Le maître prit alors la couronne entre ses mains, brillante et majestueuse, et la posa délicatement sur sa tête, il dégaina l’épée de son père et la lui tendit dès qu’il se redressa.

— Prince Vorondil, à la suite de la perte tragique de notre roi Calion, protecteur du royaume, conservateur de la paix, et de l’incapacité de son premier héritier Anario, commandant des armées, de prendre sa place je vous nomme aujourd’hui le nouveau roi, récita Fantur. Faites votre serment.

Vorondil le regarda dans les yeux. Il saisit l’épée de son père, se tourna vers la porte de la salle, plaça sa main droite sur le manche de l’arme, la pointe dans le sol, la tête baissée et son autre main sur son cœur.

— Moi, Vorondil, fils du défunt roi Calion, frère du prince Anario, je fais le serment de protéger le royaume, de conserver la paix, d’empêcher l’iniquité, d’observer la justice et la miséricorde, et de maintenir l’héritage de nos ancêtres, jusqu’à ma mort. Qu’on me punisse si je fuis la bataille, qu’on me dénonce si je trahis mon peuple, mais qu’on me sollicite quand le danger nous menace.

— Longue vie au roi ! cria simultanément la foule. Longue vie au roi !

Tout le monde s’agenouilla devant lui, lui jurant fidélité. Lorsque la cérémonie toucha à sa fin, les invités furent attendus dans le réfectoire pour profiter de quelques amuse-bouches et du vin local tandis que le nouveau roi saluait chacun de ses alliés, rediscutant par moments les serments que son père avait prononcés en leur faveur. La discussion close, il se dirigea vers ses compagnons qui l’attendaient sur le côté.

— Et dire que tu rejetais ce titre, remarqua Rana.

— Juste l’idée de devenir roi te donnait la nausée, ajouta Narmacil.

— Chut, il faut garder ça secret. Le temps qu’Anario puisse prendre ma place.

— Mon roi, salua un colonel d’armée. J’ai ce que vous m’avez demandé, suivez-moi.

— Je vous suis, répondit Vorondil. Venez avec nous, si vous voulez comprendre.

Le jeune roi suivit discrètement Astaldo aux côtés de Maedhros et Nomin vers les couloirs du château. Les trois compagnons, laissés derrière, se regardèrent. Après quelques instants d’hésitation, ils décidèrent de les suivre à quelques pas de distance. La troupe sortit du bâtiment principal, traversa les nombreuses cours du château et arriva devant la porte de la prison, gardée par une dizaine de gardes qui ouvrirent la voie à la vue de leur nouveau roi. Les couloirs étaient sombres et poussiéreux. Des torches enflammées sur les murs éclairaient les lieux. Astaldo arriva devant un escalier. Il fit signe aux gardes de la prison de ne plus les suivre et descendit les marches, longea un autre couloir et s’arrêta devant la seule porte qui s’y trouvait. Tout le monde s’arrêta sans dire un mot. Vorondil prit la clé en main, l’introduisit dans la serrure et ne bougea plus.

— Qu’est-ce qu’il y a derrière cette porte ? demanda Cirth.

Au même moment, le roi tourna la clé vers la gauche plusieurs fois ; un engrenage se fit entendre et le colonel poussa la porte d’une main.

— Bonjour Isil, murmura Vorondil.

Elle était bien là, enchaînée contre un mur avec de lourdes chaînes en acier. Plusieurs sceaux dessinés par Maedhros sur des bouts de papiers étaient collés sur les murs, empêchant toute incantation de la part de cette sorcière. Ses cheveux étaient en pagaille et son visage sale. Il y avait des traces noires dessus et du sang sur ses lèvres. Vorondil entra dans sa cellule. Il s’approcha d’elle doucement et s’accroupit. Il prit alors sa mâchoire entre les doigts de sa main et releva son visage pour la regarder dans les yeux.

— Tu croyais vraiment que tu allais t’en sortir ? Tu nous as bien eus. Je devrais te pendre ou même te couper la tête pour le meurtre de mon père et de ma mère. Mais j’ai encore besoin de toi. Tu vas me dire comment me rendre à Evralar, du moins tu le diras à Maedhros et Nomin. Après tout… ne veux-tu pas revoir ton tendre amant ? Car moi, j’ai envie de retrouver Sauron.

FIN DU TOME 01 "La Légende de Sauron : La Guilde des Corbeaux" ♦

On se donne RDV pour la suite...

Bonjour tout le monde ! Le jour du dernier chapitre est arrivé et c'est avec beaucoup d'émotions qu'il marque la fin du tome 01. Cela fait 1 an que je publie chaque semaine et que vous répondez à l'appel. J'aimerai vous dire un grand MERCI :)

Merci pour vos lectures, vos commentaires, vos messages et votre soutien au quotidien. Noémie et moi sommes restées très motivées grâce à vos retours, ce qui nous a notamment permis de voir cette histoire prendre vie sur le papier puisqu'elle est désormais disponible à la vente en format broché pour les intéressés. Je vous laisse le lien en commentaire :D En attendant de se retrouver pour la suite je vous invite à aimer, commenter et partager LLDS ! Et pour être sûr de ne pas rater la sortie du 02, vous pouvez me suivre sur Scribay ou sur Instagram.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT

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