Chapitre 52 - La Nuit Sanglante

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Cela faisait un bon moment que Sauron combattait la Guilde Nocturne afin de protéger Anario et surtout le royaume qui lui appartenait de droit. Eöl, l’un des membres de la Guilde, était déjà à terre, et il avait ciblé Aegnor avec l’une de ses techniques explosives. Cependant, alors qu’il relâchait son aura, confiant, en direction du chef, l’un des membres s’interposa. Il bondit devant lui et des sortes de petits portails obscurs apparurent dans le creux de ses mains, absorbant complètement toute la puissance de Sauron. Il n’en croyait pas ses yeux, comment était-ce possible ?

On dirait la technique d’Eöl, remarqua Sila.

J’ai bien l’impression qu’ils savent tous plus ou moins l’utiliser.

L’homme regarda Sauron au loin, fier. Il souleva sa capuche et révéla alors un casque d’argent qui enveloppait entièrement sa tête, laissant apercevoir seulement ses yeux bleus lumineux. Il portait l’accoutrement typique de la Guilde : des vêtements noirs et obscurs, un capuchon, et avait pris soin de mettre des lames sur le côté de ses avant-bras en métal.

— Qui es-tu ? demanda Sauron.

— Vasa, le dévoreur.

Sauron fit un signe à Sila et il prit alors son envol rapidement, traçant une ligne de feu entre lui et ses adversaires. Les flammes étaient chaudes et brûlaient haut dans le ciel, éblouissant la vue du chef et de son compagnon. Sauron en profita pour relancer l’une de ses charges explosives en combinant deux boules d’aura vers Vasa qui l’absorba à nouveau dans ses mains.

— Cela ne sert à rien ! ricana-il.

Tandis que celui-ci était occupé à défendre son chef, il ne remarqua pas tout de suite l’absence de Sauron. Ce dernier tomba violemment du ciel, emporté par le dragon, juste devant lui et le frappa d’un coup de poing enrobé d’énergie qui le mit à terre. Sila atterrit seulement quelques pas derrière Aegnor.

Ce dernier observa la situation dans laquelle il se trouvait. Derrière lui, une bête immense qui ne semblait pas vouloir le lâcher et, quelques mètres plus loin, Sauron au-dessus de Vasa, prêt à lui infliger le coup de grâce. Il ferma alors les yeux, soupira profondément avant d’afficher un petit sourire en coin. Son aura se concentra rapidement autour de lui, à la vitesse du vent. Lorsqu’il repoussa ses bras d’un geste brusque, elle se transforma en air qui emporta brutalement les deux compagnons en arrière. C’était comme s’il avait fait naître des tornades à partir de sa propre énergie, assez fortes pour repousser non seulement Sauron, mais aussi Sila qui s’écrasa contre les murs du gouffre. La poussière agitée par ce coup se dissipa peu à peu. Le jeune homme regarda ses adversaires dans les yeux. Merde, si même Sila est emporté par cette aura, ce sera sûrement plus dur que je ne l’imaginais.

— Il est vrai que tu es fort, remarqua Aegnor. Mais depuis combien de temps t’entraînes-tu ? Un mois ? Une semaine ? Ou alors quelques jours à peine ? Jamais tu ne pourras rattraper mon niveau en seulement quelques minutes. Maintenant, viens par ici…

L’aura qui s’était matérialisée en vent violent revint comme un boomerang vers Aegnor, emportant Sauron sur son passage, contre son gré. Il s’envola rapidement vers lui. Vasa l’agrippa par la gorge lorsqu’il fut à sa portée et l’écrasa violemment contre le sol en mettant tout son poids sur lui pour ne pas qu’il puisse bouger. Sauron était piégé. Il ne pouvait se débattre et son aura diminuait petit à petit, absorbée par les portails de l’homme, jusqu’à ce qu’elle devienne à peine visible.

— Tu croyais vraiment pouvoir m’échapper ? J’ai tellement attendu ce moment où je verrai la peur dans ton regard, la peur de mourir.

Aegnor s’approcha de Sauron. Il s’avança pas à pas et s’arrêta au niveau de son visage, puis il s’accroupit doucement et le regarda dans les yeux, affichant un grand sourire.

— Tu as vraiment le même regard que ton père. Je me rappellerai toujours les yeux qu’il avait avant que je ne le tue.

Sauron pensait avoir mal entendu ce qu’il venait de lui dire. Il aurait donc tué mon père ? Impossible… Trop de rumeurs lui avaient été rapportées sur ce qui était vraiment arrivé.

— Et maintenant, ce sera ton tour. Ma famille, mes amis, les membres de la Guilde, je leur apporterai la paix et la sérénité. Je deviendrai le roi des démons et mettrait fin à toutes les rebellions d’Evralar. Tu n’es qu’un écho qui traverse notre monde, semant le doute en chacun des habitants. Mais je vais y mettre fin. Après tout, tu ne voulais pas de ce titre.

Sauron n’arrivait plus à bouger. Il regarda Aegnor qui se tenait devant lui avec mépris. Certes, il n’aurait jamais deviné qu’il était le roi des démons et ne l’aurait peut-être jamais appris, mais maintenant qu’il savait qui il était, il ne pouvait l’ignorer. Laisser le monde de son père entre les mains de cet imposteur ? Non ! Il ne pouvait se réduire à ça. Des gens comptaient sans doute encore sur lui. Cependant, il n’était pas dans une posture de négociation. Sa vie et son destin s’étaient transformés si vite. Il tourna les yeux sur le côté, à la recherche d’un visage familier. Sila était encore secoué par le choc, bien trop loin de lui, et Anario se tenait à plusieurs mètres, tétanisé par la peur. Soudain, il le vit s’agiter, reculant, et examinant ses pieds. Curieux, il se demandait ce qui lui prenait.

— Je vois que ton ami s’est rendu compte du changement, la Nuit Sanglante ne va plus tarder, remarqua Aegnor en se relevant, les yeux vers le ciel.

Les vêtements de Sauron devenaient humides. Il releva sa main du sol et vit du sang sur ses doigts. C’était comme si la terre saignait. Du sang remontait à la surface tandis que la nuit devenait sombre et obscure. Les étoiles disparaissaient pour laisser place à une lune rouge écarlate.

— Préfères-tu mourir ici ou à Evralar ?

Sur ces mots, Anario profita des quelques secondes d’inattention pour courir vers son camarade. Il mit alors son bras en avant et une onde d’aura s’en échappa. Elle se dirigea tout droit vers Aegnor et son camarade. Elle était pleine de puissance et de haine. Tous deux bondirent en arrière pour l’éviter, laissant Sauron sur le sol.

— Qu’est-ce que tu nous fais là ? se moqua Aegnor.

— Je m’en charge, chef, répondit Vasa en se ruant vers Anario.

Il arriva alors à toute vitesse, bondit sur lui et donna un violent coup de pied entouré d’aura au niveau de l’abdomen, le faisant reculer sur plusieurs mètres.

— ANARIO ! cria Sauron en essayant de se relever.

Il n’avait plus d’aura dans son propre corps. Totalement épuisé, ses membres étaient engourdis et il avait du mal à bouger. Il se tourna sur le ventre et rampa très lentement vers son ami. Isil, qui voyait tout de son perchoir, bondit sur Sauron. Elle l’écrasa brutalement contre la terre humidifiée de sang.

— Où crois-tu aller comme ça ? Il était sur la liste de toute manière. Pour que je puisse m’emparer du trône.

— Laissez-le tranquille ! murmura Sauron.

Vasa courut à nouveau vers Anario. Il lui infligea un brutal coup de poing dans le visage, coupant sa joue avec la lame incrustée sur son canon d’avant-bras. Anario recula d’un pas. Il saisit son épée et contra son deuxième poing. Sa lame ricocha alors sur l’avant-bras de son adversaire, créant des étincelles. Successivement, leurs lames s’entrecroisèrent. Anario ne lâchait pas son adversaire des yeux, cherchant la moindre ouverture, mais ses pieds s’enfonçaient de plus en plus dans le sol gorgé de sang, ralentissant ses mouvements.

— Tu n’es pas assez fort pour me vaincre, et tu fais bien trop de mouvements inutiles, répliqua Vasa, confiant.

Alors qu’Anario avait du mal à ressortir ses pieds, il bondit en arrière et le regarda. Il plaça sa main devant le prince en souriant. Les portails qui étaient apparus plus tôt sur sa paume réapparurent, dégageant une petite fumée noire.

— Tu veux que je t’aide à te dégager de là ? demanda-t-il.

Derrière la brume obscure, une lumière rouge apparut, devenant de plus en plus lumineuse, puis elle y sortit rapidement, en direction d’Anario.

— Je peux absorber l’aura, mais aussi la récupérer. Je t’offre donc celle de ton ami.

L’aura de Sauron ? S’il dit vrai, je suis fini. Elle est bien trop puissante. Même si je concentrais la mienne autour de mon corps pour me protéger, je ne suis pas sûr de m’en sortir. Anario pouvait cogiter autant qu’il le voulait sur la question, il n’avait pas assez de temps pour trouver une solution. La charge sortit de sa main dans sa direction. Il lâcha son épée à terre et concentra toute l’aura de son corps autour de lui. Lorsque celle de son adversaire l’impacta, il vola violemment dans les airs, plusieurs mètres au-dessus de la terre avant de s’écraser sur le sol.

— Je ne pensais pas que ce serait aussi simple, ajouta Isil en regardant le corps d’Anario sur le sol. Maintenant, il a rejoint son père.

— A-Anario… chuchota Sauron. Je n’y crois pas… Comment as-tu pu faire ça ? Ne l’aimais-tu pas ?

— L’aimer ?

Isil descendit alors du dos de Sauron et le regarda avec dégoût. Elle sortit un poignard de sa manche et l’enfonça brutalement dans son épaule. Sauron ferma les yeux, il serra les dents et essaya de ne pas ressentir la douleur dans sa chair.

— Ne dis plus jamais cela ! Il aurait dû se marier avec moi, alors nous aurions eu le trône et je ne l’aurais pas tué. Mais maintenant, c’est trop tard, je règnerai aux côtés d’Aegnor.

— Isil, arrête. Je veux le garder en vie jusqu’à ce que la porte vers Evralar apparaisse. Je l’entends déjà s’approcher.

Une ombre rougeâtre et brumeuse apparut au milieu du ciel, comme un nuage. Elle s’agita, formant une sorte de tourbillon, marquant l’endroit où la porte aller s’ouvrir. Les démons en sortiraient alors, envahissant le monde des humains, et Aegnor repartirait avec la dépouille de Sauron, laissant Isil aux commandes de ces créatures et de cet endroit.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT


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