Chapitre 49 - Exécution

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Pendant ce temps, Sauron s’était précipité dans la forêt afin de rattraper Estrid. Elle était pour lui l’un des seuls moyens de mettre la main sur Aegnor et la Guilde Nocturne. Elle courait devant lui en riant froidement, sautant au-dessus des rochers et des rondins qui lui barraient la route. Le jeune homme accéléra de toutes ses forces derrière elle, prenant soin de ne pas trébucher sur les racines des arbres qui sortaient de la terre. Il zigzaguait entre eux, jusqu’à ce qu’il la rattrape. Ils arrivèrent ainsi dans une petite clairière. Le sol était froid et bleuté, les arbres des alentours avaient des troncs blancs. Elle s’arrêta devant lui et se retourna. Ils se regardèrent droit dans les yeux pendant quelques instants.

— Dis-moi où se trouve Aegnor !

— Pourquoi le ferais-je ?

— Ne m’oblige pas à te tuer, répondit-il en agrippant sa claymore.

— Comme tu l’as fait avec Dagnir ? Même si c’était un idiot, je ne te le pardonnerai jamais ! s’écria-t-elle.

Elle serra son merlin dans sa main, cette hache au long manche et à la lame épaisse, et regarda Sauron, prête à le tuer. Elle courut vers lui à toute vitesse. Ses jambes étaient légères et elle se déplaçait très rapidement. Arrivée à sa portée, ce dernier avança sa claymore pour contrer son coup, mais à sa grande surprise, elle poussa sur ses pieds et vola au-dessus de lui comme un papillon. Elle tomba gracieusement derrière lui et infligea un coup tranchant dans son bras droit avant de bondir vers l’arrière. Sauron ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi rapide. Lorsque la lame lui coupa la chair, il se retourna et mit son épée devant lui.

— Je suis bien plus rapide que ce que tu ne le crois, remarqua Estrid. Cette blessure me suffira à gagner le combat si tu insistes à me tuer.

Sauron souleva le tissu de sa manche avec le bout de ses doigts pour examiner la plaie. Il vit une substance visqueuse qui se mélangeait à son sang, créant une petite fumée verte. C’était sans aucun doute du poison qu’elle avait pris soin de mettre sur sa lame. Estrid tourna autour de lui lentement en s’éloignant petit à petit.

— Ton bras va peu à peu s’engourdir et tu ne seras plus capable de soulever cette lourde épée. J’ai pour ordre de ne pas te tuer mais c’est très dur de résister à une telle opportunité.

— Je croyais que c’était votre but ?

— Oui, mais si je le fais à la place de mon chef, il me tuera après.

Sauron enfonça sa claymore dans la terre humide, dénoua sa cape et la posa à terre. Je n’ai pas besoin de mon épée pour la battre. Il se rua vers elle. Estrid comprit ses intentions et elle jeta elle aussi son arme au sol. Lorsqu’il arriva devant elle, la jeune femme porta un coup de pied au niveau de son crâne, le faisant reculer de quelques pas. Elle en profita pour lui donner une droite au visage mais il l’évita en inclinant sa tête. Il cogna son ventre en retour, enfonçant son poing comme dans de la mousse plusieurs fois avant de remonter sa main au niveau de sa figure et de la frapper violemment sous son menton. En l’espace de quelques instants, elle fut secouée et sa vue se brouilla. Elle sentit alors plusieurs coups de poing dans son visage. Sauron semblait prendre le dessus.

— Tu es peut-être rapide mais j’ai de l’expérience en ce qui concerne ce domaine. Je me suis souvent pris des coups, et je suis plus à l’aise avec mes poings qu’avec une arme.

Estrid continua néanmoins le combat. Malgré ses coups rapides et tranchants, elle ne semblait pas l’atteindre ou le repousser. Sauron avait souvent été battu lorsqu’il vivait encore au village d’Imrad. Il encaissait chaque jour et, en grandissant, il répliqua peu à peu.

Elle le frappa plusieurs fois au visage, dans les côtes et même dans l’abdomen, mais ses coups restaient moins violents que les siens. Ils se battaient sans relâche, s’infligeant des bleus, des coupures et d’horribles marques partout sur leurs corps. La jeune femme savait qu’à un moment donné, Sauron ne pourrait plus mettre autant de force du côté droit. Son bras, sa main et ses doigts seraient engourdis. Pour elle, ce n’était qu’une question de temps.

Petit à petit, le soleil descendait et le poison se répandait dans le sang de son adversaire. Lorsqu’elle le vit reculer pour reprendre son souffle, elle bondit sur lui et dirigea son poing en plein dans son visage, mais elle avait tort de croire qu’il était déjà épuisé. Il avança d’un pas, prit appui sur son genou gauche et cogna violemment son nez avec son poing. Estrid se rua à nouveau vers lui. Il agrippa les vêtements de son dos et lui donna un coup brutal dans le ventre. Il la poussa violemment et infligea un crochet du gauche en plein dans sa mâchoire.

Estrid était complètement sonnée. Elle recula sur plusieurs mètres et tomba à terre. Elle inspira, expira et le regarda dans les yeux avec mépris. Il y avait plein de haine dans le regard de Sauron. Elle avait l’impression de regarder un monstre et ça lui donnait des frissons. Soudain, elle se mit à trembler. Est-ce que j’avais raison de venir à lui ? Depuis que Dagnir s’est sacrifié pour libérer le démon qu’il y a en lui, il a bien plus de force que ce que j’imaginais. De toute façon, je ne suis pas là pour le tuer, je dois juste gagner du temps. Elle se releva péniblement en le fixant, essuya le sang qui coulait de sa bouche avec sa manche et se redressa.

Sauron courut vers elle et continua de la frapper en donnant des coups de pied et de poing, mais elle les évita tous. Il eut alors l’impression que ses coups devenaient de plus en plus lents, mais en vérité, c’était elle qui était de plus en plus rapide. Elle avait concentré son aura autour d’elle et fait en sorte de la dissimuler pour que Sauron ne puisse pas la voir. Une couche très fine la recouvrait et le jeune homme ne la remarqua même pas, trop préoccupé à battre son adversaire.

Vite, Sauron fut agacé de la voir éviter ses coups en souriant. Il la poussa violemment d’un coup de pied dans l’abdomen et elle tomba à nouveau sur le sol. Il sauta sur elle et l’accabla de coups au niveau du visage de plus en plus rapides et violents. Du point de vue d’Estrid, elle crut voir un véritable monstre, et soudain, elle réalisa qu’elle avait bien le roi des démons devant elle. Elle sourit, arrêta un de ses coups dans sa main et le regarda dans les yeux en serrant le poing de son adversaire entre les doigts.

— Tu es un véritable démon maintenant. Ne ressens-tu pas du plaisir à me frapper ? Comme tu ressentiras du plaisir à tuer tes propres amis ?

— Ne dis pas de sottises. J’abrégerai tes souffrances si tu me dis où se trouve ton chef !

— Ne sois pas si idiot. Ça suffit maintenant ! cria-t-elle.

Estrid concentra alors toute son aura autour d’elle, sans la dissimuler. Elle était puissante et dynamique. Elle repoussa violemment Sauron vers l’arrière avec ses pieds, se releva et lui infligea un coup de poing brutal au visage. Sa joue devint toute rouge, un peu de sang s’en dérobait. Ils se regardèrent dans les yeux, la sueur coulait le long de leurs corps, ils étaient épuisés. Ils coururent l’un vers l’autre, chacun prépara son poing et ils se cognèrent simultanément dans le visage brutalement. Estrid déplaça toute son aura dans sa main droite et elle le repoussa en arrière. Il recula de quelques pas et vit sa droite se diriger encore vers lui. Il serra alors ses doigts, s’avança rapidement sur son genou gauche et frappa dans l’abdomen de la jeune femme. Elle cracha du sang au moment de l’impact et recula également.

— J’en ai marre de toi. Je ne devais que gagner du temps mais j’ai vraiment envie d’en finir ici.

— Gagner du temps ?

Les yeux d’Estrid changèrent de couleur. Ils prirent celle qu’avaient ceux d’Ohtar au moment où il était contrôlé par les sorcières. Une ombre noire apparut derrière elle, atteignant le sommet des plus hauts arbres. Elle était brumeuse avec des pupilles blanches et lumineuses comme deux petites lunes dans la nuit. Il fut surpris et recula brusquement, se préparant à utiliser l’ondo contre elle. Son aura sanglante l’entourait et un jet sortit de son poing droit pour venir la traverser. Le torse de la femme recula brusquement comme lorsque la balle d’un pistolet traverse la chair. Mais Estrid continua d’avancer comme si rien ne lui était arrivé. Qu’est-ce qu’elle a fait ? L’apparence de Sauron changea, plus il utilisait son aura, plus il se transformait en démon et ne pouvait rien faire pour empêcher ces changements.

— Tu ne me laisses plus le choix ! cria-t-il.

Il récupéra sa claymore sur le sol et courut dans sa direction. Il la pointa en plein dans son cœur mais elle ricocha contre l’aura de son adversaire et vola quelques mètres derrière. Tant pis ! L’aura de Sauron devint plus puissante et colorée, ses griffes étaient tranchantes et ses cornes mi-longues. Il recula son coude et, brusquement, entra sa main dans le torse d’Estrid. Ses griffes s’enfoncèrent dans sa chair jusqu’à la traverser. Ses doigts rentrèrent dans sa poitrine et le sang coula le long de son bras. Il l’avança profondément, sentant l’intérieur de ses entrailles, ses veines, la chaleur de son fluide vital et même le tissu qui entourait son cœur. Il sentit les battements entre ses doigts et le saisit d’un coup sec dans le creux de sa main.

— Tu veux vraiment mourir ici ? demanda-t-il. Je n’hésiterai pas à arracher ton cœur. Pourquoi te ranges-tu aux côtés de cet homme ? Laissez les humains et rentrez chez vous. Cela ne vous suffit pas de semer la terreur à Evralar ? Nous pourrions vivre en paix à la place de s’entretuer.

— Cela ne sert plus à rien de dialoguer avec elle, Sauron.

Sauron tourna légèrement la tête vers l’arrière et vit Maedhros qui se trouvait entre les arbres, à seulement quelques mètres de lui. Ce dernier s’avançait doucement vers lui.

— Elle vient d’abandonner son âme. C’est ce que tu vois derrière elle.

— Ne peux-tu pas faire quelque chose pour qu’elle redevienne comme avant ?

— C’est trop tard. Il n’y a plus que toi qui pourras terminer les choses.

Le cœur d’Estrid continuait de battre dans sa main. C’était le dernier signe de vie qu’elle manifestait. Après tout, je ne suis pas obligé de la tuer, pensa Sauron. Il sentit alors une terrible froideur l’encercler. L’âme brumeuse qui se trouvait derrière elle agrippa le corps de Sauron dans ses mains. Il sentit son sang se glacer. La verdure du sol se dessécha et le phénomène s’éparpilla tout autour de lui. Les fleurs perdirent leurs couleurs et se glacèrent, l’herbe devint noire et les arbres s’éteignirent comme des torches. Les ténèbres qu’elle avait invoquées s’emparaient de toute forme de vie. Sauron comprit rapidement que s’il n’y mettait pas fin, il ne pourrait stopper cette noirceur. Il serra le cœur dans sa main et retira son bras en l’emportant. Les veines et les artères cédèrent sur le coup. Le sang recouvrait sa poitrine et gicla sur le visage de Sauron. Le corps d’Estrid tomba violemment sur le sol mais son âme ne disparut pas. Elle se détacha d’elle et s’envola vers le ciel comme si elle fuyait. Le jeune homme tomba lui aussi à terre, sur ses genoux. Il regarda le cadavre se trouvant devant lui d’un regard vide.

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Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT


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