Chapitre 22 - L'Oeuf de Dragon

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Vorondil était perplexe face aux explications du magicien, il se sentait responsable de ce qui allait arriver. Après tout, il avait longtemps affronté son père pour lui prouver l'utilité de la Guilde des Corbeaux face aux phénomènes hors du commun. Cela faisait des années qu'il combattait les bêtes de l'ombre et les maudites sorcières qui menaçaient leur royaume. Certes, il avait pu remarquer depuis quelques mois que ceux-ci devenaient de plus en plus nombreux, mais en aucun cas il n'aurait pensé à quelque chose comme la Nuit Sanglante. Il se leva silencieusement et remercia Nomin pour le temps qu'il lui avait accordé. Avant de partir, il lui confia le grimoire pour qu'il le garde en sécurité et qu'il l'étudie davantage afin de trouver, peut-être, une solution. Il raccrocha son arme dans son dos et sortit de la chaumière sous le regard de Kemo. Dehors, le prince s'approcha de sa monture et passa sa main le long de son encolure, puis il se dirigea vers le centre-ville en la laissant ici.

Vorondil longea les petites rues du quartier sud afin de rapidement quitter ce lieu lugubre, sans se rendre compte qu'une ombre le suivait de près. Rapidement, le bruit de la foule atteignit ses oreilles ; un grand marché se tenait dans les rues principales animées de quelques clowns de foire et de musiciens. Il marcha dans l'allée centrale et se faufila entre les passants. Le parfum du thé envahissait la rue, dans plusieurs pots se trouvaient des fruits séchés mélangés à des herbes et des feuilles de thé – l'odeur de fraise et de menthe fraîche était notamment au rendez-vous. Tout près se tenait un vendeur de tapis, un vieil homme semblant revenir d'un long voyage et parlant fort afin d'attirer les clients. Dans toute la rue jusqu'à l'autre bout de la ville s'étaient installés des centaines de marchands différents, vendant des livres, des meubles anciens, des bibelots, des armes, de la viande, des animaux, des légumes, des fruits comme des bijoux. Quoi que l'on cherchât, on pouvait le trouver ici à coup sûr.

Le jeune prince s'arrêta devant un stand de sabres comme ceux qu'utilisait Narmacil pour se battre. Il y en avait de toutes sortes, posés sur les tables ou suspendus sur un présentoir. Des petits aussi courts que des poignards et des longs comme la claymore de Sauron, des fins et des plus épais, des rouges, des violets ou des noirs. L'un d'eux attira l'attention de Vorondil ; il avait non seulement le manche noir, mais sa lame l'était tout autant. Une lame noire ? s'interrogea-t-il. Je n'en avais jamais vu auparavant. La marchande s'approcha de lui, c'était une vieille femme aux mêmes airs qu'Isil et Narmacil, la peau blanche et les cheveux noirs noués en un gros chignon tombant sur sa nuque. Elle avait une veste aux manches épaisses en soie rouge avec un tigre doré brodé dans le dos, un pantalon en toile un peu large et de petites chaussures.

— Ce sabre attire l'attention de beaucoup de passants.

— Il est magnifique et très intrigant, répondit Vorondil.

— Bien des yeux se sont posés sur lui, mais personne ne l'achète. C'est un fardeau trop lourd à porter. Dans cette lame est enfermée l'âme d'un grand épéiste renégat qui assassina tout son village en quelques heures. Votre épée n'est pas mal non plus. Je n'en avais jamais vu d'aussi grande. Où avez vous trouvé autant d'acier de Hel ?

— Vous connaissez le Hel ?

— Mon garçon, j'ai forgé des sabres presque toute ma vie, et quelques fois, il m'est arrivé d'en forger avec ce même acier. Mais c'était il y a fort longtemps. Maintenant, je n'en vois plus et je pensais qu'il avait disparu.

— Eh bien, ce sera notre secret.

— Dites, vous aimez les choses qui sortent de l'ordinaire ?

La vieille dame s'aventura au fond de son stand, derrière un petit rideau qui servait de porte, puis revint avec un petit coffre en bois lisse et brillant. Elle le posa sur l'une des tables du fond et fit signe à Vorondil de s'approcher. Avec une petite clé dorée qu'elle inséra dans la serrure, elle l'ouvrit tout doucement. Le coffre contenant un petit œuf entouré d'écailles argentées qui brillait de mille feux. Vorondil le prit dans ses mains et le trouva curieusement léger pour renfermer quelque chose à l'intérieur.

— Qu'est-ce que c'est ?

— C'est un œuf de dragon.

— Un œuf de dragon ?! Mais il est bien trop léger.

— Il n'a pas eu l'occasion d'être couvé.

— Ou alors ce n'en est pas un, ajouta une voix venant de la rue.

Le prince et la marchande se retournèrent d'un coup, intrigués par la voix qui avait interrompu leur conversation. Se tenant dans l'allée principale, devant la tente, se trouvait Isil. Elle était habillée de sa longue robe, comme à son habitude, mais cette fois-ci, sa nuque était dégagée, tout comme ses épaules qui avaient été abandonnées par sa longue chevelure coiffée en chignon sur le haut de son crâne, orné de petites perles dorées et rouges. Enfin, elle tenait une jolie ombrelle en dentelle au-dessus de sa tête pour se protéger du soleil ; elle la ferma et s'approcha doucement.

— Les dragons ont disparu il y a maintenant de nombreuses années, tout comme leurs œufs. Même s'il avait été possible d'en retrouver un, il aurait été bien plus gros et... bien plus lourd, dit-elle après l'avoir pris dans les mains. Vous ne le vendriez pas, voyons.

— Alors c'est un faux ? s'exclama le prince.

— On ne peut pas tromper une sorcière de magie noire. Je suppose que je n'ai pas besoin de parler davantage, ajouta la marchande en refermant son coffre.

Vorondil et Isil sortirent de la tente. Elle rouvrit son ombrelle et ils commencèrent à s'avancer dans l'allée, côte à côte.

— Ne t'inquiète pas. Elle arrivera bien à le vendre à quelqu'un qui n'y connaît rien.

— Ce n'est pas dans ton habitude d'être aussi attentionnée envers moi, Isil.

— On peut bien faire des exceptions. Et puis, je dois bien prendre soin du petit frère d'Anario quand il n'est pas là.

— Ah, c'est donc ça. En fait, tu veux me demander quelque chose par rapport à mon frère. Je me disais bien que tu ne ferais pas ça en temps normal. Tu ne m'apprécies pas autant, surtout depuis que j'ai formé la Guilde.

— Viens, marchons ensemble dans les rues de la ville, loin des oreilles curieuses, que je puisse te proposer un marché.

Les deux individus s'éloignèrent peu à peu de l'allée centrale où se tenait le grand marché pour s'aventurer dans les petites rues. Vorondil se concentrait sur la voix de la sorcière sans regarder où il mettait les pieds. Un homme, qui les suivait depuis tout à l'heure, continua à marcher dans l'ombre, il tourna une rue avant eux et disparut.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT


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