Chapitre 17 - Promesse

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Note : ce chapitre contient une illustration réalisée par Noémie DUMONT que nous ne pouvons malheureusement pas publier sur Scribay. Vos pouvez la retrouver sur mon compte Wattpad, Instagram ou Facebook ! Bonne lecture :)

Après s'être séché, Sauron enfila de somptueux vêtements que lui avez donnés Cirth pour l'occasion. Un pantalon noir légèrement serré au niveau des chevilles, une chemise en fils de soie et de coton de la même couleur ainsi qu'une veste rouge sanglante en velours décorée de quelques broderies argentées. Cirth se vêtit du même accoutrement. Cependant, sa chemise était blanche, sa veste vert émeraude et ses ornements dorés. Ils se regardèrent tous les deux de haut en bas, n'ayant pas l'habitude de se voir aussi élégants. Puis, en affichant chacun un grand sourire, se complimentèrent sur leur apparence. Avant de partir, Sauron regarda une dernière fois sa claymore. Il ne pouvait malheureusement pas l'emmener avec lui, cela serait dangereux et mal interprété par le roi. Il caressa le manche du bout des doigts, la fixa quelques instants et sortit de la chambre.

Les deux jeunes hommes arrivèrent devant la salle de cérémonie ; un majordome était posté devant et s'inclina pour les saluer lorsque ces derniers avancèrent dans la salle. Sauron avait les yeux écarquillés, il n'avait jamais vu une chose pareille. Les fenêtres étaient immenses, habillées de rideaux en velours rouge. Plusieurs peintures entourées d'un cadre en or décoraient les murs, eux-mêmes longés par d'extraordinaires moulures. Sauron se tenait en haut d'un large escalier en pierre avec Cirth. Ils avaient tous les deux une parfaite vue sur l'ensemble de la salle. Les convives dansaient et riaient au rythme d'une douce mélodie jouée par un petit orchestre. À leur droite, sur une longue table en chêne, se trouvait un délicieux buffet : des petits fours, des fruits, des coupes de champagne, des tartelettes, et même la statue d'un somptueux cygne faite intégralement de meringue. Toutes ces merveilles étaient illuminées par un grand lustre de cristal.

— Impressionnant, n'est-ce pas ? Ce n'est pas tous les jours que nous sommes invités à une fête organisée par le roi ! remarqua Cirth.

— Ce sera même la première fois que je participe à un tel événement ! s'exclama Sauron.

Alors qu'ils descendaient les marches, Anario, entouré de nobles, les suivit du regard. Il s'éclipsa furtivement du groupe pour venir à leur rencontre. Il s'approcha et les attendit en bas des marches. Lorsqu'ils arrivèrent, il les salua.

— Bienvenue à vous ! Je suis heureux de te revoir Sauron, j'espère que tu vas passer un agréable moment, même si je te conseille de rester loin des plus vieux nobles. Leur richesse les rend ennuyeux et on doit faire semblant de les trouver drôles.

— Je garderai ce conseil en tête, Votre Majesté.

— Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler de la sorte. Adresse-toi à moi comme tu le fais avec mon frère. « Anario » suffira ! Sur ce, je vais justement partir à sa recherche. Notre père aimerait nous voir.

Anario les laissa afin d'aller chercher Vorondil alors que Cirth décidait d'abandonner son compagnon pour rejoindre une ancienne connaissance à lui. Sauron ne savait pas par où commencer. Il s'avança tout d'abord vers le buffet pour estomper sa faim. Il mangea une tartelette à la fraise, puis saisit une pomme qu'il croqua tout en se baladant dans la salle. Il avait l'impression qu'elle faisait des kilomètres de long et il n'avait toujours pas revu ses compagnons, perdus dans la foule.

Les hommes parlaient d'économie, de guerre et de leur richesse, tandis que les femmes discutaient de politique et profitaient de l'événement pour élargir leur influence. Il s'arrêta brusquement devant l'orchestre pour l'admirer, se laissa bercer par la mélodie, mais ce plaisir fut de courte durée lorsque l'un des musiciens annonça l'heure de la danse. Sauron évita à tout prix ce moment en se dirigeant vers les portes vitrées menant sur un balcon. Il en ouvrit une et sortit discrètement en fermant derrière lui.

Quel calme. Il était seul, et étrangement, cela lui faisait du bien. Il n'avait pas l'habitude d'être entouré d'autant de monde, et ces derniers jours avaient été intenses. De plus, il repensait constamment au bain de sang dans lequel il s'était réveillé quelques jours plus tôt. Que s'était-il réellement passé ce jour-là ? Rien que d'y repenser, il en avait des frissons.

Sauron s'approcha du bord du balcon, il se pencha et posa ses bras sur le rebord en regardant devant lui. La lumière de la lune venait se refléter sur l'eau de la fontaine et illuminait l'ensemble du jardin qui semblait interminable. De jolis cerisiers formaient deux allées parallèles, accompagnés d'une multitude de fleurs colorées. Un agréable vent chaud faisait valser les pétales des arbres dans les airs comme de petits flocons de neige. Le jeune homme se sentait apaisé par un tel environnement. Il se redressa et descendit l'un des escaliers qui se trouvaient de chaque côté de la plateforme afin d'atteindre ce paradis. Doucement, il s'approcha de l'eau et l'effleura du bout des doigts tout en s'avançant, quelques pétales flottaient sur la surface telles des petites barques. Sauron esquissa un sourire de sérénité.

Soudain, il entendit des pas derrière lui et se retourna. C'était une jeune femme, malgré tout plus âgée que lui. Elle avait les yeux vert foncé recouverts d'une poudre marron, de majestueuses boucles noires tombant sur ses épaules, un corset en cuir remontant sa poitrine et un long jupon assorti à la veste de Sauron. Il était captivé par son visage à la peau claire qui semblait particulièrement doux, illuminé par quelques bijoux dorés attachés dans ses cheveux.

— C'est une belle soirée, n'est-ce pas ?

— Agréable pour une promenade dans le jardin, répondit Sauron.

— Permettez-moi de me présenter, je m'appelle Isil.

— Enchanté, mon nom est Sauron.

— J'ai senti une puissante aura autour de vous, cela m'a tout de suite attirée.

— Une aura ?

— Oui. J'ai certaines capacités qui me permettent de la sentir. D'ailleurs, d'autres auras semblent vous suivre, mais vous le saviez, n'est-ce pas ? C'est pour cela que vous cherchez un peu de calme. Vous essayez de ne pas y penser.

— Vous avez raison. Des voix me hantent, des ombres me suivent, des monstres apparaissent dans ma tête quand je ferme les yeux... J'ai peur, je frissonne, et en même temps, je suis excité et admiratif devant les créatures que je rencontre. Je n'aurais jamais imaginé qu'un tel monde existait autour de moi.

Isil s'approcha lentement de lui en le regardant dans les yeux, elle afficha un sourire de satisfaction. Elle prit le bras de Sauron de sa main gauche et avança sa main droite vers son visage. Brusquement, elle saisit son menton entre son pouce et son index et rapprocha ses lèvres du visage de Sauron qui la regardait avec incompréhension.

— Pourtant, les démons qui te suivent sont bien réels. Tu veux que je t'en débarrasse ?

Sauron écarquilla les yeux, il ne s'attendait pas à un tel geste de sa part. Un sentiment étrange l'envahit, le mettant mal à l'aise. Quelque chose le dérangeait. Une voix grave vint interrompre ce moment : « Isil ! » Une main attrapa le poignet de la femme et la repoussa quelques pas en arrière ; c'était Anario.

— Quel merveilleux moment tu as gâché là, lui dit-elle.

— Ton comportement est trop déplacé. Tu sais très bien que je n'approuve pas ta présence ici. Alors reste loin de mes invités.

— Ton père me fait confiance, c'est pour cela qu'il m'a demandé de venir, répliqua la femme en dirigeant son regard vers Sauron. J'espère te revoir très vite, jeune homme. Et n'oublie pas ce que je peux faire pour t'aider.

La jeune femme ferma ses yeux et s'inclina légèrement vers lui, comme une révérence. Elle regarda Anario froidement, sans intérêt, et s'éloigna vers l'escalier. Tous deux la suivirent du regard jusqu'à ce qu'elle passe la porte vitrée. Le prince se tourna alors vers son ami et le regarda.

— Je n'aime pas du tout cette femme, elle est pleine de mystères et mon instinct me dit toujours de me méfier d'elle. Elle habite dans une demeure en dehors de la ville. On dit qu'elle y pratique la magie noire. Un conseil, ne te fie pas à elle, peu importe ce qu'elle te propose, demande-le-moi et je te le donnerai.

— Ce n'était pas mon intention. Que fais-tu ici ? Tu ne danses pas ?

— La danse est finie. J'en ai profité pour m'éclipser quelques instants. Paradoxalement, je ne supporte pas ce genre de mondanités, Vorondil remplit ce rôle à merveille, répondit Anario en invitant Sauron à marcher dans le jardin.

— Vorondil ? Je ne le voyais pas du tout dans ce genre de rôle. Je pensais qu'il n'aimait pas ça et qu'il fuyait ce type d'événements.

— Pas du tout ! Mon frère a toujours été de nature rebelle étant petit. Il a grandi avec, mais au fond, je pense que c'est juste pour attirer l'attention de mon père. Alors, dans ce genre d'événements, il est le fils modèle qui parle à tous nos alliés et aristocrates les plus ennuyeux.

— Sérieusement ? Je pensais que c'était plutôt ton style, ça ! s'exclama Sauron en riant.

— Ah bon ? C'est le genre d'impression que je renvoie ? riposta-t-il ironiquement. Je sais bien ce que les gens pensent de moi. Pour l'instant, j'aide mon père à garder la paix dans notre royaume car il est trop vieux et ne veut pas donner le pouvoir à Vorondil. Lorsque la paix règnera, j'espère le convaincre de laisser mon frère gouverner.

— Vivre dans une famille qui te dit ce que tu es... Je connais ce sentiment. Ma mère est morte et ce sont mes grands-parents et la famille de ma tante qui m'ont gardé sous leur toit. Mais ils ne m'ont jamais laissé le choix. J'étais toujours à leurs pieds et je devais faire ce qu'ils voulaient car je ne méritais pas la vie à leurs yeux. Quand les événements m'ont fait rencontrer ton frère, il m'a proposé de le suivre et j'ai saisi l'occasion. C'est peut-être égoïste et lâche d'avoir fui, mais je veux trouver la raison pour laquelle je suis ici. Je le suivrai tant que je ne le saurai pas.

— Je ne savais pas pour ta famille et je ne pourrai malheureusement jamais comprendre... Chacun a sa part de mauvaise aventure ; aujourd'hui, tu es entre de bonnes mains, ou du moins des meilleures. Dans tous les cas, ton choix est une belle initiative, et je ne trouve pas ça égoïste de ta part, au contraire !

Anario s'arrêta devant une botte de fleurs. Elles avaient les pétales rose pâle extraordinairement douces, comme du velours virant au pourpre vers l'intérieur, dévoilant un cœur doré. Il s'inclina pour en couper une avec délicatesse et la tendit à Sauron.

— Une rose trémière, symbole de notre ambition. En espérant qu'elle te porte chance pour trouver ce que tu cherches. Je promets de t'aider dans ta quête et de me battre à tes côtés si besoin, car je sais que tu ferais de même pour moi.

— Merci, c'est très gentil de ta part, dit Sauron, touché par ce geste attentionné.

— Tu sembles attirer beaucoup de monde vers toi. Il y a quelque chose qui nous met à l'aise quand nous sommes à tes côtés. Je suis sûr que ça t'aidera à accomplir de grandes choses.

— Tout ce que tu dis me touche énormément. Je t'ai admiré et respecté dès notre rencontre. J'espère que tu trouveras le sens de ta vie, mais sache que si tu deviens roi un jour, je serai honoré de te servir. Je resterai ton ami, peu importent les circonstances.

Anario et Sauron s'entendaient particulièrement bien. Ni l'un ni l'autre ne voulait retourner dans la salle de cérémonie. Ça leur était bien trop ennuyeux et sans intérêt. Ils s'assirent sous un arbre pour discuter davantage. Sauron commença le premier. Il conta toutes ses aventures au prince, en partant de son horrible expérience dans la forêt, de sa rencontre avec Vorondil et de la bête qu'il avait vaillamment combattue. Anario était complètement plongé dans son récit. Il l'admirait et l'écoutait avec une certaine tendresse, avant de prendre à son tour la parole et de raconter les anecdotes de son enfance, les bêtises qu'il avait commises ainsi que celles de son frère.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT

Actuellement disponible sur Amazon en version papier !

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