Chapitre 14 - Le Loup Hybride

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Sauron suivit Cirth vers le couloir en direction des soldats. Deux wendigos se tenaient devant eux, dévorant le cadavre de l'un des leurs. Les hommes avaient tenté de les repousser, en vain, leurs lames n'étaient pas appropriées au cœur glacé. Seules quelques entailles avaient été faites sur leurs bras, laissant couler du sang sur le sol. Cirth devait trouver un endroit pour se positionner afin d'avoir un bon angle de vue pour dégainer sa flèche. L'un des wendigos releva la tête et vit Sauron au milieu du couloir tandis que l'autre se dirigeait vers l'archer. Il poussa un cri et fonça sur lui.

— Reculez ! ordonna Sauron aux soldats.

Il saisit la claymore à deux mains, la pointa vers l'avant et se rua sur lui. Le wendigo porta ses griffes au niveau du visage du jeune garçon. D'un seul coup tranchant, Sauron lui coupa le bras droit. Du sang giclait et coulait à flots sur le sol, mettant la créature en colère. D'un bond, elle sauta sur le jeune homme qui lui transperça la poitrine avec sa lame. Ils se tinrent immobiles pendant quelques instants. Cirth, qui avait tué la deuxième bête d'une flèche, courut vers lui. Il cria son prénom d'un ton apeuré. Sauron n'avait pas la lame qui permettait de le tuer. Il pouvait lui couper les bras, lui entailler la peau, mais tant que son cœur de glace était intact, il resterait vivant. Contre toute attente, un bruit de cristal se fit entendre, comme si on avait fait tomber un verre de champagne. Des milliers de morceaux gelés roulèrent sur le sol. Sauron avait tué le wendigo.

Comment était-ce possible ? Vorondil et ses compagnons avaient bien dû se munir d'un acier particulier pour vaincre ce genre de créatures. Cirth, surpris mais rassuré, expliqua brièvement à Sauron ce qu'étaient les wendigos et comment on pouvait les vaincre. Il n'en comprit pas davantage, mais pour Sauron, tout devint plus clair. La claymore qu'il avait trouvée avait sans aucun doute était forgée dans un but précis. Sa lame particulièrement blanche, les inscriptions étrangères... Elle n'était pas qu'une simple épée, ce n'était pas une simple lame. Peut-être avait-elle été stockée ici pour que personne ne la trouve, peut-être avait-elle appartenu à un grand guerrier, ou peut-être encore que les sorcières s'en servaient pour dompter les wendigos. Personne ne le saurait vraiment. Désormais, elle appartenait à Sauron et il en était bien content. Tandis qu'il reprenait son souffle sous les yeux impressionnés de Cirth, deux soldats arrivèrent en courant.

— On a un problème ! Plus gros que les wendigos ! s'exclama l'un d'eux.

— Venez voir ! ajouta le deuxième. Surtout, faites attention.

Sauron et Cirth, ainsi que les hommes se trouvant derrière eux, les suivirent jusqu'à l'entrée d'une grande pièce. C'était une grande salle commune, semblable à la salle du trône qu'on trouverait dans les châteaux des plus grands rois. Il y avait une longue allée bordée par des statues de pierre. Le sol était fait de larges dalles de pierre et une longue table sur laquelle venait se poser les rayons du soleil ornait le milieu de la pièce. Quelques soldats attendaient, épée à la main, tandis que d'autres reculaient, couverts de blessures. Sauron et l'archer se faufilèrent entre les hommes jusqu'au premier rang. Devant eux se trouvait un loup féroce et enragé. Il avait le pelage argenté, des pattes musclées et agiles, ainsi que des griffes pointues et brillantes. Il était également doté d'yeux jaunes perçants, pleins de fureur et de haine, assoiffés de sang. Quatre hommes se jetèrent sur lui. À toute vitesse, la bête bondit sur chacun d'eux et leur arracha la gorge avec ses crocs.

— Repliez-vous ! ordonna Cirth. Vous n'êtes pas de taille contre cette bête, ce n'est pas un loup ordinaire.

Les quelques hommes encore debout reculèrent de plusieurs mètres tandis que Cirth attrapait à toute vitesse une flèche dans son carquois ; il banda l'arc et tira sur la cible. Il répéta cette action plusieurs fois en seulement quelques secondes. Toutes s'enfoncèrent dans le corps du monstre, mais aucune ne l'affaiblit. Il contracta son corps et, d'un rugissement, tout en étirant l'ensemble de ses muscles, il les délogea toutes. Il s'avança en courant sur ses quatre pattes et fonça sur l'archer pour le pousser lui aussi d'un coup de tête. Cirth vola avec brutalité contre le mur du fond, puis tomba sur le sol. Il sentit une douleur dans son bras droit. Des soldats coururent vers lui pour l'aider à se relever.

— C'est inutile, cette bête est démoniaque. Elle ne devrait même pas exister ! s'exclama l'un d'eux.

Tout le monde était effrayé et le courage se dérobait de leurs corps. Cirth avait du mal à tendre son bras afin de tirer ses flèches. Au vu de la situation, Sauron ne pouvait rester immobile. Lui aussi était dépassé, mais il serra le manche de son épée et, tout en avançant, il dit :

— Cirth. Repliez-vous et allez chercher des renforts. Je ferai de mon mieux pour le retenir en attendant.

— C'est de la folie ! protesta l'archer.

— Tout comme ce monstre. Maintenant, cours chercher de l'aide si tu ne veux pas me voir mort en revenant.

Cirth regarda l'ensemble des hommes amochés et mal en point. Il a raison, nous ne pouvons pas tous mourir ici aussi bêtement ! Il ordonna à l'ensemble des hommes de se replier avec lui, jeta un dernier coup d'œil vers Sauron, comme s'il lui disait adieu, et courut de toutes ses forces en dehors du château pour trouver de l'aide.

— Maintenant, à nous deux ! s'exclama Sauron en s'approchant petit à petit du monstre.

— Viens à moi, je vais te déchiqueter en petits morceaux, répondit la bête.

Sauron sursauta légèrement ; il ne s'attendait pas à voir cette chose lui parler. D'abord des wendigos, et maintenant cette horrible chose qui me parle. J'ai l'impression de ne rien connaître du monde dans lequel je vis ! Que se passe-t-il vraiment ici ? pensa-t-il. Le loup fonça sur Sauron, tentant le même coup qu'auparavant. Sauron le repoussa avec son arme. La bête sauta et retomba sur ses pattes. Elle glissa sur ses coussinets jusque dans un coin sombre. On ne voyait alors plus que sa silhouette et ses yeux étincelants. On entendait sa respiration et la bave sortir de sa gueule, coulant sur le sol. D'un coup, sa respiration se coupa. Sa silhouette s'agrandit, s'agrandit... Ses muscles grossirent, ses pattes avant devinrent similaires aux bras d'un guerrier et, en s'avançant vers la lumière, il releva le dos et marcha comme un homme, un homme de plus de deux mètres.

Sauron resta muet. Son cœur s'accéléra. Sur son chemin, le loup ramassa deux épées par terre, appartenant à ceux tombés en essayant de le vaincre. Sauron saisit la claymore à deux mains et, armé de courage, il se rua sur lui. Il porta un premier coup à l'avant qui fut bloqué par les deux épées que la bête ramena en croix. Le jeune garçon appuya de toutes ses forces, faisant grincer les lames les unes contre autres. La puissance de son adversaire le dépassait largement. Sauron reculait de plus en plus, il ne pourrait tenir aussi longtemps. Vite, il se retrouva coincé contre la table. La bête en profita pour porter un coup d'épée vers son visage avec sa main droite. Sauron l'évita de justesse en se baissant rapidement. Lorsqu'il se releva, la bête le frappa au niveau du ventre avec sa large queue d'une force surprenante, l'envoyant valser jusqu'à l'autre bout de la pièce.

Sauron atterrit violemment sur le dos. Son corps roula à plusieurs reprises et s'arrêta net. Il cracha du sang lors de l'impact. Suffoquant, il se tourna sur le ventre, les mains à terre. Il releva son torse en s'appuyant sur ses paumes et, tout en regardant le sol, les yeux écarquillés, il essaya de reprendre son souffle. En entendant la bête qui s'approchait doucement, il releva rapidement sa tête, cherchant du regard l'endroit où avait atterri son arme. Il la vit, à sa droite, à plusieurs mètres. Il inspira profondément et courut vers elle pour la ramasser juste à temps afin de contrer l'épée de son concurrent.

Sauron mit toute sa force dans chacun de ses coups. Ils croisèrent le fer une fois, puis deux, puis même une troisième sans que rien ne se passe. Il arrivait à lui tenir tête. Le loup porta son épée contre la joue de Sauron qui releva sa lame pour se protéger. Ils se regardèrent droit dans les yeux pendant que le monstre mettait de plus en plus de force dans ses coups. Petit à petit, sa lame s'enfonçait dans la joue du jeune homme. Sauron sentait sa peau lui brûler, quelques gouttes de sang commençaient à couler le long de son visage.

D'un coup, il s'avança rapidement et fit glisser la claymore vers l'avant tout en dégageant sa tête. De plus grosses gouttes tombèrent alors sur le sol, il avait réussi à faire une profonde entaille dans le bras velu de son adversaire avant de s'écarter. Le monstre était à la fois rempli de haine et d'excitation.

— Tu es intéressant, jeune homme, mais ne crois pas que tu peux vaincre un démon.

La bête se tourna vers lui et se redressa sur ses pattes. Ses yeux perçants devinrent rouges, ses poils s'allongèrent tout comme ses griffes et ses dents. Sa force semblait augmenter. Elle releva la tête et hurla tel un loup appelant sa meute, d'un hurlement qui résonna dans toutes les pièces du château, parcourant les couloirs, jusqu'aux oreilles de Vorondil et de ses compagnons.

— Qu'est-ce que c'était ?! s'exclama Narmacil en mettant sa main sur le manche d'un de ses sabres, prêt à dégainer à tout moment.

— C'est un démon ! répondit Cirth, arrivant en courant vers le bataillon, accompagné de quelques hommes salement amochés.

— Où est Sauron ? demanda Vorondil en s'approchant de lui.

— Il est resté à l'intérieur pour nous permettre de nous échapper. Il y a une horrible bête féroce, elle a anéanti une dizaine de nos hommes en leur arrachant la gorge, expliqua-t-il, essoufflé.

— Il va se faire tuer si on n'agit pas, ce n'est encore qu'un gamin qui ne connaît rien de notre monde... Je vais le chercher ! s'inquiéta Vorondil.

— Non ! Mon prince, n'y allez pas, c'est trop dangereux, intervint l'un des soldats.

Vorondil regarda ses hommes blessés par les coups de griffes et Cirth qui se tenait le bras. Il prit son épée et la plaça devant lui tout en avançant vers l'entrée du couloir. Il marcha doucement dans l'obscurité, et avant de disparaître complètement, il leur dit sans se retourner :

— Je vais le chercher, et j'irai seul. Que personne ne me suive, c'est un ordre. Si nous ne revenons pas, surtout ne venez pas, fuyez et rentrez à Dorwin.

Ainsi furent les derniers mots du jeune prince à ses compagnons. Vorondil s'avançait avec précaution, sa lourde épée dans la main. Le couloir était sombre et une certaine froideur s'était emparée des lieux. Plus il avançait, plus il distinguait correctement l'entrée de la salle de cérémonie. Puis il vit Sauron, debout à l'autre extrémité, juste à côté d'une grande silhouette. Sauron ! s'écria-t-il dans sa tête. Il saisit son épée à deux mains, la serrant très fort, et courut à sa rencontre. Lorsqu'il posa le pied dans la salle, il aperçut le monstre se tenant devant eux.

— Vorondil !

— Sauron, recule-toi ! lui ordonna-t-il en courant vers la bête.

— Non, tu ne peux pas le vaincre à toi tout seul !

Lorsque ces mots retentirent dans la pièce, Vorondil était déjà tout près du monstre, qui l'éjecta contre le mur d'un seul coup de queue. Cette fois-ci, le coup était plus féroce, la bête était munie d'une toute autre force, bien plus démoniaque. Le corps du prince traversa la pièce tel un vulgaire pion d'échec. Lorsqu'il tomba à terre, Sauron courut devant lui pour le protéger. Il pointa son arme et se rua vers elle en criant, son épée vers l'avant. Le monstre lâcha l'une de ses armes et saisit celle de Sauron avec sa patte en la serrant très fort tandis que le jeune homme continuait d'appuyer de toutes ses forces.

— Cela ne sert à rien, petit, remarqua-t-il en riant.

Sauron n'arrivait pas à avancer. Il n'arrivait pas à défendre son ami, ni sa propre vie, ce qui le frustrait profondément. Il sentit une énorme colère circuler en lui, comme si quelque chose s'était brisé. Celle-ci lui chauffa le sang et monta jusque dans son regard. Ses yeux noirs avaient d'étranges reflets rouges. Des étincelles semblables à celles de la bête s'échappèrent de ses yeux. Le loup, surpris, lâcha l'épée de son adversaire et recula.

— T-Toi. Comment est-ce poss...

— NE CROIS PAS QUE TU ES IMMORTEL, DÉMON ! l'interrompit Sauron en criant.

Il brandit la claymore dans les airs, les inscriptions devinrent bleutées et brillèrent de mille feux. D'un coup tranchant et puissant, il entailla le ventre de la bête. Le sang gicla de la plaie et lui éclaboussa le visage. Derrière eux, Vorondil avait repris ses esprits. Ce dernier saisit son arme, monta sur la table et courut lui aussi vers la bête. Il sauta dans les airs et vola au-dessus de lui. Il profita de cet élan pour lui couper un bras avant d'atterrir derrière elle. La bête rugit de douleur et tomba genoux à terre. Cependant, ce n'était pas suffisant pour achever un tel monstre. Il se tourna vers les deux jeunes hommes et fusilla Sauron du regard, le voyant s'avancer à toute vitesse vers lui. Sauron lui transperça le cœur avec sa lame. Tout en l'enfonçant plus profondément, il approcha son visage du sien pour voir la lueur de ses yeux s'éteindre.

— Adieu, démon.

— Ne crois pas qu'on en ait fini avec toi Sau... ron, lui répondit-elle en souriant. D'autres dé... mons te suivront...

Du sang sortait de sa gueule, coulant sur les poils de son cou. Elle le regardait avec haine et riait de lui. Son dernier souffle fut interrompu lorsque Sauron enfonça sa lame jusqu'au bout.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT


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