47/ Fausse divinité

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 Pollah était aussi blessée que sa maîtresse. Mais lorsqu'elles reprirent contact, elles se sentirent mieux. Laos se joignit à elles et leur mal-être s'estompa encore.

 C'est ainsi que Quatre et son armée d'encore dix-neuf soldats, sans compter Sati, reprirent leur route vers le campement suivant. Quatre ex-guerriers du général Kros les suivaient. L'humeur était au plus bas, les sons nocturnes et le bruit des pas furent les seuls à occuper le silence glacial. Et quand Pikila prit la parole, ce ne fut pas pour réchauffer l'atmosphère.

 — On a perdu tellement des nôtres... Et on a tué tellement des nôtres aussi... On devrait arrêter-là. On a encore le temps.

 — Non, c'est trop tard, répondit Unio. Nous sommes lancés, nous devons aller jusqu'au bout. Sinon ces morts ne serviraient à rien.

 — Juste pour libérer UN humain ! explosa l'archère. Non, ça vaut pas le coup.

 — Pas juste un, non, lâcha Quatre. C'est pour toute une cause que nous faisons cela, tâchez de ne pas l'oublier. Et puis...

 — Et puis quoi ?

 — Ce Quinquati... Dès que je l'ai vu, j'ai senti une force rare émanant de lui. Je le soupçonne d'être le Porteur. Et ce fumier d'Arbre Oracle semble ne pas le savoir, preuve que c'est bien un fumier. Ou alors il me le cache, dans tous les cas c'est un fumier.

 — C'est quoi "le porteur" ? demanda Malgati.

 — Il est sérieux lui ? se scandalisa une rebelle.

 — Il ne peut pas le savoir, dit Quatre. Le Porteur est un être décrit dans une prophétie qui, grâce à mon aide, rétablira la paix et l'ordre dans l'univers. Mais cette prophétie ne précise pas de quelle race ou de quelle dimension il est originaire.

 — Attendez, demanda l'humain. Je comprends pas. Une prophétie, c'est donnée par Dieu, par vrai ? Alors comment toi, qui est un dieu, tu ne peux pas connaître tous les détails ?

 Quatre soupira.

 — Monte sur moi. Je vais t'expliquer.

 Malgati hésita, puis prit place sur le dos de Pollah, derrière Karathris. Ils s'éloignèrent du reste du groupe.

 — Pourquoi on s'écarte ?

 — Je ne peux pas leur révéler ce que je m'apprête à te dire. Cela leur briserait le cœur.

 — J'écoute.

 — Ils nous nomment "dieux", moi et les autres. À tort.

 — Quoi ? s'écria Malgati, n'ayant pourtant jamais douté qu'il s'agisse de "faux dieux". Je t'ai vue à l'œuvre, t'es invincible !

 — Hélas non. J'en donne l'impression. Je suis peut-être plus forte que vous, mais je suis comme toi ; je ne suis pas immortelle.

 — Hé, mollo !

 — Cette prophétie nous vient d'on ne sait où. Comme toutes les prédictions, elle a frappé plusieurs de nos devins. Aucun n'a jamais su quand elle se réaliserait, mais ils savaient que ce serait le cas. Un jour, l'un des oracles, le plus respecté de tous, me conféra une joie immense ; Il savait quand le Porteur viendrait. Et la date butoir arriva. Rien. Aucun Porteur à l'horizon. Alors cet oracle m'a dit "les lignes du temps sont en perpétuels mouvements. Si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera demain." Et ça n'a jamais eu lieu. Jusqu'à ce que je rencontre Quinquati. Je nourris de grands espoirs que ce soit lui.

 — Alors Quinquati doit sauver l'univers et rétablir la paix ? Wow, le bougre, il m'en cachait des choses ! Ahah, sacré Quinquati, petit cachotier !

 — Il ne pouvait pas le savoir. Seule moi peux lui révéler son destin. Et tu sais pourquoi ce devin a dit savoir quand je le rencontrerai ?

 — Ben... Non.

 — Car il n'a jamais été choisi par la prophétie. C'est un escroc. Il ignore qu'il s'agit de ton ami.

 — Mais qui choisit où envoyer ces prophéties ? Je comprends pas, ça me fait mal à la tête !

 — Probablement le véritable Dieu. Celui qui nous a tous créé, moi, toi, et même Iridar, qui possède le don de créer et d'inventer toutes formes de vie.

 — Iridar ? C'est qui encore ce type ?

 — Celui que nos adorateurs considèrent comme "le dieu suprême", car ses pouvoirs sont immenses. C'est pourquoi il nous gouverne tous. Mais même lui n'est pas à l'origine du monde, car des formes de vie malfaisantes naissent sans qu'il n'en soit le créateur, et d'autres étaient là avant lui.

 — Peut-être alors qu'il y a un autre "créateur" pour les méchants. Genre Satan.

 — J'ignore qui est Satan.

 — On l'appelle aussi "Lucifer" ou "Belzébuth" ou "le malin" ou "la bête" ou "le diable". Il a beaucoup de noms, l'enfoiré !

 — Je n'ai jamais entendu parler de lui. Qui est-il exactement ?

 — Houlà, tu m'en demandes trop ! Je t'emmènerai voir Benoît quand tout sera fini. C'est notre prêtre, il t'expliquera. Il croit aussi qu'il y a un Dieu bienveillant, vous serez potes.

 — J'en serai ravie. Oui, et pour en revenir à lui, ce Dieu, voilà ce que je pense : il n'a pas envoyé la prophétie du Porteur à l'oracle défaillant car celui-ci veut notre perte. Et grâce à Quinquati, nous détruirons ce devin corrompu par... "Satan", c'est ça ? Et alors l'ordre sera restauré.

 — J'ai pas tout compris, mais si tu le dis.

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