66/ Les geôles de l'infini

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 — Où suis-je ? demanda-t-il, déboussolé.

 Quand il reposa ses pieds sur de la terre, ressentit à nouveau toute le masse de son corps, et entendit des sons déchirants après avoir passé ce qui lui semblait une éternité dans un monde tissé de silence, Quinquati fut frappé de migraines et de vertiges. Devant ses yeux mi-clos se trouvait une femme au teint irréel.

 — De retour chez toi ! s'exclama-t-elle. Tu es de nouveau libre !

 Laos et Pollah avaient poursuivi la lutte jusqu'au bout. Karathris avait finalement retrouvé le Porteur grâce à eux. Elle constata avec horreur que le couloir était tombé. Il serait hardu de quitter le camp désormais. Impossible, en réalité. Quinquati jeta un regard alentour. Des piles de cadavres s'enchevêtraient partout. Des monstres divers semblaient lui en vouloir.

 — C'est chez moi, ça ? J'habite en enfer ?

  Il eut envie de bailler. Karathris, elle, angoissait. C'était le pire des scénarios possibles. Comme pour confirmer ses pensées, un flash lumineux éclaira la colline du Gardien. La déesse se laissa tomber sur les genoux.

 — C'est terminé, désespéra-t-elle.

 — À bas la traîtresse ! cria un des soldats recrutés par Ba se sentant pousser des ailes par l'arrivée d'Iridar. À bas l'humain !

 — C'était bien la peine de me sortir de là, souffla Quinquati.

 Derrière eux, une tâche de fumée s'éleva. Six pierres mauves se formèrent, lévitèrent. Elles se mirent à tournoyer jusqu'à former orthogonalement au sol un hexagone parfait. Elles scintillèrent et une substance gélatineuse couleur améthyste en sortit, se répandant jusqu'à remplir la surface de cet hexagone.


 Le Gardien se téléporta à quelques mètres de Karathris.

 — Tu me déçois tellement. Je n'arrive pas à concevoir que tu sois responsable de... de ce massacre !

 — Tu n'as pas voulu m'écouter... Je suis désolée.

 — Où est l'autre humain ? demanda Iridar.

 — Je n'en sais rien. Il a sûrement dû périr, comme tous les autres ici...

 — Tu fais bien d'être venue jusqu'aux geôles de l'infini. Ce sera plus simple de t'y faire rentrer.

 — Je vous en supplie, non !

 — Pense à tous ceux que tu as envoyés dans le monde des morts. Ce serait une peine justifiée.

 De la membrane violette sortit soudain un énorme quadrupède, avec deux bras imposants sur ce qui semblait être un torse et deux ailes de chauve-souris atrophiées dans le dos. Sa gueule puante s'ouvrit pour prononcer quelques courtoises paroles :

 — Ah ! Merci d'avoir fait le travail à ma place.

 Iridar dévisagea Karathris.

 — C'est qui ce type ?

 — Hein ? J'en sais rien.

 — Ne fais pas l'innocente !

 — Bon allez Quinquati, reprit la bête en posant sa main monstrueuse sur son épaule. Viens avec moi.

 — Non.

 — Ah ! C'est pas comme si t'avais le choix.

 Il l'attira avec lui en arrière. Iridar tenta de l'immobiliser à distance, mais le quadrupède paraissait muni d'un bouclier invisible.

 — Bon allez, salut la compagnie ! s'amusa le monstre.

 Lui et Quinquati disparurent derrière la membrane violette. Elle s'évanouit dès lors. Les six pierres se résorbèrent sur elles-mêmes.

 — Où sont-ils ? demanda un serviteur.

 Pour la première fois depuis longtemps, le Gardien semblait désemparé.

 — Je... Je n'en sais rien. Il a disparu...

 Karathris soupira. À peine eut-elle retrouvé le Porteur qu'il lui filait sous les doigts.

  Toute cette opération... Pour rien.

FIN

à suivre...

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