Ma ville

2 minutes de lecture

Ma ville est d'une beauté vieille, pavée d'histoire et de ruelles. Trop grande pour un village, mais trop petite encore pour que la distance empêche tous les habitants de se connaître. Ma ville se débat pour être dans la cour des grands pourtant, ma ville a la population jeune et le prouve - bien que souvent les jeunes d'ici, pour la fête, y préfèrent d'autres bourgades. Je crois pourtant que ma ville ne s'en offense pas, qu'elle en a vu d'autres. Que de toute façon, ceux qui partent reviennent au bercail, toujours.

Ma ville est en trois dimensions. On y monte, y descend, on y passe de pont en escalier, de tours en ruelles pavées. Ma ville est moyenâgeuse avec son tout vieux quartier, ses ruines de remparts et ses anciennes maisons. Alors que j'y sortais, j'appris même que les poutres du plafond de mon bar préféré avaient une importance historique ; à croire que ma ville regorge de musées comme elle regorge de musique.

Ma ville est emplie d'étudiants et s'y est fort bien adaptée : suivant les écoles et universités, des restaurants de nourriture à bas prix s'y sont partout installés, se menant une concurrence acharnée. Commerce local de nourriture exotique, guerre silencieuse de prix et de cartes fidélité. Quand je suis arrivée dans ma ville, cela m'a fait rire. Puis comme tout le monde, j'ai pris mes habitudes dans un établissement élu pour ne plus que rarement en changer.

Selon certains amis, il n'y a "rien" dans ma ville. Rien pour s'amuser, rien pour sérieusement fêter. Je sais qu'ils disent "rien" en pensant "pas assez". J'imagine que c'est selon, je préférerais y être que de vivre au centre d'une métropole. Car c'est dans ma ville qu'il y a mes amis et des souvenirs que j'ai - un peu partout - semé.

Dans la gare de ma ville, à l'arrêt de bus le plus à l'ouest, je me suis un jour assise à côté du premier homme que j'ai aimé. Tandis qu'à l'est, il y a le banc où une amie m'a raconté les épisodes les plus secrets de sa vie.

Dans la salle de concert underground de ma ville, j'ai un jour participé à un opéra, en tant que percussionniste. C'est là aussi que, mains jointes et larmes aux yeux, j'ai entendu un grand musicien compter l'ode du corbeau qui refusait de chanter.

Dans le parc à flanc de falaise de ma ville, j'ai un jour ri à gorge déployée avec l'une de mes plus précieuses amies, profitant d'une ivresse marquante de par notre clinique sobriété. C'est là aussi que, accompagnés de compagnons de plume dont certains venaient de loin, j'ai marqué l'apothéose d'une excellente soirée.

Ma ville est pleine d'orchestres et de cultures, ma ville est pleine d'Histoire et de coutumes. Ma ville est belle aussi, d'une beauté particulière mais qui ne peut indifférer. Comme toutes, elle est loin d'être parfaite. Mais depuis qu'elle m'a accueillie, depuis les souvenirs que j'y ai semé, c'est la mienne. J'écris dans ma ville l'inspiration qu'elle m'apporte.

Ma grande petite ville aux rues sagement animées.

Elle est comme un vieux phoenix qui s'apprête à nouveau à s'envoler.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Elore Cohlt ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0