- IV - À l'aune d'un vent nouveau (handicapés libérateurs et animateurs libérés)

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J'ai bu toute l'eau salée des côtes bretonnes. Rempli d'un vent prétentieux qui m'étouffe et me saoule, je cherche encore la suite... C'est ce bout d'être qui retient mes yeux... C'est ce bout d'être qui en fera les frais... Tactile et suave sous les couvertures verdies, tu oublies de me dire qui tu es... Je suis ton erreur ; ta plaie future... Qui sont les frappés qui gémissent dans les box d'à côté ?... Occupons-nous de notre œuvre ; laissons là les hommes désaxés qui supplient qu'on les aime ; laissons les femmes de mal-être pleurer sur leur naissance ratée... Serre-moi l'âme... L'hiver est loin encore, qui ne sait rien de la souffrance... Plonge en moi et renifle l'amertume ; qu'elle se perde dans d'autres voies sibyllines... Nous vivons nos jouissances dans l'odeur du foutre blanchi par la peur et naviguons à vue, à travers des brumes épaisses qui veulent nous barrer la route. Je suis le chien... Je ronge mon ventre et recrache les peaux nécrosées... Je veux larder ton corps de mille fous... Boucher les pores de ta peau avec l'ombre du stupre dans lequel nous baignons... Tu es celle par qui mon Hydre s'en ira... Coupant le reste de mes lambeaux ; léchant mes plaies cautérisées de ta langue charnelle... Je t'aimerai si tu le veux ; j'oublierai mes chiens diurnes et mes litres de pus rosés... En attendant, je cale ma respiration sur le pas des ténèbres qui nous entourent ; je t'entends dormir sur le flanc et pense à mes joies funestes... Celles qui t'ont placée sur ma route ; qui te prendront de toute part... Je te donne mes doutes et mes espoirs... Donne-moi l'amour si tu le peux !

Doux dingues en vacances

Deux mois d'été pour liquider ma satanée fureur... Je prends en charge la différence ; la moquerie des dieux qui n'existent pas – qui créent la maladie mentale et l'envoient en vacances comme on se débarrasse d'un paquet sale... Les êtres faussés me demandent des rires ; je leur donne... Il faut aller bien... Je suis désigné animateur de la folie... Mon propre dérèglement me semble maintenant tout à fait normé... Je suis là pour qui ? Pour quoi ? Affublé de ma panoplie de clown, je persévère dans la joie truqueuse... Je suis là pour faire semblant ; alors faisons semblant ! S. fait semblant de son côté... Nos mensonges bienheureux vont se rencontrer... Et fuir ensemble... Le cul et ses sbires poisseux vont écrire une histoire plus longue que prévu... L'amour doit naître dans l'odeur du sexe estival ! Nos fous sont là pour nous rappeler nos fiches de paies ; nos engagements dans le monde de l'absurde… Il doit bien se marrer Vincent, qui nous voit dériver au gré des humanités... Nous finissons nos verres à la santé de la trisomie et de ses dérivés... L'épileptique vitreux qui se branle derrière ses rideaux se donne des airs de conquistador que nous ne pourrons jamais comprendre... Ils sont handicapés ; je suis handicapé de la vie... Peut-être devraient-ils être payés de m'avoir rendu mon âme...

Le foutre a lancé son appel, les vacances se ternissent, le handicap retourne se faire exploiter dans son C.A.T.

S. veut découvrir Orléans et mon appartement poisseux... Je la cache un instant... Je maudis ma vie dans cette cité salace mais suis en mal de son atmosphère purulente... Je cache à la belle ma moitié addictive... Celle qui m'enfonce dans une joie perverse et malsaine... Je retourne vomir un peu de mon sang vicié dans les décors sauvages de la peinture carcérale... Et j'emporte avec moi un bout de ma rencontre ; lui fais sciemment peur en lui ouvrant les portes organiques qui mènent de l'autre côté de mon miroir aux alouettes... Elle ne fuit pas ; affronte les regards défoncés des geignards baignant dans du rosé frelaté... Le bouge scabreux dans lequel nos entrailles se vident provoque mon dernier sursaut... Je vais me tourner vers le rose... Vers le chemin lénifiant ; gratter la merde qui me coule sur les yeux ; dégueuler une dernière fois sur les pieds de la rencontre salvatrice et la suivre dans sa tanière... Me rouler dans sa ouate... M'oublier... Me lover sur son corps…

L'approche fut brutale, l'amour prend son temps... Doutant régulièrement à travers les vapeurs d'alcool... La fuite est radicale... La ville sombre prend son pied avec d'autres fous... Je veux du loin, je veux du vert, je veux du beau ! Je ne veux plus jouir sur la crasse... Mes mots ne s'écriront plus à travers la douleur... Je veux être envahi par le vide et sa volupté... Que les artistes aillent se faire foutre, je les exècre ! Mon cerveau s'emplit d'un vent nouveau qui me paraît plus doux… Je veux retrouver l'émotion de Vincennes !

Seul, latent, un morceau d'étoile frondeuse se repose au fond de mes ténèbres, provoquant par à coup des griffures de plus en plus profondes.

Nos fuites en avant, jonchées de fleurs sauvages, s'abreuvent de pluies et de bières sans alcool... Le calme plat qui règne en solitaire sur notre maison humide fait naître en moi des désirs suaves... Cette vie-là, mon ombre la veut ! Mon corps s'en défend ! Il laisse alors apparaître d'étranges stigmates. De drôles de mains jaunes ; qui brillent dans la nuit ; qui me livrent leur secret ; qui me rendent mes écorchures. Des mains qui se ferment pour ne former qu'un poing ; des envies de luttes ; des envies de crier avant les morts futurs - ceux qui viendront hanter l'occident et leurs mères miséreuses ! Des mains qui me disent leur douleur et m'envoient leur douceur…

C'est maintenant le temps des accords parfaits où des désaccords de façade. Des chemises qui redeviennent brunes le temps d'une parenthèse glaçante, ou le temps d'une ère glaciaire infiniment plus longue… C'est l'histoire - petite - de nos vies, qui se défend de la grande histoire du monde fini. C'est Magalie qui, finalement, pleurait avant moi, sur la médiocrité de nos talents. Ce sont mes dix-sept ans que je n'aurais pas quittés si vite sans le soliloque belligérant de l'outrancier facile…

Et Sylvain continue de rire. Il n'a jamais porté de main jaune.

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