Délire confit...

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A une autre époque de la vie sur Terre, l'expression "C'est du délire" florissait de toute part. "Quel délire !", "C'est délirant", "T'es trop délire", etc. Au point que ça connotait d'une folie proche, que le délirant pouvait être taxé de "fou". J'aime la définition première de ce mot "délire" qui signifie "sortir du sillon". Faut imaginer l'engin costaud tiré par des chevaux pour labourer le champ, ou aujourd'hui, le tracteur et son moteur, symptome d'une machinerie qui offense la terre à plein tube.

Et ce confinement alors, qui nous a sorti de nos ornières, de nos habitudes de penser, des sillons neuronaux (noeuds-rôts-no !) plus jamais questionnés, ni jamais remis en question : des automatismes de soumissions à la grande Machine (dirait Ernst Jünger) et voilà t'y pas que la confiscation du déplacement toucha près de la moitié des humains. Car il s'agit bien d'une confiscation de la plus fondamentale des libertés : celle du mouvement. Confiscation du droit de réunion, du droit de communion... L'inverse du confit t'es hors avec l'injonction non-dite que nous avons pêché, que nous devons confesser nos fautes vis-à-vis de Dame Nature si nous ne voulons pas mourir.

Confiscation première de la démocratie car rien n'a été discuté pour décider de ce confinement mortifère. (Les suicidés ne témoigneront pas de leur détresse.) Cons-finis - confini - suivant l'accent, pour dire l'enfermement, l'empêchement, la confiscation de notre droit premier à vivre les rencontres, l'altérité. Offense à l'altérité versus invitation au suprématisme de l'intimité. Tout le monde n'y parvient pas, tout le monde n'y est pas préparé pareillement. Mutation du slogan mexicain "La Libertad o la muerte", en "La Sécurité ou la mort". Quel progrès ! Retournez dans vos grottes sapiens désapiensés !

Je croise des gens qui ont peur, qui se masquent conscieusement afin de repousser toute menace, qui, tels des sorciers incapables, conjurent les entités invisibles, prient silencieusement que l'Imprévisible ne les attaquent pas, qu'Il les laisse en paix, qu'Il les ignore, qu'Il les oublie, souhaitant au plus profond d'eux n'être pas finis, con ! Confisqué le libre-arbitre, confisqué le bon sens, confisquée la tendresse, une brèche s'est ouverte dans laquelle l'espace-temps aspire les coeurs à s'ouvrir au lieu de s'éteindre, aux corps à se détendre pour mieux s'étreindre, à l'esprit à rire contre les insultes et aux sophismes réduisant l'Humain à l'ignominie, à l'inénarrable.

Sus à la Conscience !

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