Chapitre 4

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La doctoresse s’éloigna à peine, saisit un plateau qu’elle avait préparé un peu plus tôt. Visu détestait cette procédure et elle, elle détestait qu’il pervertisse l’examen avec ses caprices. Deux outils distincts étaient employés et ils devaient l’être le plus tôt possible, alors avec des gestes précis, elle s’en saisit.

- Nashran… Je vais insérer une petite tige au côté du sexe de Visu. L’embout est rond, tu ne crains rien.

Visu avait détourné le visage, refusant de regarder ce qu’elle faisait. Il connaissait la procédure par cœur et c’était juste un moment désagréable à passer. Il ne suffisait pas à lui donner envie de renoncer à cette gourmandise, tout aussi pénible soit-il.

C’était avec une étrange netteté, que les sensations de la tige contre sa verge lui parvinrent. Elle buta contre la couronne de son gland, lui arrachant une exclamation étouffée avant de le contourner. Le moment pénible allait débuter d’un instant à l’autre, Johan mit la tige en position et la machine fit le reste. Deux voiles, collés l’un à l’autre se déployèrent autour de son sexe. Le premier se tissa le long de sa chair jusqu’à son bas ventre, se collant fermement à lui. Le second vint englober les fesses de Nashran comme un vêtement. Immédiatement Visu s’écarta, sortant de lui, et le tissu s’adapta.

Le réceptacle mit un petit moment avant de comprendre où ils en étaient exactement. La baguette était toujours en lui, le tissu s’était simplement rétracté pour couvrir son anus empêchant toute sortie de sperme, comprit-il.

- Le tissu de conservation est là pour permettre de faire patienter les spermatozoïdes. Pour le réceptacle, on insère la baguette et dès que le voile est mis en place, elle débute la ponction. Tu vas la sentir palper et tirer sur tes parois internes. Elle détecte le moindre spermatozoïde, habituellement, cela prend entre deux à trois minutes. C’est souvent plus long la première fois et ça va de plus en plus vite.

Alors qu’elle parlait, la baguette s’était effectivement mise en branle. Elle semblait différente comme si elle s’était transformée en un gros doigt étrange qui tâtonnait en lui. Régulièrement la pression restait continue alors que sa chaire semblait être sucée de l’intérieur. La sensation était renversante et il se mit à gémir en continue. S’il n’avait pas joui juste avant, il était sûr qu’il l’aurait fait à présent !

Bientôt un autre gémissement ou plutôt un grognement s’éleva dans la pièce. En se tournant pour tenter de comprendre, perdu dans les affres d’une sensation bien trop étrange, Nashran put observer Visu.

Son visage était fermé, ses yeux regardaient dans le vide mais une légère crispation sur le pourtour ne permettait pas d’ignorer que l’expérience était bien moins plaisante pour lui. Nashran l’ignorait et Johan choisit de ne pas le lui révéler, mais le tissu pompait activement les spermatozoïdes sur la verge hypersensible, ondulant et caressant sans le moindre répit.

- Vous devriez avoir peur que je ne revienne plus, doctoresse.
- Vous n’avez pas le choix.

Il se renfrogna un peu plus encore. Elle avait raison d’une certaine manière. Au bout du compte, le plaisir était toujours plus grand que le désagrément provoqué par les coïts. Sans attendre sa réponse, Johan se retourna pour vérifier la quantité collectée par le tissu sur le jeune réceptacle.

- Ok, la première passe semble finie. Il y aura plus ou moins de passe en fonction de tes partenaires. Pour Visu, on fait habituellement cinq passes, mais pour cette fois, on se contentera deux. La première était une passe large, tu as senti, l’embout était relativement épais ?
- … euh… oui, oui. Bredouilla Nashran tout en tentant de se concentrer sur ses sensations.
- Maintenant, je vais te faire tester une passe fine, mais multiples. C’est le mieux pour commencer. Il y aura douze petites pressions localisées, proches les unes des autres. Ça devrait te plaire.

A peine l’eut-elle dit que la pression se fit lui arrachant un gémissement choqué. Entre ses jambes son sexe se remit à gonfler, durcissant à vue d’œil. La caresse interne s’était faite plus précise, plus délicate mais également plus piquante.

Il sursauta plusieurs fois alors que de légers pincements se faisaient sentir, pourtant, il n’aurait pas pu dire que cela faisait mal. A côté de lui, Visu avait visiblement terminé, puisque Johan retira le tissu avec précaution avant de le glisser dans une boite qu’elle ferma aussitôt. Sans attendre davantage, elle le chassa d’un geste de la main. Il semblait s’y attendre, car il le prit avec le sourire, mais avant de partir il lui souffla :

- Je suis vraiment enchanté d’avoir fait ta connaissance mon beau. J’espère qu’on se recroisera !

Nashran acquiesça, soudain bouleversé. Il s’était laissé aller aux sensations, il avait tout fait pour que cette expérience soit agréable, mais revoir ce technicien cela impliquait de vivre ici. Sa vie serait ici dorénavant. Il déglutit péniblement, amer. Comme si elle avait saisi la rudesse de la situation, la doctoresse passa une main réconfortante dans son dos. Nashran lui répondit avec un pauvre sourire triste.

La porte se referma sur Visu et elle enchaîna, presque comme si elle désirait le distraire :

- Les spermatozoïdes récoltés sont mis en boite, puis triés et analysés. Les meilleurs représentants seront inséminés. Tu as donc participé à ton premier acte de reproduction, félicitations !

Il s’efforça de sourire, mal à l’aise. Ce n’était sans doute qu’un joli mensonge, après tout que pouvait bien valoir la semence d’un technicien ? Néanmoins d’ici quelques heures ou quelques jours, s’il restait un semblant de décence à Ogma, ce serait vrai.

- Et maintenant vérifions tes quartiers…

La doctoresse s’affaira un instant pour récupérer l’information en question qui se trouvait visiblement dans une espèce de terminal dont Nashran ne connaissait rien. Elle s’arrêta un instant, vérifia un complément d’information en grommelant à voix basse. Quand elle se retourna vers lui, elle souriait, mais ses yeux restaient tristes.

- Tu es logé dans un bon quartier.
- D’accord… et la mauvaise nouvelle ? tenta-t-il se sentant bien plus proche d’elle maintenant.
- Ce sont les quartiers d’Ogma.
- Ah…

C’était assez logique se dit-il. Après tout pourquoi lui permettre de s’éloigner quand il pouvait l’avoir à demeure ? Néanmoins, la réaction de Johan lui apprit que ce n’était pas la norme. Il aurait dû avoir ses propres quartiers ou peut-être être logé dans un quartier dédié aux réceptacles ?

Il soupira. Ses épaules lui faisaient mal, tout comme son fondement, et un poids persistant sur ses yeux l’invitait surtout à aller dormir. Néanmoins, il était censé faire face.

Johan eut l’air d’hésiter un moment. La zone de reproduction était immense, c’était une ville aux milles et uns recoins. On ne laissait jamais un nouveau venu s’y perdre, mais pour la première fois, il n’avait pas très envie de contacter le futur père. L’appréhension de Nashran était importante. Comme s’il avait deviné le moment de compassion, le réceptacle demanda :

- Ogma va venir me chercher ?
- Oui, dès que je l’appellerai.
- Ah…

La doctoresse fit quelques pas dans un sens et dans l’autre avant de soupirer et d’envoyer la notification d’appel.

- Je sais que la zone de reproduction fonctionne assez différemment de l’endroit d’où tu viens. N’hésites pas à demander conseil aux autres réceptacles. Tu as plus de pouvoir ici que tu ne le penses.

Nashran acquiesça lentement, incertain de comprendre. Ici, les futurs pères étaient des rois et lui, lui il ne serait rien de plus qu’un réceptacle. Quels pouvoirs pourrait-il bien avoir ? Il allait uniquement servir, il ne vaudrait pas mieux qu’un objet. Rapidement, elle ajouta quelques conseils et alors qu’Ogma arrivait elle ajouta :

- Renseignes toi sur les vœux. D’accord ?
- D’accord.

Et la porte s’ouvrit. Ogma était là. Immédiatement, Nashran baissa les yeux, incapable de lui faire face sans prendre le risque de lui mettre son poing dans la figure. Son ventre semblait comme chaud et sa gorge nouée.

- Bonjour mon cœur.

Ogma s’avança à grande enjambée pour se saisir de lui. Ses mains se posèrent sur ses flancs, le soulevant légèrement pour l’embrasser à pleine bouche.

- Je suis vraiment content que tu sois venu ! Tu vas voir, on habite un quartier génial !
- Ogma… Attends. Un instant s’il-te-plait.
- Oui, bien-sûr. Je pensais que tu avais fini ici.

Le futur père, très sûr de lui, se tourna vers la doctoresse qu’il avait jusque-là ignoré, attendant qu’elle lui explique. Cependant, elle resta fermée, rangeant son équipement et nettoyant ce qui devait l’être. Nashran se racla la gorge avant d’énoncer simplement :

- J’ai été préselectionné pour un bon poste. Un très bon poste. Je pourrais devenir gardien de zone électrique. Même si mon dossier n’était pas pris… ça m’ouvre énormément de portes. Je ne peux pas devenir ton réceptacle. Il faut que tu annules ta demande.

Au fur et à mesure de son discours, Ogma avait reculé, il s’était redressé et à présent, il gardait les bras croisés, le menton relevé. Sa voix, habituellement mélodieuse, fut bien plus basse et plus sèche lorsqu’il demanda :

- C’est une blague ? C’est hors de question. Je suis prioritaire.
- On se connait à peine Ogma ! Tu ne peux pas me faire ça.
- Je l’ai déjà fait. Il va falloir t’y habituer, c’est tout.

Nashran recula, choqué. Une petite partie de lui-même avait eu espoir de raisonner Ogma. Le si fier, si arrogant, si sûr de lui Ogma. Ce n’était même pas surprenant. Il devait arrêter de se mentir à lui-même. Un sourire triste lui échappa alors qu’il répondit :

- Je comprends.

Ogma réavança d’un pas, pour lui saisir le visage et l’embrasser. Ses lèvres butinèrent sa bouche, demandant l’accès. Nashran accepta, se consolant en se disant qu’au moins il embrassait bien et les contacts sexuels pourrait être satisfaisant. Néanmoins, alors que leurs langues se caressaient l’une l’autre en douceur, le réceptacle se fit une promesse.

Il trouverait une brèche.

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