Chapitre 1

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Pressant le pas à travers les ruelles, Nashran tentait de se glisser au milieu des innombrables personnes venues visiter le grand marché des artisans. C’était un grand lieu de rendez-vous pour tous les férus d’arts, mais également pour tous les paysans qui vivaient à l’arrière de la crète, loin de la civilisation.

Les outils en tout genre ne l’intéressaient pas, d’ailleurs, il ne savait pas en manipuler l’immense majorité. S’il craquait parfois sur la beauté d’une œuvre, prenant quelques minutes pour la dévorer du regard, il était bien plus occupé par le fait de rejoindre ses amis. Le lieu de rendez-vous classique était dans la vieille ville, un endroit tortueux, pleins de recoins, de petites impasses et de passages méconnus. L’endroit idéal pour flirter avec un joli parti… ou deux.

Nashran espérait y retrouver Deiter ou peut-être Lunar, deux jeunes hommes tout à fait à son goût. Ou peut-être les deux en même temps ? A une autre époque, on l’aurait sans doute dit « libertin », mais en cette période, cette notion n’avait plus aucun sens. Nashran n’était ni plus ouvert sexuellement, ni plus prude qu’un autre de son âge. Lorsqu’on lui palpa ouvertement les fesses, alors qu’il passait au milieu d’un groupe un peu dense, il claqua la main impudente et s’éloigna sans en faire plus cas. Cette situation était courante et lui-même aurait pu glisser ses doigts sur certaines peaux s’il n’était pas aussi pressé.

Il parvint à passer les groupes les plus compactés, autour des outils fermiers, et put accélérer tranquillement. Sous ses pieds, les pavés étaient irréguliers mais il avait tellement l’habitude qu’il n’y prit pas garde. Le jeune homme traversa ainsi le marché d’un pas vif et gracieux, passant d’allées en allées, contournant les groupes et évitant les doigts cajoleurs tout autant que les regards lubriques. Il n’avait pas le temps pour ça.

Enormément de personnes flânaient en ville, au milieu des travailleurs. Il n’y avait rien de mieux à faire en attendant le droit de proposer son dossier, puis, avec énormément de chances, d’avoir son affectation. Nashran était lui aussi dans ce cas, neuf dossiers présentés, tous refusés, jusqu’à hier. Il avait été pré-sélectionné pour un travail de gardien de zones électriques. C’était une excellente nouvelle qu’il attendait depuis longtemps déjà. Il comptait bien la célébrer avec ses amis. Philly, Orn et Joh attendaient toujours leurs affectations. Sans doute en vain : ils étaient bien peu à être choisi et Nashran pourrait bien être déçu dans les prochains jours. Lunar était dans ce même cas.

Lorsqu’il les trouva enfin dans l’un des recoins qu’ils affectionnaient tant, la discussion était animée. L’un d’entre eux, Philly, lui lança immédiatement :

- Ogma a été choisi pour la grande sélection !
- Sérieusement ?
- Oui ! Il est parti tôt ce matin, ils sont venus le chercher !

Nashran recula vaguement sous le choc. Il connaissait Ogma surtout en tant qu’ami d’un ami, mais découvrir qu’il avait pu parler avec l’un des futurs pères, c’était étrangement grisant.

- Qui sait, ce sera peut-être moi le prochain ? lâcha Orn, joueur, un sourire mutin au visage.

Les autres éclatèrent de rire, sans avouer qu’ils l’espéraient de tout cœur pour lui. Seul le rire de Nashran se coinça un peu dans sa gorge alors qu’il savait avec une très grande netteté qu’il était le seul de la bande à n’avoir aucune chance. Il attendit un peu pour avouer sa pré-sélection et si on le félicita, le départ d’Ogma continuerait à occuper toutes les bouches et tous les esprits pendant de longues semaines au moins. Ce type d’affectation était particulièrement rare.

Dans l’heure qui suivit, alors qu’ils se firent plus entreprenant, passant de bras en bras et échangeant des caresses, tous se prirent pour Ogma. Ils s’imaginèrent franchir les grandes portes, pour entrer dans les téléporteurs et arriver finalement dans ses propres appartements, immenses et luxueux, loin au-dessus de la ville dans l’un de ses espaces aériens dédiés à la reproduction.

Le cœur de Nashran se serra légèrement, le tirant de son songe, mais il décida de ne pas l’écouter et de s’y replonger. Tant pis si c’était totalement irréaliste de sa part, en embrassant le cou d’Orn, en mordillant sa peau jusqu’à sentir ses cordes vocales vibrer d’un gémissement contenu, il se laissa emporter par l’idée. Orn ? Orn serait l’un de ses réceptacles, il lui ferait beaucoup de bien et le jeune homme en redemanderait. Il lui dirait : « Encore. Encore. » Avant d’ajouter : « Allez y monsieur, c’est un tel honneur. ».

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ils se poussèrent les uns les autres dans le recoin le plus sombre de la zone tout en s’épouillant de leurs vêtements. Les passants pourraient observer leurs corps nus et tendus de désirs, mais ce n’était pas grave. Au pire, certains voudraient venir participer, rajoutant leurs fantasmes et leurs envies à ceux du reste du groupe. Parfois, les pratiques se faisaient osées, empruntant des chemins moins communs, mais ce jour-là, toutes leurs pensées étaient tournées vers les zones de reproductions. Ils ne savaient pas exactement comment cela se passait, mais la finalité était toujours la même : répandre une bonne dose de sperme !

Comme souvent, Nashran fut le premier à voir son corps pétrit par les caresses. Les mains fines de Joh se posèrent sur ses épaules, les massant très légèrement pour l’aider à se détendre. Ils avaient tous envies de brutalités. Sachant pertinemment que les assauts seraient rudes, Nashran le remercia d’un baiser sur le poignet alors que dans le même temps un doigt, à peine couvert de salive, s’enfonça sans ménagement au plus profond de lui.

Il connaissait parfaitement la technique, il poussa sur son fondement comme pour appeler la pénétration, afin qu’elle soit plus douce pour son corps, mais les mouvements rugueux lui laissèrent assez peu de temps pour prendre le contrôle de lui-même. Juste deux va et viens pour vérifier qu’il était relativement souple, et l’instant d’après, un long pénis s’insérer en lui. C’était Philly, la forme de cette chaire et la puissance de ce coup de rein le lui prouvait. Il n’eut pas besoin de se retourner pour le confirmer, à la place, il se cambra un peu pour faciliter la tâche à son ami.

Immédiatement, la danse débuta, venant frotter l’intérieur de son corps. Lors des plus grosses poussées, il se resserra volontairement, provoquant le sursaut de son partenaire. C’était souvent pour ça qu’il passait le premier, on disait qu’il avait un déhanché terriblement bon et il en joua.

Lorsqu’il entrouvrit les yeux une seconde, il remarqua qu’un passant c’était invité à l’étreinte, dévoilant un corps épais, massif, avec un sexe tout aussi lourd. Sans aucune hésitation, Nashran se tourna vers lui et sans davantage de doute, l’inconnu le pénétra profondément en une seule et unique poussée. Ils lâchèrent un soupir de concert avant que la danse ne reprenne. Le sexe l’emplissait parfaitement, frottant sur sa prostate et lui tirant autant de gémissements que de frissons. Comme dans un ballet, parfaitement synchronisé, Joh et Nashran se retrouvèrent tête bêche, avec une douceur qui contrastait des coups de reins virulents qu’ils recevaient tous deux à présent, ils se placèrent, s’embrassèrent et se léchèrent. Joh n’était pas un amant timide, mais il connaissait la valeur d’un désir retenu, alors il le fit patienter un peu avant de prendre son érection en bouche. Nashran était sans doute moins habile. Il n’atteindrait sans doute jamais les compétences de son ami en matière de fellation, mais il fit de son mieux pour reproduire les gestes qu’il sentait sur sa chair.

Plusieurs fois, les pénétrations profondes d’Orn le poussèrent en avant, forçant Nashran à le prendre plus profondément dans sa bouche, effleurant le début de sa gorge. Joh de son côté éprouvait peut-être les mêmes difficultés, mais il pratiquait sans hésitation des fellations très profondes, alors il prenait entièrement le sexe bandé en bouche et suivait juste les mouvements tout en alternant les caresses tendres, les pressions douces et les sucions plus ou moins prononcés.

Lorsqu’enfin une main daigna atteindre sa poitrine pour tirer sur son mamelon érigé de plaisir, s’en fut trop pour lui et Nashran vient en un long jet de sperme que Joh avala immédiatement. Et la première pensée de Nashran, juste après cette jouissance, fut que c’était sans doute interdit dans les zones de reproductions. Quel gâchis ! Et l’instant d’après, il se rappela qu’il n’aurait jamais la moindre chance d’y aller. Ses yeux vairons aux couleurs étranges le lui interdisaient formellement. Il faisait partie des nombreux recallés d’offices, impropres à la reproduction.

Quelques baisers dans le cou, quémandeurs, attirèrent son attention, une belle érection l’attendait. Il lui sourit, mutin, et l’empoigna sans vergogne. Son ami aimait certains traitements rudes et brutaux et il n’allait pas s’en priver. Ne pas pouvoir se reproduire n’impliquait pas une absence de désir et de plaisir sexuel après tout.

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