DERNIÈRE JOURNÉE

Je n'avais pas dormi de la nuit, impossible de fermer l'œil, l'angoisse m'avait parcouru le corps et l'esprit sans même s'estomper un peu au petit matin.

Le sort en était jeté depuis la veille au soir, tout le monde le savait ; le bruit et les mots avaient couru dans toute la ville. Le procurateur avait été tranchant dans son verdict : « Il mourra comme meurent les prisonniers de droit commun ; exposé au soleil et à la lune, éprouvant leurs péchés durant de longues journées qui seront d'horreur, telle est notre sentence ! ».

Que peut-il être plus douloureux que de s'éteindre lentement dans d'intenses souffrances ? Ce serait pour lui le calvaire d'un esclave plus que de l'homme érudit et salutaire qu'il avait été.

C'est à sept heures du matin que j'avais rejoint le sommet de la colline du mont Calvaire. Je n'étais pas seul, d'autres déjà avaient pris possession des lieux et attendaient l'arrivée de ceux qui bientôt ne seraient plus des nôtres, car oui, il ne serait pas seul lui non plus ce jour-là à passer dans l'autre monde, il serait accompagné par ceux qui lui avaient fait confiance.

Celui qui avait levé un peuple, qui avait chassé les démons et qui avait démontré qu'on pouvait le suivre les yeux fermés, aujourd'hui allait rejoindre un triste destin.

Que deviendrons-nous lorsqu'il aura rejoint l'autre rive ?