Réflexions

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C'était hier. Et hier est encore aujourd'hui, tant je ne réalise pas. Hier...

Les "hier" sont tous des vieux morceaux de bois pourri, flottant sur l'eau, tenez, comme celui-ci, qui arrive doucement sur la rive. Le petit courant les trimballe, les vieux morceaux de bois vont et viennent mais finissent toujours par s'échouer.

Ah mais non, ce n'est pas du bois. C'est. C'est un corps.

Un furet. Mort.

Combien de fois leur ai-je dit, de ne pas faire n'importe quoi de leur animal sous prétexte qu'ils l'aimaient même au-delà de sa mort ?

Balancer un furet dans le lac, c'est indigne.

Comme abandonner n'importe qui d'ailleurs. C'est indigne.

Après, allez savoir si l'animal n'avait pas quelque leptospirose ou la rage ?

Je suis assis là, sur les pierres plates et je contemple cette étendue calme, à peine un friselis ce matin. J'aime les rives de ce lac, j'aime ses criques, sa couleur verte l'été, sa transparence.

J'aurais aimé que ma vie soit aussi transparente. Non. Ce n'est pas l'heure des mensonges.

J'aurais aimé que sa vie à elle soit claire. J'aurais préféré qu'elle me dise les mots du changement, de l'éloignement.

Peut-être que "l'autre" y a droit, à la clarté. Peut-être qu'il s'y prend mieux que moi.

Depuis hier.

Quarante ans de quotidien, de rage comme le furet, mais aussi de rires, de joies, de repas de chair et de bonne chère.

Ha oui il doit être heureux, l'autre, depuis hier.

Heureux autant que je suis ahuri, désespéré, fâché. On se protège comme on peut. Tous.

Je suis un furet mort jeté à l'eau du lac, je suis un hier désappointé, j'ai la rage de la désespérance.

Je réfléchis, n'y comprends rien ou ne veux pas. Je réfléchis et mon visage aussi se réfléchit dans l'eau.

Ha ! Je ne m'étais pas même aperçu que je tripotais ce caillou plat. Mes élucubrations vont le polir bien mieux que des siècles d'eau, si ça continue.

Tiens ! Prends ça ! Je n'ai pas tout perdu, je suis encore bon aux ricochets. Tiens, un autre ! Trois bonds. Et voilà, ça revient, six rebonds !

Encore un peu d'entraînement et mon lancer atteindra peut-être l'autre rive. On parie ?

Rebondir.

Oui, c'est ça. Je peux rebondir.

Aujourd'hui un peu. Et demain bien mieux.

* * *

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