Dangereux Voisinage

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Je versai du café dans une petite tasse, décorée de gardes anglais. J’approchai la tasse contenant le liquide encore brulant près de mes lèvres quand j’entendis un bruit de portière dans la rue. Cela m’intriguait. D’ordinaire, le quartier était plutôt calme à cette heure-là, surtout en cette période de vacances où la majorité de mes voisins étaient partis. Pour satisfaire ma curiosité, je me dirigeai vers la fenêtre du salon, d’où je pouvais observer chaque bâtiment du quartier.

Je vis un pick-up marron stationné devant la grande habitation située en face de la mienne. Sa façade était recouverte d’une vigne vierge qui n’avait pas été taillée depuis de nombreuses années. Pour cause, cette maison, autour de laquelle bien des rumeurs circulaient, demeurait inhabitée depuis près de quinze ans. On racontait que tous les propriétaires étaient décédés prématurément.

Un homme de grande taille, barbu et légèrement enveloppé sortit de la maison. Ce devait être le nouvel occupant. Il récupéra des cartons dans son véhicule et les rentra. Il répéta l’opération plusieurs fois, transportant des paquets de tailles différentes, jusqu’à ce qu’au bout d’un moment, l’homme ne reparut pas. Pourtant, il devait rester aux alentours d’une dizaine de boites dans son pick-up. J’attendis qu’il ressorte durant près de deux heures, mais il ne donna plus aucun signe de sa présence.

Les lumières du jour déclinaient. J’avais pour habitude de me coucher tôt, et le ventre vide. Difficile à expliquer mais je dormais très mal en ayant diné. Je montai dans ma chambre, à l’étage. La décoration était sobre. Une bibliothèque bien garnie se trouvait près de mon lit, pour palier à mes besoins littéraires. Un tableau représentant le littoral était disposé près de la fenêtre, celle-ci donnant directement sur la rue.

Après m’être changé, je pris place sous la couverture. Mes paupières devinrent lourdes et le sommeil m’envahit.

En pleine nuit, une forte lumière jaune me réveilla. Par la fenêtre, je pus observer que cela venait de chez mon nouveau voisin. Un projecteur tel que ceux utilisés au cinéma était allumé et projetait sa violente lumière dans l’entièreté du quartier. J’étais ébloui par le projecteur mais mes yeux se posèrent sur un carton ouvert près de la roue du véhicule. Je pus apercevoir une tête de cerf empaillée, ainsi qu’un merlin dont la lame était entaché de sang. Il avait simplement du tuer et empailler le cerf lui-même pensais-je.

Malgré cela, je ne voyais pas l’homme. Il devait sûrement être chez lui, cherchant un endroit où exposer la tête de cerf. Je décidai de descendre au salon où la fenêtre me permettrait de mieux observer les occupations de mon nouveau voisin. Les planches de l’escalier émettaient un léger son sous mon poids.

Arrivé en bas, je sentis une violente douleur à l’épaule. Quelque chose m’avait mordu. Je me retournai et je vis mon voisin, la bouche ouverte, me dévoilant sa mâchoire volumineuse, qui se tenait devant, un eustache dans la main droite.

- Votre curiosité va vous perdre, articula-t-il.

Je reculais, tentant de fuir. Malheureusement, je heurtai la table basse et trébuchai. L’homme se rua sur moi et me donna un violent coup de couteau dans la jambe. Je perdais beaucoup de sang. Il se baissa et le lécha sur le sol. Etait-ce un cannibale ? Il me chargea sur son épaule pour me ramener chez lui. J’étais perdu, seul avec lui dans le quartier. Ma jambe me faisait atrocement souffrir. Je commençai à voir indistinctement , jusqu’à perdre connaissance.

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