Fëanor était agenouillé, recroquevillé sur lui-même, il tremblait. Le noir profond que la nuit provoquait dans la ruelle l'avait protégé de son agresseur et après ce qu'il lui avait fait, il ne fallait surtout pas qu'il le retrouve. Il prit son courage et se leva tout en marchant doucement et aux aguets du moindre bruit.

Il arriva au bout de la ruelle et passa sa tête à droite, rien, puis à gauche, rien non plus. Tout en pressant le pas, il se dirigea vers l'auberge, il poussa la porte et entra dans l'établissement. Beaucoup de personnes s’y trouvaient provoquant du brouhaha. L'elfe non rassuré de tout ce monde, se rapprochait délicatement vers l'aubergiste il se racla la gorge.

- Excusez-moi, auriez-vous une chambre ? Dit-il d'une voix tremblante.

L'aubergiste se retourna pour distinguer Fëanor et grimaça de dégoût.

- Non pas de chambres disponibles. Répondit-il.

Fëanor soupira, il était persuadé qu'une chambre était libre, il comprit dès son arrivée dans la ville qu'il n'était pas la bienvenue, après tout le garde l'avait prévenu. La guerre entre les hommes et les elfes avait laissé beaucoup plus de séquelles qu'il ne l'avait pensé.

Cette nuit devait être meilleure, au chaud, sous des draps, en sécurité. Il ne voulait pas dormir de nouveau dehors il n’en pouvait plus, son corps réclamait un sommeil réparateur et pour ça il lui fallait une bonne nuit de sommeil dans un lit.

- C’est parce que je suis un elfe ? Lança avec courage Fëanor.

L’aubergiste le fusilla de ses grands yeux marron et il grimaça tellement fort que ses dents jaunes apparuent sur son visage. L’homme serra les poings et claqua l’une d'entre elle sur le comptoir.

- Dégage de mon auberge avant que je te tranche la gorge ! Estime-toi heureux d'être encore en vie, morpions !

Fëanor sursauta et fila à toute vitesse vers la sortie sous les rires moqueurs de plusieurs hommes puis une chope vide se heurta sur l'arrière de son crâne et les hommes riaient de plus belle.

L’elfe sortie de l’auberge des larmes coulèrent le long de ses joues, il n’en pouvait plus et regretta amèrement d’avoir été trop curieux.

Il mit une main à l'arrière de sa tête et il massa pour faire disparaître la douleur qui ne fut pas énorme mais tout de même présente. La ruelle où il s’était caché allait être son dortoir pour cette nuit, au moins il se sentirait un plus en sécurité que dans la forêt ou ailleurs en dehors de la ville. Néanmoins, en arrivant dans la rue et en observant les étoiles, il aperçut une fenêtre de l’auberge et une idée lui traversa l’esprit.

Fëanor s'agrippa au mur et l’escalada avec agilité, bien qu’il soit doué en escalade il atteignit le rebord avec difficulté. Il enjamba le rebord de la fenêtre et se retrouva dans une chambre dominée par l’obscurité.

- Cette nuit je dors au chaud ! Se rassura-t-il.

La porte est fermée à clé, un bon point pour l’elfe, au moindre cliquetis de la serrure il aura le temps de se sauver par la fenêtre, le plumard y était près. Fëanor s’installa sous les draps doux de sa couchette, le lit en était confortable, un matelas de plume et d’un châlit de bois. La chaleur et la douceur des draps le rendent extatique. Mais la cacophonie que provoquent les hommes ivres du rez-de-chaussée enleva toute extase dont il s’était laissé submergé.

Fëanor grogna et soupira de dépit malgré le fait qu’il soit en partie en sécurité et au chaud, le vacarme allait lui rappeler les dernières nuits dans la forêt, ou il dormait très peu. La fatigue le rattrapa et bien que le bruit soit toujours présent, le manque de sommeil était beaucoup plus fort.

Ses paupières devenaient très lourdes, ses yeux se fermaient lentement, sa respiration de plus en plus légère et le vide commençait à envahir sa tête, ses muscles se décontractaient et il s'engouffrait profondément dans un sommeil bien mérité.