LEO - Douche froide !

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IZ*ONE - Violeta


Un parfum de violette.

L'odeur m'obsède tellement ! J'ai beau fuir, baiser, me bourrer la gueule... Elle me hante, m'enivre... je la sens partout, absolument partout !

Je crois que je deviens fou.

— C'est clair que tu es vraiment en train de perdre la tête, mon pauvre !

La voix courroucée de Lars perce le brouillard dans lequel je flotte depuis des jours, des semaines, des mois ? À force d'être dans les vapes, j'en sais foutrement rien.

— Allez ouste ! Tout le monde dehors !

J'entends Lars chasser sans ménagement les nanas avec qui j'ai passé la nuit. Elles se mettent à piailler avec indignation en quittant le lit dans un grabuge pas possible.

— Cet espèce de taré ne nous a pas encore payées ! proteste l'une d'entre elles.

— Très bien, dans ce cas, que diriez-vous d'un aller simple et tout compris pour l'enfer ? répond Lars d'une voix menaçante. Je sais très bien que vous avez déjà dû vider le portefeuille de ce crétin, alors maintenant, disparaissez de ma vue !

J'imagine bien ses prunelles améthystes briller comme celles d'un chat, mais surtout la tête épouvantée des filles.

Ça doit être drôle, mais j'ai pas la force d'ouvrir les yeux pour admirer le spectacle.

Je les entends détaler sans demander leurs restes. Elles claquent la porte bien fort derrière elles et n'oublient pas de me traiter de "connard" au passage.

Je ricane malgré moi. Très mauvaise idée, mon crâne me fait immédiatement un mal de chien. Je grogne en attrapant un oreiller à l'aveuglette que je plaque sur ma tête... Mais Lars l'arrache aussitôt d'une main impitoyable.

— Des succubes avec l'apparence d'Iris ? Es-tu sérieux ?! crache-t-il d'un ton incrédule en me secouant sans ménagement. Mais bon sang, Leo ! Tu as vraiment perdu le peu de bon sens qui te reste ? Regarde-toi un peu ! Une véritable loque !

— Fous-moi la paix Lars, je gronde en agitant mollement un bras pour le repousser. Je prends juste un peu de bon temps entre deux contrats... je vois vraiment pas où est le problème, merde !

— Le problème, c'est que tu couches avec des succubes, espèce de sombre crétin ! gueule mon ami et c'est comme si sa voix explose directement dans mon crâne déjà très douloureux. Tu veux mourir ou quoi ?! Parce que si c'est le cas, je peux m'en occuper là tout de suite, histoire de t'offrir une mort plus digne que de finir complètement vidé par ces saletés !

Son ton oscille entre colère et inquiétude. La culpabilité pointe à nouveau le bout de son nez et je me sens encore plus mal. Surtout que le parfum de violette revient me torturer. Crever n'est peut-être pas une si mauvaise idée après tout...

— Non, non, non, ça commence à bien faire toute cette histoire ! ça suffit maintenant ! Tu vas sortir de ce foutu lit, maintenant ! AQUAPRUINAE !

Lars rugit carrément le dernier mot et un torrent d'eau glacée se déverse sur ma tête dans la seconde qui suit. La douche froide a le mérite de me faire bondir hors du lit. Je titube comme un con au milieu de la pièce, complètement trempé de la tête aux pieds.

— Mais t'es malade ?!!

— Et toi, tu es pathétique à te laisser aller comme ça ! Mais enfin, Leo, ça va faire un mois, il faut tourner la page !

— Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, je crache avec colère en m'ébrouant comme un pauvre cabot sous le regard noir (et satisfait) de mon ami qui agite un doigt furieux et menaçant dans ma direction.

— Voile-toi la face si ça te chante, mais tu vas arrêter tes bêtises et te reprendre en main ! Sinon je te jure que je ne répondrais plus de rien et tu vas le sentir passer !

Je réponds par un silence boudeur et obstiné, puis on s'affronte du regard pendant de longues minutes, jusqu'à ce que je me mette à claquer des dents.

C'est que ça caille dans cette pauvre chambre sans chauffage !

— Zephyria, finit par grommeler Lars avec un petit geste de la main et je me fais souffler par une bourrasque (trop) brûlante qui me sèche complètement en une minute.

— Mais putain, Lars, tu veux me brûler au troisième degré ou quoi ?! je proteste pendant qu'il se détourne avec un petit sourire goguenard.

— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, il réplique en se dirigeant vers la porte. Maintenant, va prendre une douche, puis rejoins-moi en bas. On a du travail.

*

Je file sous la douche, mais sans m'y éterniser. L'eau est froide et puis, rester seul me fait divaguer en pensée vers une certaine personne... J'enfile mes fringues à la va-vite, glisse mes Magnums sous ma veste avant de descendre au rez-de-chaussée du pauvre hôtel où j'ai élu domicile pour... euh la nuit.

Je retrouve Lars dans le hall. Mon ami trépigne d'impatience, visiblement peu ravi de se retrouver dans cet endroit si vétuste pour sa magnifique personne. Je constate avec un temps de retard qu'il n'est pas seul. Telle une immense statue plantée à ses côtés, Asmet fait son habituelle tête d'enterrement. Les deux forment un tandem tellement improbable que je ricane malgré moi en arrivant à leur hauteur.

— Salut Asmet, je lance avec un petit sourire en coin, les mains nonchalamment enfoncées dans les poches. Qu'est-ce tu fous là ?

Il fronce le nez avec dégoût pour toute réponse.

— Tu pues l'alcool et la luxure à des kilomètres, Tifl, il rétorque finalement avec dédain en se détournant, aussitôt suivi de Lars qui a clairement plus que hâte de quitter les lieux.

Je les suis en traînant des pieds, puis je farfouille dans ma veste à la recherche de clopes. Je m'en allume une au moment où on arrive dehors. Aaaaah, mes pauvres yeux sont aussitôt agressés par la lumière du jour. J'en lâche ma cigarette, tellement ça fait mal putain ! Je suis pas sorti de cette chambre d'hôtel depuis des jours ou quoi ?!

— Cinq jours, répond Lars à ma question muette. Cinq jours de débauche et d'alcool avec des succubes. C'est un miracle que tu sois encore en vie ! Bois ça ! il ajoute ensuite en me fourrant une bouteille d'eau dans les mains. Je suis sûr que ce n'est plus du sang qui coule dans tes veines, mais de la vodka ! Affligeant.

— Ahah trop marrant, je marmonne en m'exécutant de très mauvaises grâces.

Asmet ricane sans retenue alors qu'on arrive à sa voiture. Il débloque les portières et Lars se glisse d'autorité à l'avant, côté passager. Je lève les yeux au ciel et m'installe à l'arrière. Ou plutôt, je m'y avachis carrément. J'ai toute la place pour moi, autant en profiter.

— Alors on va où ? je demande en terminant ma bouteille, tandis qu'Asmet se met en route. Vous avez une piste sur cette histoire d'Imperium scellé ? Parce que moi j'ai trouvé que dalle...

— En même temps, ce n'est pas comme si t'es vraiment mis à l'ouvrage non plus, se moque Lars. Il se retourne pour me fusiller des yeux, puis me tend une autre bouteille d'eau en m'intimant de boire.

Il est mignon à me couvrir d'attention comme ça, alors que je le mérite pas du tout. J'ai été vraiment vache et con avec lui ces dernières semaines. Faut que je me rattrape ! Euh... Je pourrais peut-être lui offrir un nouveau gel douche ?

— Pardonne-moi de te couper dans tes ô combien passionnantes introspections, Leo, mais là, on a plus urgent à faire ! Et non, je n'ai pas besoin d'un nouveau gel douche !

La voix à la fois moqueuse et exaspérée de Lars me ramène sur Terre. Ah ! Il a ENCORE lu dans mes pensées, le con !

— Asmet a trouvé une piste à propos des nouveaux laquais qui remplacent Allistair : il s'agit d'Aradia et Lucretius, les meilleurs traqueurs des enfers selon les rumeurs...

Je lève la tête vers mon ami qui a pris un ton inquiet, comme à chaque fois qu'on évoque cette histoire d'Imperium scellé. D'ailleurs, il ne m'a toujours rien expliqué pour sa crise de panique à la Guilde. Faudrait qu'on en reparle une fois seuls...

— Mouais et on les trouve où ? je demande en m'allumant une clope.

— Pas de cigarette dans ma voiture, Tifl ! crache aussitôt Asmet.

Mais bordel comme je déteste ce putain de surnom qu'il me donne ! Franchement, je préfère de loin ceux de Miss France... Non, stop ! Putain, le parfum de violette revient à l'assaut et je peux même pas le chasser à coup de fumée de cigarette !

— On va te trouver des vêtements convenables et vous allez sortir en boîte avec Asmet, m'informe Lars, alors que je bois le reste de mon eau en ronchonnant.

Quoi ? Ce bon vieux Asmet dans une boite de nuit ? Le seul fait d'y penser me fait marrer et je m'étouffe avec ma boisson en éclatant de rire.

— Non, sérieux ? je ricane d'une voix étranglée.

Asmet me lance un regard noir à travers le rétroviseur et je rigole de plus belle.

— Selon mes contacts, Aradia et Lucretius seront à l'Équinoxe ce soir, un établissement VIP qui se trouve à Paris...

Quoi ? Mais Non !

— Il n'est pas question que je retourne dans cette ville pourrie ! je m'écrie aussitôt.

Je ne remettrais plus jamais les pieds là-bas !! Au risque d'y croiser...

— PAS QUESTION ! je gueule comme un gamin.

— Arrête de faire l'idiot, Leo. Tu iras avec Asmet à l'Équinoxe, un point c'est tout ! réplique Lars avec irritation. Ne me force pas à t'y obliger !

— Mais put...

Ma voix se bloque brusquement dans ma gorge et je lance un regard furieux à Lars qui y est sûrement pour quelque chose. Il m'adresse un petit sourire satisfait et je lui envoie des tas d'insultes imagées en pensée. Aaaaah le con ! Il peut faire une croix sur son nouveau gel douche, je lui offrirais rien du tout ! 

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