Joli petit kiwi

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Voici un joli petit kiwi qui traverse une route. Le ciel est bleu et le soleil, jaune et chaud. Notre cher ami, terrassé par la soif, avance en zigzaguant d'un point à un autre. Le bec bas, l'air hagard, il semble au bout du rouleau. S'il doit rester encore quelques heures sous ce soleil de plomb, vous pouvez être sûrs qu'il crèvera.

Pauvre brave !

Il ignore qu'à seulement quelques pas se trouve une mare d'eau encore digne de ce nom. Le voilà qui divague, maintenant ! Entendez-le chanter, entendez-le brailler ! Quel capharnaüm ! Et il ne compte pas s'arrêter. Son espérance de vie se réduit.

Pauvre petit.

Voyez son adorable plumage, si semblable à de la douce fourrure. Cet oiseau est un ratite du genre Aptéryx, seul survivant de cette famille d'oiseaux pédestres, selon les taxinomistes. Dernier de sa lignée et sauvé par sa petite taille. Ce nain pond des œufs presque aussi gros que lui. Ce mâle, d'ailleurs, tente de regagner son terrier, mais il fait chaud, si chaud.

Bientôt, il tombera et ne se lèvera pas. S'il est chanceux, il évitera le taxidermiste et retournera à la terre, comme tout membre du cycle de la vie. Le voilà qui trébuche sur un morceau de gypse ! Allez, debout, lève-toi ! Ton nid n'est plus si loin, tu peux encore retrouver tes petits !

Non, je t'en prie, ne tourne pas de l’œil ! Sers-toi de ton ouïe, tu entendras le cris de tes oisillons et tu percevras certainement le glouglou du ruisseau qui s'écoule non loin.

Oui ! Le voilà qui reprend sa marche ! Un pas après l'autre, il trébuche en avant. Sa tête est lourde, si lourde. Il a du mal à la garder en l'air, si bien que son long bec traîne dans la poussière.

Enfin ! Il gagne le couvert des arbres. Aussitôt, la chaleur se fait moins intense. Il continue d'avancer, mais le monde tourne autour de lui. Il ne sait plus où est le ciel; Il ne sait plus où est le sol.

Pam... pam, pam... pam, ce sont ses pattes qui frappent la terre. Et d'un coup, plus rien ! Un lourd silence suivi par un cri de détresse. Notre ami est tombé à l'eau. Ça y est, il a trouvé la rivière ! Son terrier n'est plus très loin, il ne lui reste plus qu'à s'extraire de ce tombeau aqueux et regagner la berge.

Il patauge tant bien que mal tandis que l'eau envahit ses narines. Ah ! Si seulement ses ailes étaient plus longues, il pourrait peut-être s'en servir pour s'en sortir ! Le voilà qui se dandine et se propulse à l'aide de ses longues guibolles.

Une, deux, une deux ! Courage, tu y es presque ! Crois en toi, n'abandonne pas !

Oui ! Il a réussi, enfin, il a retrouvé le plancher des vaches. Il était moins une. Le voilà qui se remet debout et qui se penche pour boire. Attention, ne retombe pas !

Quand il a fini de boire, il repart, zigzaguant comme soûl entre les arbres de sa chère forêt. Il a bientôt rejoint ses petits, non sans manquer de défaillir. Il finit par s'écrouler devant l'entrée de chez lui et s'endort sans coup férir.


Ah, on ne le reprendra pas à abandonner ses oisillons pour courir la campagne à la recherche d'une jolie donzelle kiwi, ça non !

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