Chapitre 4 (dénouement)

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Loïc émergea dans une brume épaisse avec une désagréable impression d’engourdissement. Les images confuses du drame qui venait de se jouer encombraient son esprit, sans qu’il parvienne à mettre des mots dessus. Tout autour de lui, un voile semblait posé sur les choses. Il se frotta les yeux pour chasser le brouillard. Peu à peu, les images devenaient plus nettes et il commença à discerner les lignes familières de la cabine de son bateau, les couchettes, la petite cuisine en bois précieux, le hublot rond au travers duquel se dessinaient les contours rassurants de la presqu’île de Crozon et la mer peuplée de moutons.

Soudain, l’angoisse revint, comme un coup de poing porté à l’estomac : Marie.

Titubant encore, mais pleinement réveillé, il se précipita vers l’extérieur, se cogna, bouscula les équipets parfaitement rangés et fit tomber la VHF qui trônait sur la table à carte. La tête à peine sortie à l’air libre, il prit conscience que toute trace de brume avait disparu.

À la barre, se tenait une silhouette. À contre-jour, ses longs cheveux dansaient dans les rayons du soleil, les prolongeant comme des fils d’or tissés.

— Alors, bien dormi ? fit une voix qu’il connaissait bien.

Marie était radieuse. Loïc se frotta les yeux, peinant à réaliser que son épouse se trouvait bien là, devant lui. Elle souriait, ses belles dents blanches brillaient dans la lumière vive du couchant.

— C'est bien toi ? fit-il, incrédule, voyant l’aisance avec laquelle elle semblait piloter le bateau.

— Qui veux-tu que ce soit d'autre ? répondit-elle en riant.

— Mais... Mais que s'est-il passé ? J'ai mal au crâne, je ne comprends plus rien...

— Oh, c'est tout simple. Tu es allé dans la cabine, et tu t’es effondré de fatigue...

Elle cessa de parler un instant, le temps de tirer sur une écoute de grand-voile, se concentrant avec intensité sur cette tâche.

— Je t’ai laissé profiter de ce sommeil bien mérité, tu devais être éreinté. Ne t’inquiète pas, j’ai piloté comme un chef, on rentre au port ! Tiens, borde un peu le foc, on remontera mieux au vent.

Loïc, les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres, mais rayonnant de la joie de l’avoir retrouvée, la contempla, magnifique, tellement belle et conquérante à la barre du bateau, elle qui pourtant n'avait pas le pied marin ! Elle l'impressionnait.

— À vos ordres, capitaine ! répondit-il, enjoué.

Loïc, soulagé, sourit à l'idée qu'il avait juste piqué un somme et inventé cette histoire de sirène.

Il se glissa contre Marie, la prit dans les bras, entreprit de lui glisser un baiser dans le cou.

Au moment où il approcha ses lèvres, il aperçut une cicatrice logée dans un repli de sa peau. Il ne put refréner un mouvement de recul, chercha une réponse dans le regard de sa femme, en vain : il n’y trouva qu’un étrange éclat vert et sentit la nausée monter en lui. Il venait de comprendre que dans son ventre encore plat, poussait déjà son enfant à venir.

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