L'explosion

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Les licteurs restaient stoïques face à l'avance ennemie. Tirant au pistolet de manière précise et maîtrisée, sûrs de faire au moins un mort à chaque tir. Des flèches rudimentaires ricochaient contre le carrosse, et Onmal et Oniress répliquaient alors à coup de pistolet. Anal Shapnyr se tenait droit, les yeux fermés, concentré, préparant sans doute un sort.
- "Et galère !" Cria Onmal. "Si on veut s'en tirer on doit placer toute notre confiance dans cet hurluberlu de Shapnyr. Puisse Methrovirsk avoir pitié de nous.
- Vois le bon côté des choses." Rétorqua Oniress. "Je ne sais pas où est le bon côté mais tu devrais chercher toi aussi.
- Nous ne sommes pas encore morts et il nous reste des troupes sur les arrières de l'ennemi. Si jamais ils décident de fuir maintenant ils seront tous massacrés ou capturés jusqu'au dernier.
- Bien vu. Mais qu'est ce qui pourrait les faire fuir maintenant ? Et ne me dis pas que tu vas affronter leur chef. Tu auras du mal à être élu commandeur sérénissime si tu n'as plus de tête pour poser dessus la couronne de la ville."
Justement, le monstre rubicond approchait désormais, escorté de tous ses guerriers. Les tirs dirigés contre lui échouaient tous ou ricochaient sur les plaques de métal recouvrant son ventre et son crâne. C'était comme si une force supérieure le protégeait. Un licteur parvint à lui tirer une balle dans la tête, mais le projectile rebondit sur le crâne épais de la créature et ne laissa qu'une blessure superficielle.
- "C'est un vrai démon cette chose !" S'écria-t-il.
Un gargouillement sinistre qui ressemblait à un rire sortit de la gorge du monstre.
- "Je sais tout de vous, humains. J'ai été comme vous. Maintenant je suis le fléau. Je suis la mort de tous les hommes !"
Anal ouvrit les yeux et prononça une phrase dans un langage si horrible qu'il fit trembler l'air d'effroi autour de lui. Comme la fois précédente, le voile de la réalité se tordît de douleur et se déchira cette fois ci avec un hurlement intense comme jailli du fond des entrailles d'un monstres à l'ampleur inimaginable. De l'abysse survint un torrent de magie qui se dispersa en tout sens, mutant et dégénérant sans aucune forme de logique. Le seuil du réel et de l'irréel fut franchi par une entité défiant toutes les lois de la raison et un tourbillon de folie pure se déploya soudainement comme une tornade embrasée d'où s'extirpaient des tentacules étheriques aux reflets rougeoyants qui agrippèrent les bêtes et lacérèrent leurs chairs dans un déchaînement de violence inouïe. Tous restèrent sous le choc, y compris Onmal; mais Oniress comprit que c'était sa chance.
Alors que le tourbillon de magie démente frappait tout autour de lui en l'évitant soigneusement, le monstre rubicond restait ébahi, voyant ses plus vaillants guerriers réduits en charpie par cette puissance occulte. Il vit trop tard la rapière que l'on plantait dans son ventre. Oniress n'était pas une combattante redoutable, mais sa lame traversa la chair du monstre sans peine tant elle était aiguisée, puis la pointe se brisa et resta fichée dans la chair. La femme tenta de s'éloigner, mais la créature la frappa de son fouet barbelé. Quand elle leva une main pour se protéger le visage, les lanières striées de pointes métalliques s'enroulèrent autour de son avant bras et l'écorchèrent douloureusement. La créature se rapprocha, l'épée prête à frapper, quand un tentacule surgit et l'attrapa par le bras. C'était un tentacule de chair, semblable à celui d'une pieuvre. Avec une force titanesque, il tordît le bras musculeux de la créature et lui brisa les os. Avec un meuglement, la bête lâcha son fouet pour saisir le tentacule et l'arracher à coup de dents, mais un autre tentacule plus petit vint saisir la pointe de rapière qui dépassait et l'arracha d'un coup sec. C'est avec une surprise infinie que la créature vit son sang couler à flot. En même temps, le sort se dissipait, le chaos s'effaçait et la réalité devenait à nouveau claire. Les bêtes fuyaient dans le désordre le plus total, horrifiées par cette sorcellerie, tandis que leur chef paraissait trop faible pour représenter une vraie menace. Des licteurs se précipitèrent sur lui en sortant leurs dagues et lui tailladèrent la chair avec vigueur.
- "Je le veux vivant !" Ordonna Onmal en sortant du carrosse. Puis il se précipita vers Oniress.
- "Tu es blessée ? C'est étonnant de ta part d'avoir pris autant de risque juste après m'avoir signifié de ne pas y aller. Comment t'es tu débrouillée ?
- J'ai été sauvée par…"
Elle chercha des yeux l'endroit d'où venait le tentacule qui l'avait sauvée. Elle ne pût retenir un cri de dégoût lorsque son regard se posa sur une masse de chair informe rampante couverte d'yeux et de bouches organisées en un désordre abject et agitant des tentacules, visiblement encore vivant et souffrant le martyr. L'abomination indicible était en outre couverte d'une toge magenta et coiffée d'un turban.
D'une voix suppliante et suraiguë, la chose vint aux pieds d'Onmal qui aussitôt sortit un pistolet.
- "Onmal… je pourrais vous supplier de me laisser la vie sauve… mais ayant déjà vu ce futur dans mes visions je sais que ce serait inutile.
- En effet." Fit l'intéressé.
Le visage impassible, le consul tira une balle dans la tête du sorcier, puis il sortit un second pistolet et il tira encore, puis un troisième et il tira une troisième fois avant de s'estimer satisfait.
La bataille était terminée à ce moment là.

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