Au-delà des lignes

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Dans un chalet en bois, au sommet d'une montagne, Justine attend. Elle débute dans le métier, et c'est sa première interview. Elle est surprise qu'on lui ait donné rendez-vous dans ce lieu. Une cheminée domine la pièce, le reste est rudimentaire, surtout dans le cadre d'une « promo ». Il n'y a, en tout et pour tout, que deux fauteuils. Ils se font face. Elle s'assied sur l'un d'eux, puis attend en consultant sa montre.


Tiens, il a du retard. Ça m'étonne de lui, il faut croire qu'il est différent de la description qu'il en est fait dans « Bienvenue sur Terre ». Même ce décor champêtre, ça ne ressemble pas à un scientifique.


Soudain, un grincement se fait entendre.


Quelqu'un pousse la porte...


Et là surprise, ce n'est pas Julian Sorrow, le personnage principal qui surgit, mais un autre personnage emblématique du célèbre best-seller (ou presque), publié en décembre 2019 aux éditions Maïa.

- Bonjour mademoiselle, désolé pour le retard, c'est fou comme le temps passe vite, dit-il avec nonchalance.

- Bonjour monsieur Campbell...

- Président ! la coupa l'orgueilleux personnage.

- Heu oui... Bonjour monsieur le Président. Je suis heureuse de vous rencontrer. Mais j'avoue que je m'attendais à voir Julian Sorrow...

- Julian ? C'est un brave petit, mais rien ne vaut un homme de ma condition, vous en conviendrez.

- Oui... Mais Julian a le premier rôle. Ça aurait pu être aussi Sandra Iron, elle a une grande importance dans le récit.

- Oui, pour une femme elle se débrouille pas trop mal.

- « Pour une femme », qu'entendez-vous par là ?

- Je faisais un compliment envers Mlle Iron rien de plus.


C'est quoi ce boulet...

- Monsieur le Président, n'est-ce pas trop difficile d'avoir un rôle si caricatural ?

- Caricatural ? Vous plaisantez, je suis le garant de la force tranquille. Beaucoup de suspense entoure ma personne. Tout au long du roman, on se demande si je suis " gentil " ou " méchant " ...


Ou simplement con !

- Oui c'est vrai. Comment avez-vous vécu cette ambivalence ?

- Bien, je suis naturellement une personne tout en nuances, alors ce fut évident.


Tout en nuances ? J'ai pas dû lire le bon bouquin...

- Vous n'avez pas trop souffert d'être à la fois tyrannique et menteur ?

- Moi menteur ?

- Oui, comme après l'arrivée des extraterrestres, lors de votre réunion secrète avec votre conseil. On apprend que vous cachez des informations à la population, que vous leur mentez aussi.

- Je ne me souviens plus de ce passage. Question suivante.

- Votre popularité, et votre gloire personnelle prennent également beaucoup de place, trop peut-être ?

- Trop ? On ne fait jamais preuve de TROP d'ambitions mademoiselle, si vous le saviez vous auriez pu prétendre à un poste plus importante que journaliste...


Il est autant agréable que sur du papier glacé.

- À ce propos, vous ne semblez pas apprécier les journalistes. Si j'en crois le chapitre trois...

- J'apprécie les journalistes qui privilégient le bien-être de mes concitoyens.


En deux mots « concitoyens » pour avoir une chance de te croire...

- Même si ça doit passer par de la malhonnêteté ?

- Ne jouons pas sur les mots, comme je le dis lors du chapitre 25 : « Un homme politique sait qu'un mensonge n'est rien d'autre qu'une réalité alternative à brandir quand l’intérêt supérieur est trop important »

- Vous vous auto-citez souvent ?

- Quitte à paraphraser quelqu'un, autant le faire avec le meilleur...

- Vous parlez de vous à la troisième personne...


Le président prend un verre et se sert un whisky, il en propose un à Justine qui décline.

- Vous avez tort. C'est un clan Campbell, un nom qui sonne comme un gage de qualité...

- Comment définiriez-vous « Bienvenue sur Terre » ?

- Avec son intrigue fluide et riche, ce premier roman s’avère intense et percutant : assurez-vous d’avoir bien attaché votre ceinture avant de vous lancer dans la lecture…

- J'ai déjà lu ça quelque part...

- Oui, c'est sur la quatrième de couverture, confirma le président Campbell.

- Mais vous, qu'en diriez-vous, avec vos propres mots ?

- Je ne peux pas en dire plus. Souvenez-vous, je ne suis qu'un personnage de roman. Les mots que j'utilise sont ceux que Yenyenus veut bien me prêter...


Décontenancée, Justine réalise le poids de cette révélation.

- Mais alors, comment puis-je vous parler ? Vous rencontrer ?

- Vous connaissez la réponse, des plus cruelles je dois bien l'admettre...

- Non ! C'est impossible ! Je suis également un protagoniste issue de l'imagination de Yenyenus !


Un silence interminable s'installa.

- Vous qui n'en n'êtes pas à votre première, comment cela va-t-il se terminer ? demande tremblante Justine.

- Quand il écrira le mot FIN.

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