Un matin, j'erre sur la plage
Battue par le vent, cheveux flottants,
Je porte mon regard au large,
Et tu es là, dans le reflet absent
De mon œil pâle soudain figé.

Nos yeux se sont croisés,
Entrechoqués,
Ta couleur de braise et ma nuance de vert
Se sont mêlées pour devenir lumière,
Toi, agenouillée sur ta voile immaculée,
Moi, pieds ancrés dans le grain doré,
D'une œillade est née une complicité.

Je m'aventure vers le calme des vagues,
Mon esprit toujours happé par ta présence,
Du bout des doigts dans l'eau je divague
Tandis que tu m'observes avec résilience.

Dans un frémissement, j'ose te demander
Quel peut être le nom qui t'a été donné.
Ton visage fin s'adoucit et,
Alors qu'une vague ourlée d'écume
Me repousse loin de toi,
Tu murmures, légère comme une plume,
"Waïméa".

La mer houleuse s'agite soudainement,
Elle nous éloigne et je reste plantée devant
Ton bateau qui disparaît lentement
Vers les rayons orangés du couchant.

J'ai repris mon cheminement hésitant ;
Avec les années, mes pensées t'effaçant,
J'ai avancé au rythme des saisons dansantes
Sans me soucier de nos coeurs distants
Jusqu'à percevoir, par delà l'océan,
Une lueur éclatante.

En effet, ma jolie Waïméa,
Je n'ai appris que bien tardivement,
Que ton nom signifiait Eau Puissante
Et que notre amitié pleine d'aléas,
De tendresse et d'apaisement,
Je te la devais à toi,
Légère, frivole, pétillante,
Minutieuse, enfantine, conciliante,
Et à tes yeux rieurs
Dans ce monde instable à faire peur.

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