Thèmes : Fantôme et/ou rêve

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Vite ! Attraper ce métro, coûte que coûte. Remonter la mécanique des escaliers deux à deux, éviter une vieille dame en jouant du bassin, presser le pas dans le couloir, attention ! un enfant. Lever le coude ; ça passe. Ouvrir son manteau, il fait chaud. Mince, l’écharpe glisse au sol. Presser le pas, encore, descendre les escaliers ; la main au dessus de la rambarde – on ne sait jamais –, clipeti clop clop, sauter les deux dernières marches, clac ! Ça y est, il arrive. Pleine à craquer la rame s’immobilise. Viouf, les portes s’ouvrent, déversent des citadins engourdis qui regardent leur téléphone ; les gens sur le quai s’empressent de monter : qui trouve sa place au fond contre les portes, qui contre un strapontin relevé, qui adossé à la barre centrale – c’est la guerre. Concert de râleries et soupirs. Stridence du départ, attention à la fermeture des portes et à vos doigts-cheveux-sangles de sac. Shtonk. Vouuuuuuuh. C’est parti. Garder l’équilibre, se camper sur ses pieds, micro-plier les genoux. Une, deux, trois, sept, 15 stations ; plus grand monde maintenant. S’asseoir, regarder.

Mathilde a l’air fatigué, son sac sur les genoux, et un petit nez piqueté de taches de rousseur.

Émile a une moustache, l’oeil vif, et des chaussettes bleues.

Léo est grand.

Thierry est sans-abri.

Joanne est sans soucis.

Max ne veut pas aller chez son père.

Anna pleure, elle a le coeur brisé.

Une larme coule, roule, s’écrase sur son genou et disparait, absorbée par le collant.

Max la regarde, mais c’est bien le seul.

Terminus ! Harriet descend du métro, monte les marches, pensive.

Plus besoin de se presser maintenant.

Enfin, c’est l’air frais, le ciel bleu, les rayons du soleil qui picotent la peau, chauffent les joues, réchauffent le nez.

Harriet sourit à Thierry qui vient de s’installer sur l’aération du métro ; il a posé un chapeau devant lui. Son chien se presse contre sa cuisse, pour partager un peu de chaleur.

C’est doux.

Soudain lasse, Harriet va vers un banc, s’y installe, ferme les yeux.

Elle s’endort, emmitouflée dans son manteau.

Ah, quel rêve étrange, pensa-t-elle en s’éveillant. Ce long tuyau où un boudin de ferraille creuse freine et accélère, secouant ses occupants. Elle se demande si les serpents de ciel pourraient un jour transporter des humains... Et ce petit compagnon poilu à la langue pendante, qui irradiait d'amour pour son humain. Et tous ces gens ! Boulette, ces gens, en nombre, mais à l'air si solitaire...

Elle bâilla, s’étira, et sourit en s’envolant sous la mer orangée, à la recherche de bulles de sable pour le petit déjeuner.

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