Chapitre 18

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Andrew

Depuis une heure je suis enfermé dans le dojo, frappant avec rage de mes poings le mannequin en mousse qui se trouve face à moi. Je n'arrive pas à me calmer et évacuer ma colère après les révélations de Poséidon. Comment a-t-il pu trahir tout un peuple pour l'amour d'une demi-sorcière? Surtout qu'il n'a pas pensé aux conséquences que ça allait engendrer. Nous risquons très gros sur ce coup là, la fin de notre existence. J'expire et expire pour retrouver un brin de sérénité, mais en vain, mon sang bouillonne toujours dans mes veines tel un volcan au bord de l'éruption.

— Andrew ? Tu es là ? me hèle une voix enchanteresse et douce.

— Oui, réponds-je en attrapant ma serviette pour essuyer la transpiration qui émane de mon corps.

Esmée s'approche de moi et ancre son regard au mien pour évaluer mon état d'esprit. Elle ferme les yeux et son corps scintille d'une couleur vert d'eau qui illumine toute la pièce. Ma déesse pose ses mains, de part et d'autre de mon visage et une chaleur envahit tout mon être, avant de totalement m'apaiser.

— Est-ce ça va mieux ? m'interroge-t-elle en papillonnant des paupières.

— Oui, surtout quand tu es à mes côtés, prononcé-je en posant mes doigts sur les siens restés sur mes joues.

— Heureuse d'avoir soulagé tes tourments, s'exprime-t-elle en me souriant.

Esmée retire ses mains de ma figure, mais je retiens ses poignets et dépose sur chacun d'eux un baiser. Elle a réussi à canaliser mes émotions dévastatrices, cependant elle a allumé un brasier qui me transperce de part en part. Mon entrejambe se gorge de désir et je grogne contre sa peau au moment où un petit cri ressemblant à un gémissement sort de sa bouche pulpeuse et sucrée.

Bon dieu ! C'est si dur de lui résister.

— Mon père nous attend, intervient-elle, me ramenant ainsi à l'instant présent.

— Merde, j'avais complètement oublié, rétorqué-je en déposant un baiser sur ses lèvres.

— Hum... Je vois ça en effet, s'esclaffe-t-elle en me tournant le dos.

—Tu sais que tu ne perds rien pour attendre, l'interpellé-je en me calant à son allure.

— Je sais, j'ai réussi à lever les barrières qui retenaient tes pensées plus ou moins obscènes, m'affirme-t-elle en se frottant les bras.

Je souris face à sa dernière remarque, lui pince la fesse la plus proche de moi et m'éclipse en vitesse pour atterrir quelques secondes plus tard devant Arès. Esmée arrive à son tour prête à en découdre, néanmoins, le regard que lui lance son père l'arrête en plein élan. Il nous invite à le suivre dans une des pièces du palais d'Hadès plus précisément le bureau de Perséphone. La décoration est très représentative de la reine de ce château. Les murs sont peints d'un blanc nacré sur lesquels des dizaines de tableaux des différents paysages du Mont sont accrochés. Le sol est recouvert de moquette dorée avec des liserés verts. Quant aux meubles, que dire ? C'est somptueux. Le bureau, les fauteuils, tout comme la bibliothèque, ont été sculptés dans du bois de chêne. Des fleurs sont disposées dans des vases en porcelaine aux quatre coins de la pièce sur des colonnes en pierres. Je dois admettre que la femme de mon cousin a un don caché pour embellir chaque pièce dans laquelle sa présence est requise.

Je suis sorti de ma contemplation par la voix grave d’Arès qui nous demande de nous asseoir.

— Bon, comme vous le savez, Halgamet est sur le Mont sous l'apparence de Héraclès. Mais nous avons un autre souci de taille : le fils de Zeus est adulé par une partie de notre peuple. C'est un très grand guerrier, qui aujourd'hui aurait pu être à ma place, si Héra ne l'avait pas envoyé exécuter des travaux, s'exclame t-il d'un air dépité.

— Nous le savons déjà, rétorqué-je en me redressant de mon siège.

— Je le sais Andrew, cependant le problème qui se pose c'est que nous ne savons pas, comment ont fusionné les âmes de Halgamet et Héraclès, deux dieux puissants à nos yeux, nous craignons la force de leurs pouvoirs unifiés, s'exprime-t-il en nous fixant chacun notre tour.

C'est vrai que je n'ai pas réfléchi à ça. Punaise Poséidon à vraiment déconné sur le coup.

— Dans ce cas,qu'attends-tu de nous, père ? intervient Esmée dévisageant son paternel.

Arès soupire, se frotte le visage, avant de poursuivre.

— Vous devez vous lier sous quarante-huit heures, annonce-t-il d'une voix morne.

— Quoi ?! s'écrie ma déesse surprise par les paroles de son père.

Bon sang ! C'est un gag, je suis à deux doigts de péter une durite et d'aller étrangler le Dieu des Océans. Punaise, je déteste être mis dos au mur, suite à un secret que l'on s’est bien gardé de nous dire.

— Hors de question ! Je ne forcerai pas Esmée, interviens-je les poings serrés pour retenir ma colère.

— Vous n'avez plus le choix, sinon nous sommes perdus, déclare-t-il peiné et au bord de l'épuisement.

Je soupire d'énervement, tape du poing sur le bureau et m'apprête à me volatiliser pour laisser père et fille ensemble. Lorsque la voix résignée de ma déesse résonne dans la pièce pour accepter la requête du Dieu de la guerre. Un "non" tonitruant s'extirpe de mes lèvres sous deux paires d'yeux émeraudes surpris. Je m'approche de mon âme-sœur, la saisis avec douceur par le bras pour la relever et ordonne à Arès de nous laisser seuls. Il obtempère sans rechigner en s'éclipsant dans les airs.

— Bon sang, pourquoi as tu accepté Esmée? l'interrogé-je mécontent de son choix.

— Andrew… Cest… Rhô punaise, je n'arrive même pas à le prononcer à voix haute, précise-t-elle en se cachant son visage rougit de ses mains.

— Hé, tout va bien d'accord. Tu préfères que je lise dans tes pensées ? demandé-je, impatient de découvrir ce qui la met dans cet état.

— Oui, tu peux, je te donne la permission, m'informe-t-elle en fermant les paupières.

J'attends que ma Déesse reprenne un souffle régulier avant de coller mon front au sien et de maintenir son visage entre mes deux mains. Je commence mon exploration et visualise tout le désir qu'elle éprouve à mon égard. Je romps notre connexion une fois ma réponse obtenue et embrasse avec ferveur la belle brune qui se trouve face à moi jusqu'à ne plus pouvoir respirer.

— Je t'aime Esmée, n'en doute jamais. Je te promets que notre union sera digne de ton rang, m'exprimé-je heureux.

— OK, déglutit-elle gênée.

— Ma déesse cesse de te tourmenter, nous le ferons le moment venu, murmuré-je en la blottissant contre mon torse.

— Merci, susurre-t-elle soulagée.

Je ne trouve rien à redire à ce mot, préférant profiter de ce moment pour savourer la chaleur de son corps collé au mien et écouter les battements de son cœur qui m'apaisent. Nous nous séparons l'un de l'autre quand un voile gris apparaît devant mes yeux. Hadès vient de se poser en compagnie de sa chère et tendre.

— Désolé de vous interrompre, mais nous sommes attendus sur le Mont, annonce mon cousin d'un ton grave.

— Bien, on vous suit, rétorqué-je en me détachant d'Esmée.

En un claquement de doigts de Hadès, nous sommes téléportés dans la salle du trône où nous attendent Arès, Poséidon et Zeus. Perséphone s'éclipse par une porte cachée dans le mur, derrière le fauteuil de son époux. Zeus en maître des lieux se lève et vient se placer face à nous le regard glacial.

— Quelle est votre réponse? demande-t-il en jetant un coup d'œil à Esmée.

— Nous acceptons de nous unir, réponds-je en attrapant ma déesse par la taille pour la rapprocher de moi.

— Très bien, sage décision, je vous fais préparer votre nid d'amour, déclare-t-il un sourire vicieux planté aux lèvres.

Bon Dieu! Je ne sais pas ce qui me retient de lui mettre mon poing dans sa figure, en sentant Esmée s'agiter dans mes bras. Afin de l'apaiser, je me penche au plus près de son oreille pour lui murmurer des paroles réconfortantes. Au fur et à mesure sa tension diminue et la sérénité l'emporte sur sa colère.

— Arès, ta fille est vraiment obéissante, j'adore ce genre de femmes, s'exprime le seigneur des lieux en détaillant Esmée.

Je n'ai pas le temps de réagir, que ma déesse envoie valser contre l'un des piliers mon cousin, sous les yeux ébahis de ses frères et du Dieu de la guerre.

— Comment oses-tu me traiter de la sorte, tu n'as pas honte ? As-tu pensé une seconde à ce que Héra ressent à chaque tromperie de ta part ? Non, bien sûr que non ! Tu veux que je te dise, tu ne mérites pas ton titre de Dieu des Dieux, s'exclame-t-elle en contrôlant ses pouvoirs pour éviter d'empirer la situation.

Zeus se redresse du sol, se saisit de son visage et la foudroie de ses prunelles bleues aciers, pendant que nous venons tous les entourer pour tenter de les contrôler.

— Je t'interdis formellement de me parler sur ce ton, jeune déesse de la nature.

— Sinon quoi ? le provoque-t-elle en se dégageant de sa prise.

— Je t'achève de mes propres …

— Stop ! Mon frère, tu en as assez fait pour aujourd'hui, ordonne calmement Poséidon mettant fin à la discussion houleuse entre mon âme-sœur et son aîné.

Zeus hoche la tête et s'éloigne de nous pour reprendre ses esprits. Esmée quant à elle vient se blottir dans mes bras en larmes.

Je lui caresse le dos et ses soubresauts cessent, pendant que je me retiens de tout détruire sur mon passage. Après quelques minutes à rester dans un silence lourd de sens. Hadès se décide à intervenir en m'ayant consulté au préalable par son don de télépathe.

— Zeus, mon frère je vais accueillir Esmée et Andrew au Tartare, ce sera beaucoup moins risqué pour tout le monde, sachant que Halgamet est sur tes terres.

— Faites comme vous voulez, je vais me reposer. Tenez-moi au courant de leur relation, demande-t-il en sortant de la salle sans jeter un seul regard sur nous.

— Je suis désolée, avoue ma déesse en baissant la tête face à son père.

— Ne t'excuses pas, c'est moi le fautif dans l'histoire. Je n'ai pas trouvé le courage nécessaire de révéler mon amour envers Ania à mes frères, précise Poséidon en lâchant un soupir d'agacement.

Ma déesse acquiesce, mais reste compréhensive, je le perçois à son aura, sur la dernière réplique du Roi des Océans nous quittons tous les lieux. Esmée me demande de faire une courte balade dans le jardin où elle s'exerçait enfant avec Gaïa. J'accepte volontiers car elle a besoin de se ressourcer et de reprendre des forces auprès de la nature.

Fin de ce chapitre.

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