Chapitre 17

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Esmée

De retour sur les terres de mon enfance, je me retiens aux coudes d'Andrew pour ne pas chuter. Hadès n'y a pas été de main morte pour nous téléporter sur le Mont, enfin plus précisément sur ses terres du Tartare. Un endroit que je n'ai jamais connu et ma parole, c'est une vraie fournaise ici. Je sue à grosses gouttes tandis que nous avançons vers le palais du Dieu des Enfers, sous un soleil de plomb. En levant mon regard vers le ciel,je remarque que tout est différent comparé à la Terre. L'astre de lumière est empli de flammes rouge-orangées, le ciel est marron et le sol sur lequel mes pieds se posent est de couleur ocre. Je me demande comment Andrew a pu vivre pendant des siècles dans cette ambiance des plus morbides.

— On s'y fait, me répond-il un rictus au bord de ses lèvres.

Tiens, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas utilisé son don de télépathe pour lire dans mes pensées.

— Si tu le dis, rétorqué-je en lui mettant une tape sur l'épaule.

— Hé, pourquoi tu me frappes ?

— D'après toi ?

— OK, je te promets de ne plus le faire sauf quand nos corps se lieront, chuchote-t-il en me pinçant les fesses.

— Andrew ! grogné-je en sentant mes joues chauffer.

Il hausse les épaules comme si de rien n'était, puis explose de rire face à ma mine effarée. Pourtant quelques mètres plus loin, il reprend son sérieux lorsque mon père se pose devant les portes du maître des lieux.

À notre approche, mon paternel vient vers moi, un sourire aux lèvres, avant de me prendre dans ses bras musclés.

— Bonjour, ma chérie, comment vas-tu ?

— Ça va, en tout cas mieux que toi, m'exprimé-je en détaillant les traits tirés de son visage.

— En effet, bonne déduction ma puce. En haut, c'est un peu le bazar.

— C'est ce qu'on a cru comprendre, puisqu' on nous a expressément demandé de nous rendre sur le Mont.

— Oui, Hadès va tout vous expliquer, m'informe mon père avant de saluer Andrew d'une poignée de main.

Nous franchissons les portes en bois d'ébène de la demeure et je reste stupéfaite par ce que je distingue. L'intérieur est épuré, les colonnes qui surplombent les étages sont d'un beau marbre blanc rutilant, tout comme les murs, dans chacune des pièces du palais que je visite en compagnie de Perséphone. Je découvre des bouquets de fleurs disposés dans des vases Ming et une décoration digne de ses talents, les meubles sont luxueux et chics. Après cette visite nous retrouvons, son époux, mon père et Andrew dans le salon, installés sur les sofas. Ils savourent l'air conditionné des lieux, tout en buvant le nectar des Dieux, en gros de la bière.

— Alors cette petite visite ? m'interroge Hadès.

— Somptueuse et éblouissante, réponds-je en m'asseyant aux côtés d'Andrew.

— Attends de voir la demeure d'Andrew, tu vas être surprise, taquine- t-il son cousin en lui lançant un clin d'œil.

Mon père toussote pour rappeler sa présence et Hadès s'excuse auprès de lui.

— Il ne manque plus que mes frères et nous allons vous expliquer ce que nous devons faire.

Je suis surprise, je pensais que nous serions que tous les cinq pour discuter, mais non, il faut que Zeus et Poséidon se pointent. J'espère que tout va bien se dérouler. Un bruit de tonnerre retentit dans la salle et les ieux des Cieux et des Océans font leurs apparitions, me coupant dans mes réflexions.

— Bonjour à tous, désolé du retard,s'excuse Poséidon, plus courtois que son aîné.

D'un signe de tête pour les hommes et d'une révérence pour les femmes, nous nous prosternons à notre tour. Je garde tout de même un œil sur le Dieu des Océans suite à notre dernière rencontre. Je me pose énormément de questions sur le fait qu'il soit intervenu, mais surtout pourquoi Ania nous a-t-elle laissé des indices ? Est-ce un subterfuge? J'aimerais bien le savoir. Je reviens au présent en écoutant attentivement les explications de Zeus.

— Si je vous ai tous réunis dans l'antre des Enfers, c'est qu'une rébellion est en train de naître sur le Mont. Mon soi-disant fils a réussi par je ne sais quel moyen à retourner une partie de mes guerriers et de mon peuple contre mon autorité ! s'exclame-t-il dépité en naviguant de gauche à droite de la pièce.

C'est bien la première fois que je vois le Roi des Cieux aussi ébranlé. Pourtant, malgré ses poings fermés et les éclairs dans ses yeux, il se reprend rapidement.achant aussitot cette facette, nous fusille du regard, proclamant haut et fort qu'Andrew et moi-même avons échoué dans notre mission. La colère s'empare de tout mon être, le feu circule dans mes veines, ma vue s'obscurcit, je vois rouge et je suis prête à en découdre une bonne fois pour toute avec le Dieu des Dieux. Au moment où je suis parée à me lever et expulser toute ma haine envers cet homme, une main se pose sur mon épaule et me maintient (beaucoup de participe present egalement) en position assise avec force. Je dévie mon regard vers celui qui a osé interrompre mon geste, prête à en découdre avec l'opportuniste, cependant, je me ravise en découvrant que c'est mon paternel qui m'en empêche.

Esmée, non, laisse le parler ! Intervient mon père par notre lien de pensée.

— Mais, papa… soupiré-je

— Non ! Je sais que Zeus dirige tout le mal qu'il ressent contre Andrew et toi, mais au fond il s'en veut. Laisse-le extérioriser ses craintes ma puce, m'ordonne-t-il avec douceur, avant de mettre fin à notre connexion.

D'un hochement de tête, j'approuve ses paroles . Cela ne m'empêche pas, pour autant, de fusiller du regard l'homme qui se tient debout face à moi et qui persiste à me provoquer. L'ambiance est insoutenable au point que quelques minutes plus tard, c'est Andrew qui se lève, le corps tendu comme une corde à linge.

— Cesse de nous accuser, mon cher cousin, l'erreur est la tienne. Nous avons fait le nécessaire pour retrouver les deux sorciers et Halgamet. J'ai même failli perdre Esmée lors de cette chasse à l'homme. Nous avons nos torts, mais tu as également les tiens ! éructe-t-il en se rapprochant dangereusement de Zeus.

Hadès et Poséidon, qui, jusque-là n'étaient pas intervenus, se placent chacun aux côtés de leur frère dans une posture de guerriers. Je me redresse à mon tour sous les yeux ébahis de mon père qui en fait de même. Il se positionne aussitôt au côté d'Andrew et du mien, sous les regards surpris des trois frères.

— Vous êtes ridicule, est-ce que vous le savez ? Au lieu de vous affronter tel que vous le faites à cet instant, vous feriez mieux de vous entraider, nous rappelle à l'ordre Perséphone, les bras croisés sur sa poitrine.

— Tu as raison chérie, désolé, réponds Hadès en rejoignant sa femme pour l'embrasser.

D'un commun accord nous reprenons chacun nos places et la discussion devient plus sereine, après les excuses de Zeus qui pour une fois reconnais sa bévue. Notre plan ficelé, les trois frères se quittent d'une accolade. J'attends que Poséidon soit seul pour le trouver afin de l'interroger sur la Grande Prêtresse. Hésitante face à l'homme imposant, je reprends une inspiration et m'apprête à le questionner, néanmoins, il me coupe l'herbe sous les pieds.

— Esmée, ravis de te revoir. Je suppose que tu aimerais avoir la réponse aux interrogations que tu te poses au sujet d'Ania, n'est-ce pas ?

Je suis bouche bée, lui aussi lit dans mes pensées ?

— En effet, annoncé-je impatiente.

— Bien, alors suis moi, je vais tout de t'expliquer.

— Pas toute seule, nous interrompt Andrew d'un ton menaçant.

Poséidon acquiesce d'un mouvement de tête et nous quittons la demeure de Hadès. Nous déambulons sur les terres arides, jusqu'à ce que le Seigneur des Mers s'immobilise, expire un bon coup et nous conte son histoire avec Ania. Cette humaine a été sauvée, in-extremis, alors qu'elle sombrait dans les bas fonds de l'Océan Atlantique. Quand il a aperçu son visage et qu'il a tenu son corps frêle blotti dans ses bras, il est tombé sous son charme. Depuis, il n'a jamais pu se défaire de son amour pour cette femme qui était destinée à devenir l'une des plus Grandes Prêtresses. Zeus et Hadès sont au courant du lien qui les unit, néanmoins le Roi des Cieux refuse que cet amour soit révélé auprès des Dieux et Déesses du Mont. Je suis touchée et peinée pour lui, cependant, sa chère et tendre nous a trahi avant de nous apporter son aide et c'est là où je suis perdue.

— Explique-moi quel rapport entretient Ania avec Halgamet, le coupe Andrew moins touché et sur la défensive.

— Aucun, Ania a juste exécuté son rôle de Prêtresse et m'a prévenu une fois que le second d'arme d'Arès s'est transformé en mon neveu Héraclès. Elle vous a également laissé des indices pour que vous puissiez le retrouver.

— As-tu prévenu tes frères ?

— Il me semble que tu en as eu la preuve récemment, se justifie-t-il en se massant l'arête du nez.

Malgré le récit de son cousin, Andrew ne décolère pas. Si nous avions eu ces éléments en main, Halgamet serait déjà mort ou enfermé. Au lieu de ça nous allons devoir de nouveau nous confronter à lui, ainsi qu'à sa petite armée. Je n'ose même pas y songer, car je crains pour la vie d'Andrew et la mienne. Nous ne nous sommes pas encore unis physiquement et nos pouvoirs ne peuvent être partagés.

Fin de ce chapitre.

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