_10, La discution

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Je ne sais pas si les âmes soeurs existent mais je sais que tu es ma soeur, et par conséquent celle qui me complète le mieux.

Seize jours. Je me souviens, la dernière fois que je comptais mes réveils, c’était alors que je voulais en finir avec la vie. Aujourd’hui, ce sont les jours avec un cœur brisé que je compte. Seize jours que je n’ai pas vu Evan, seize jours que je lui ai dit que je ne voulais plus le voir, seize jours qu’il m’a embrassée, seize jours que je me suis brisée le cœur.

Lou passe le week-end à mon appart. Nous sommes assises dans le salon et elle regarde une chaîne de clip d'un oeil. Mais depuis ce matin, elle ne tient pas sur place. Je sens qu'elle voudrait me dire quelque chose mais elle n'ose pas. Vu la tête qu’elle fait, je pense qu'elle est déçue de me voir si mal alors qu’il y a peu j’allais beaucoup mieux. Elle voudrait me secouer mais la dernière fois, je me suis enfuie. C'était d'ailleurs la première fois que je rencontrais Evan. Mes pensées divagant vers lui, je me rends compte que je ne suis vraiment bonne à rien. Il faut toujours que je gâche tout. En pleine lamentation sur mon incapacité à construire et à maintenir une relation, mon regard se perd par la fenêtre. Qu’est-ce que ça serait facile de se jeter par-dessus. En plus, je serais sûre d’y rester cette fois : peu de personnes survivent en s’écrasant sur un trottoir après une chute libre de cinq étages. Je me demande même pourquoi je n’avais pas utilisé cette technique la première fois… Mais à chaque fois que j’y pense, je pense à Lui et à sa dernière phrase. « Ma porte à moi restera toujours ouverte pour toi. » J’imagine à quel point il se sentirait mal, à quel point il se sentirait coupable, si je tentai une nouvelle fois de mettre fin à mes jours. Et je refuse qu'il pense qu'il est la source d'une nouvelle dépression chez moi. Même si c'est en quelque sorte vrai. Mais c'est moi qui ai tout foiré avec lui. J'ai laissé ma fierté prendre le dessus, je n'ai pas accepté qu'il me montre que je ne faisais toujours pas confiance aux gens. J'ai toujours eu un certain problème avec la perfection. Je déteste les gens parfaits, parce que leur défaut est justement de n'en avoir aucun. Mais je veux pourtant être parfaite aux yeux du monde entier et en conséquent, je me trouve toujours plus de défauts. Qu'Evan en relève un, un des plus gros en plus, ça m'a fait penser que je ne valais rien, que je ne le méritais pas. Mais je ne peux plus mourir maintenant. Parce que lui, il est là. Et que si je m'en vais, il souffrira. Il a tant fait pour moi ces derniers temps... tout comme ma famille en quelque sorte. Alors qu'un raclement de gorge de ma sœur me sort de mes pensées, je prends soudain conscience d’une chose :

- Merci.

Ma sœur me regarde avec des yeux de merlan frit, et je dois avouer qu’entendre le son de ma voix m’étonne. Mais je continue sur ma lancée.

- Merci d’être restée là alors que je ne pensais qu’à moi. Je suis désolé de ne pas m’être rendue compte plus tôt du mal que je vous ai causé en me murant dans le silence. Je vous ai laissés croire que c’était votre faute si je me suis jetée du pont. Ce n’est pas du tout vrai.

- On aurait quand-même dû se rendre compte que tu allais mal.

- Mais de toute manière je ne voulais pas que vous le sachiez. Je ne vous aurais rien dit, quoiqu’il se passe. Et ces dernières années, je me suis vraiment mal comportée. Vous avez dû tellement souffrir de la manière dont je vous traitais…

- Oui, mais pas tant que toi. On ne savait pas quoi faire, comment réagir pour te prouver qu’on était là et qu’on t’aimait.

- Ah ça, j’ai compris que vous êtes là. Mais bon, avoir quelqu’un qui joue à la nourrice tous les week-ends, c’est pas ouf non plus !

En rigolant, Lou vient me serrer dans ses bras.

- Oh, ma Lili… tu m’as tellement manquée.

- Moi aussi ma Loulou. Moi aussi.

Dans les bras de ma sœur, je prends des nouvelles de la famille dont, je m’en rends compte, je ne sais plus grand-chose.

- Mattyas s’est trouvé une petite copine, Laurie. Je pense que cette fois c’est la bonne. Quand ils se regardent, on voit que eux, ils savent ce que c’est que l’Amour avec un grand A. Sinon, mamie a adopté un nouveau chat, Flocon. Il est trop mignon !

- Toi et les animaux ! En fait, tes études ?

- Bah, rien de spécial… Je bosse mon bac quoi ! Et toi ? A par lire, tu t’occupes comment ?

Soudain, je pense à Evan. Ma sœur doit voir mon visage s’assombrir alors elle me dit :

- Oublie, ce n’était pas très fin de ma part.

- Si, si, je donne un coup de main à la libraire du coin. D’ailleurs, il faudrait que je m’excuse de ne pas lui avoir donné de nouvelles depuis plus de deux semaines. Elle doit se faire un sang d’encre.

- Tu veux qu’on y aille maintenant ?

- Pourquoi pas. En plus il y a des BD. Tu risques d’acheter quelques trucs.

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