Renouer des liens

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Après une autre discussion avec Valentine, Axel décida de reprendre contact avec son père, dans le but de comprendre ce qui l’avait motivé à le séparer de sa mère.

Mise au courant, Marcelle fut d’abord contre, puis accepta le fait que son fils ait besoin de comprendre. Elle s’en ouvrit à Valentine,

— J’ai peur qu’il n’obtienne rien de son père.

— Dans quel sens ?

— Qu’il ne lui dise rien, qu’il ne puisse pas expliquer.

— Axel le comprendrait, non ? Si son père n’est pas capable de lui donner des explications ; il comprendra qu’il s’agit d’une personne non fiable.

Marcelle resta sceptique,

— Il veut des réponses concrètes… Et des explications de la part son père. Il n’en recevra pas, je connais l’oiseau !

Valentine tenta,

— Laisse-le au moins tenter, Marcelle, il en a besoin, tu sais.

Marcelle lui sourit et lui déclara,

— Il a de la chance de t’avoir comme amie, tu sais, je suis heureuse qu’il change dans le bon sens.

— Moi aussi, c’est quand même plus agréable de ne plus être à couteaux tirés dans la famille.

— Ça, c’est clair, même avec Vanessa ça se passe mieux.

— Comme quoi, tout arrive ! Et elle, au fait, elle va bien ?

— Oui, depuis qu’ils sont mariés, elle et Fabrice viennent plus souvent encore, ils parlent de revenir dans la région.

— Ah, mais c’est chouette ça !

— Oui, mais du coup, c’est Sébastien et toi qui partez plus loin !

— C’est vrai, mais pas trop loin non plus.

— Non, c’est vrai, c’est juste un peu plus loin

Elles continuèrent à discuter sereinement toutes les deux.

***

Axel se décida à renouer des liens avec Sébastien. Ce ne fut pas chose aisée, il tenta d’abord de passer par Valentine.

— Valentine, tu pourrais lui dire que je suis désolé… Non ?

— Mais non, Axel, voit ça avec lui, directement !

— Mais allez…

— Non, je ne jouerai pas les intermédiaires ; je lui en ai déjà touché un mot et il est d’accord avec moi, si tu veux vraiment aplanir les choses avec lui, c’est à toi de faire le premier pas.

Axel fit mine de bouder puis souffla en lui répondant,

— Je sais… Pfff, mais, c’est dur, tu sais, c’est…

Il ne termina pas sa phrase.

— Quoi ?

Elle sourit en coin et décida de le secouer ; il ne fallait pas qu’il arrête en si bon chemin…

— Tu as peur de te confronter à lui, c’est ça ?

— Oui… Je… Je lui ai fait des trucs pas sympas, tu sais…

— Voici venu le temps d’assumer alors.

— Peut-être, oui… Mais j’ai été tellement con quand j’y pense !

— Et tu te sens comment par rapport à ça ?

— Ben… Je ne sais pas vraiment… En fait, je crois que j’ai honte de certaines choses.

Il souffla et hocha négativement la tête. Il allait devoir se décider et assumer face à son cousin.

Finalement, il se décida et attendit Sébastien à la sortie de son cabinet de kinésithérapie. Il l’interpella dès qu’il le vit sortir.

— Eh Seb, salut !

Sébastien haussa un sourcil, il savait un peu à quoi s’attendre, Valentine le tenait au courant de ses « progrès ». Il le laissa donc venir à lui.

— Salut Axel, tu passais par-là ?

— Oui… Euh, non… Je voulais te voir. Seul.

— Ah, ça ne va pas être possible…

— Que… ?

— Je vais chercher Alice à l’école maternelle, nous ne serons donc pas seuls.

Sébastien le regarda réfléchir, il eut un petit sourire, Axel sembla un peu désemparé. Il finit par lui dire,

— Arrête de gamberger Axel, Alice est petite, elle fera probablement une sieste et Valentine ne revient pas avant deux ou trois heures.

— Ok, tu… Est-ce que je peux venir chez toi pour discuter un peu ?

— Oui, tu peux venir.

Ils rejoignirent l’appartement de Sébastien, Axel s’occupa de tenir la main d’Alice qui, du haut de ses trois ans, lui raconta toute sa journée. Sébastien sourit ; Axel était un peu gauche avec elle, mais il arrivait quand même à se débrouiller. Il se surprit à penser à son cousin comme à un baby-sitter potentiel…

Une fois sur place, il l’invita à prendre un goûter ;

— Tiens, Alice, un gâteau à la cannelle que ta maman a préparé.

Alice s’en empara et l’engloutit assez rapidement avant de rejoindre ses jouets. Sébastien orienta son attention sur son cousin et l’interpella,

— Alors Axel, que me vaut ta visite ?

— Eh bien… Je… J’imagine que tu parles à Valentine et qu’elle te parle de nos discussions…

— Oui, ma femme et moi nous nous parlons et nous parlons effectivement de ce sujet.

Un peu sur ses gardes, Axel lui demanda,

— Est-ce que ça te dérange Seb ? Tu sais, c’est en tant qu’ami qu’on se voit, il n’y a rien d’autre !

— J’ai confiance en Valentine.

— Mais pas en moi, c’est ça ?

Sébastien le regarda dans les yeux avant de goûter son thé qui devait être à bonne température pour être bu et de prendre l’un des petits gâteaux qu’il avait déposé sur une assiette. D‘un geste de la main, il indiqua à Axel qu’il pouvait en prendre, ce dernier fit signe que non en hochant la tête, il attendait la réponse de son cousin. Il souffla doucement, voyant bien qu’Axel appréhendait la réponse qu’il allait lui donner.

Finalement, Sébastien répondit,

— En effet Axel, en toi, je n’ai plus vraiment confiance… Tu sais pourquoi, non ?

— Oui, je sais, je m’en excuse… Je n’ai fait que des boulettes avec toi alors que tu étais le seul à me soutenir à l’époque. Je le sais, je le comprends, maintenant.

— Il n’est jamais trop tard, mais, donc, quel est le but de cette visite Axel ; tu ne fais jamais rien pour rien.

Sébastien soutint le regard de son cousin, il voulait qu’il crache le morceau. D’abord interdit, Axel finit par avou,

— Je voudrais qu’on se reparle cousin, qu’on soit à nouveau amis.

— Et dans quel but Axel ? Je te connais, que cherches-tu en tentant de renouer avec moi ?

— Mais…

Axel souffla, il ne savait pas comment faire avec son cousin ; il savait bien qu’il n’était pas en position de force avec lui ; il avait trop tenté de détruire la vie de Sébastien… Il finit par lâcher,

— Ok, je sais Seb, j’ai été un con fini depuis des années avec toi !

Toujours très calme, ce qui agaçait Axel, Sébastien lui dit,

— Ça, c’est un fait, mais baisse d’un ton si tu veux bien, tu as saisi Alice.

Axel se mordit la lèvre, il avait peur de se confronter à son cousin et le calme apparent de ce dernier tranchait vraiment avec la tension que lui-même ressentait dans son corps.

— Seb, je ne sais pas quoi faire pour m’excuser.

— Faire… ?

— Oui, non, je ne sais pas Seb, je suis désolé de t’avoir fait du tort en lançant des rumeurs contre toi, je sais que c’était con, mais je t’en voulais de t’en sortir si bien dans la vie. Quand j’ai dragué Sandy, c’est parce que je voulais savoir ce que c’était… Je voulais goûter à ta réussite.

— Et ?

— Et quand j’ai compris que vous n’étiez plus ensemble depuis longtemps, j’ai voulu t’attaquer autrement, avec les rumeurs.

— Heureusement pour toi qu’elles n’ont pas fonctionné soit dit en passant…

— Oui, heureusement, sinon, je n’oserais même pas être ici.

Il y eut un silence, Sébastien décida de laisser Axel mener la conversation ; il n’avait qu’à se débrouiller pour amener les sujets qui fâchent… Il préféra faire ce choix, sans quoi, il risquerait, lui, de lui dire un peu trop rudement ses quatre vérités.

Axel finit par reprendre,

— La plus grosse connerie que j’ai faite, c’est d’avoir tenté de vous séparer Valentine et toi, j’ai été très nul sur ce coup-là, je voulais que tu souffres, je voulais la récupérer… Je refusais d’accepter que vous puissiez être heureux à deux alors que c’est grâce à moi qu’elle est entrée dans ta vie.

Sébastien soupira discrètement, ne voulant pas montrer à son cousin qu’il s’agissait là de l’un des points les plus sensibles pour lui. Il prit un gâteau pour se donner un peu de contenance

Axel se tut quelques minutes, mais, ne voyant pas Sébastien réagir, il continua,

— Je suis jaloux du fait que tu sois heureux avec elle Seb, je suis jaloux que tu t’en sois sorti mieux que moi… Tu sais, quand nous étions petits, j’étais fier, parce que moi, mon père m’avait pris avec lui, toi, je me disais que ton père n’avait pas voulu de toi et que du coup, moi, j’étais mieux… Enfin, c’est ça que je me suis dit pendant des années, pendant les années que j’étais avec lui.

Il fit une pause,

— J’aurais voulu qu’il me laisse avec maman, on se serait vu plus souvent… Et je n’aurais pas eu sa mauvaise influence.

Il regarda son cousin qui grignotait un petit gâteau en l’écoutant avec attention.

— C’est toi que j’aurais dû prendre comme exemple… Je ne l’ai pas fait à l’époque, mais maintenant, c’est à toi que je voudrais ressembler Seb.

Sébastien se racla la gorge et reprit du thé puis lâcha,

— C’est à toi que tu dois ressembler Axel, pas à moi.

Axel souffla,

— Oui, je sais, mais qui suis-je Seb ? Un emmerdeur pas capable de respecter sa nana, pas capable de respecter le couple que vous formez Val et toi… J’ai du mal à me définir, Seb ! Quand j’en parle avec Val, ça m’aide, mais je ressens le besoin de t’en parler à toi Seb, tu me connais, tu sais ce qu’il s’est passé dans la famille, tu as connu mon père. Seb, est-ce que tu accepterais de m’aider à retrouver mon père ?

— Ah, c’est donc ça…

Hésitant, Axel lui répondit,

— Oui, j’ai besoin de toi, je sais que je peux compter sur toi, tu es quelqu’un de solide et d’intègre.

Sébastien eut une petite moue sceptique puis lui demanda

— Que cherches-tu par rapport à ton père ?

— Je veux qu’il m’explique pourquoi il m’a séparé de maman et Vanessa.

Il se tut puis ajouta, plus bas,

— Pour lui dire qu’il a bousillé ma vie aussi.

— Tu as l’occasion de la reconstruire ta vie…

— Oui, je sais, mais j’ai besoin de connaître sa version.

Après avoir hoché la tête à l'attention de son cousin, Sébastien regarda sa montre et conclut,

— Je comprends et je suis d’accord avec toi Axel. Valentine arrive dans moins de trente minutes, tu restes pour lui dire bonjour ou tu rentres chez ta mère ?

— Euh… Je ne sais pas, tu préfères que je parte ?

Avec un sourire discret, il lui dit :

— Non, c’est à toi de choisir, Axel, positionne-toi dans ta vie.

Il vit Axel un peu désemparé. Il le rassura finalement, en lui disant,

— Je veux bien t’aider pour ton père Axel, dans la mesure de mes possibilités, mais ma famille passera toujours avant toi. C’est la limite que je donne et que je voudrais que tu respectes. Si j’apprends que tu as le moindre geste ou mot déplacé envers Valentine, Tout sera fini entre nous.

— Oui, je comprends parfaitement Seb ! Pas de souci de ce côté-là, Valentine n’aime que toi, je l’ai bien compris. Sache que je l’accepte et le respecte !

Axel hésita puis lui proposa,

— Dis, cousin, vous allez bientôt déménager, ça va vous prendre de l’énergie. Je peux venir aider pour les travaux si tu veux… Peindre, ça, je sais faire, si ça peut vous avancer…

Sébastien réfléchit, esquissa un sourire et hocha la tête,

— Oui, pourquoi pas, nous pourrions discuter en même temps…

— Oh oui, comme ça, on pourra faire le point !

Sébastien eut l’impression de voir son cousin enfin se détendre. Il ajouta,

— Mais on bossera surtout ! Toutes les pièces sont à repeindre !

— Ok, ça me va, je sais venir quelques heures tous les soirs et la plupart des weekends.

Sébastien soupira d'aise, il retrouvait son cousin. Soudain, il tourna la tête, il avait entendu le bruit de la clé dans la serrure, Valentine était de retour.

Ils passèrent une partie de l’avant-soirée à discuter tous les trois, Axel repartit de bonne humeur et avec le reste des gâteaux à la cannelle pour lui, Marcelle et François.

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