La chute d'Axel

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Sur le chemin du retour, Valentine tourna dans tous les sens la conversation qu’elle venait d’avoir et finit par conclure qu’effectivement, en continuant de refuser l’offre de ses parents, elle maintenait la situation qu’elle avait connue depuis toute petite ; tout pour Greg et rien ou si peu pour elle.

Se rendre compte qu’elle entretenait la situation la mit en colère contre elle-même, elle se mordilla la lèvre inférieure tout en réfléchissant à ce que cela changeait dans la perspective actuelle ; devait-elle accepter cette offre ? Cela lui demanderait de faire un compromis avec la boule qu’elle avait encore parfois dans son ventre… Mais bon, cela permettrait d’entrer dans une maison retapée et d’avoir un coin intime avec son homme…

Elle sentit une énergie énorme grandir en elle, une partie nourrie par de la colère et en même temps, quelque chose de serein, un accomplissement… C’était étrange.

Ce fut dans cet état d’esprit qu’elle descendit du train à Mons. Elle avait besoin de bouger, de se dépenser. Elle décida de faire le chemin à pied au lieu de prendre le bus ; vingt bonnes minutes de marche lui feraient du bien.

Cependant, juste après avoir quitté la gare, une voix embrasa la flamme de colère qui sommeillait encore en elle ;

— Valentine, ma chérie, comment vas-tu ?

Sans l’avoir vu venir, elle sentit qu’Axel l’enlaça par-derrière, passant ses mains autour de sa taille et remontant rapidement pour lui malaxer les seins. Valentine arracha ses mains de là où elles se trouvaient et lui hurla ;

— Ne me touche pas Axel !

Elle lui fit face, hors d’elle, mais surprise, elle prit le temps de l’observer, il était un brin éméché, pas très frais, le regard un peu vague… Il tenta de la prendre dans ses bras en lui disant,

— Allez, reviens ma pupuce… On était si bien à deux.

— Mais Axel, arrête !

Elle le repoussa doucement, en continuant à l’observer. Elle ne reconnaissait pas l’homme qui, à un moment de sa vie, avait fait battre son cœur. Il n’était que l’ombre de lui-même, il ne faisait plus attention à son apparence, lui, si coquet d’habitude… Il se laissait aller, Valentine se demanda même s’il n’était pas en train de dégringoler dans un état dépressif. Puis elle constata que, finalement, il lui faisait pitié.

Ce fut d’une voix plus douce qu’elle lui dit,

— Axel, il n’y a plus rien entre nous deux, tu es juste le cousin de mon époux.

— Ouais, c’est ça ! Il t’a volée à moi ce con !

En soupirant, elle plaça,

— Non, tu m’as perdue tout seul Axel.

— Non, non, non… C’est avec moi que tu dois être…

— Je suis où JE décide d’être Axel.

Valentine se sentit exaspérée par le comportement et les réflexions immatures d’Axel. Puis, tout d’un coup, il eut un ton plus triste…

— Chuis tout seul maintenant, Val !

— Va rejoindre tes colocs à Bruxelles, ils t’accueilleront. C’est ça que tu voulais, non ? Il y a toujours quelqu’un qui t’attend là-bas, tu n’es jamais seul…

— Non… C’est fini, Kate et son mec ont pris l’appart pour eux deux, j’suis de retour chez ma mère dans deux mois… Si elle veut bien.

— Ah… Et tu le lui as déjà demandé ?

— Oui, mais ce n’est pas sûr, ils ont tout changé dans la maison.

Axel commença à pleurer, Valentine soupira puis s’assit à côté de lui sur un banc public, en conservant toujours une certaine distance. Il reprit,

— On aurait pu vivre ensemble, Val…

— Non Axel, cela n’aurait plus été possible entre nous depuis la coucherie avec Kate, tu le sais bien.

— Tu aurais été ma bouée de sauvetage, Valentine…

Elle leva les yeux au ciel.

— C’est bien pour ça que cela n’aurait pas fonctionné entre nous Axel.

— Mais je t’aime, moi !

Elle tenta de lui expliquer,

— Axel, tu es quelqu’un de sympa, mais je ne t’aime pas de l’amour que j’éprouve pour Sébastien.

— Il a quoi de plus que moi ?

Il avait haussé le ton, se montrant un rien agressif dans sa demande, elle le regarda un peu effarée puis lui répondit calmement,

— Il se respecte, ce que tu ne fais pas, il me respecte, ce que tu n’as pas fait, il m’aime comme je suis, avec mes peurs, mes craintes, mes attentes… Ce que toi, tu ne connais même pas de moi. Je l’aime, je le respecte, je veux vieillir avec lui, lui donner d’autres enfants… Tout cela, je n’en ai pas envie avec toi Axel, elle est là, la différence. Seb et moi, nous nous aimons. Avec toi, tout n’a toujours été que superficiel. Apprends à t’aimer toi-même, tu verras, ça fait des miracles.

Il l’écouta puis laissa partir son regard dans le vide. Le voyant à la dérive, elle lui dit,

— J’envoie un message à ta mère, pour qu’elle te réceptionne, là, tu auras au moins un bon lit pour dormir et cuver tout cela.

Alors qu’elle se leva après avoir envoyé un message à Marcelle lui décrivant la situation en quelques mots, Axel l’interpella,

— Tu m’aideras, Val ?

— T’aider à quoi Axel ?

— À m’aimer.

Valentine eut un petit mouvement de recul… N’avait-il toujours rien compris ? C’est un peu sur ses gardes qu’elle répondit,

— Quoi ?

Voyant l’air plutôt sceptique avec lequel Valentine le regardait à présent, Axel précisa,

— Non, je veux dire, que j’apprenne à m’aimer, moi.

Un peu rassurée, elle lui précisa cependant,

— Il n’y a qu’en t’écoutant toi-même que tu pourras y arriver… Je veux bien en discuter avec toi Axel, mais seulement si tu respectes certaines distances, pas comme tu m’as interpellée là tantôt.

Avec un demi-sourire, il lui répondit,

— Oui, je sais… Mais j’avais tellement envie de te sentir à nouveau, tu sais…

— Mais tu ne me sentiras plus jamais comme avant Axel, la page est tournée pour moi… Il faut que tu apprennes à tourner la page, Axel, il faut que tu passes à autre chose.

Valentine entendit qu’elle avait reçu un message, elle le lut puis indiqua à Axel,

— Sur ce, ta mère m’a répondu, elle t’attend.

— Ok, j’y vais.

Après lui avoir donné une bise amicale, elle le regarda partir puis reprit son chemin.

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