Lettre

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Boulder, le 31 août 1990.

Chère Nadine,

Je viens d'apprendre avec horreur que tu avais choisi de rejoindre le camp de Randall Flagg, cette espèce de bouseux du Wyoming avec sa coupe mulet et son jean trop serré. Je suis déçu. Très déçu, comme tu l'imagines. Et en plus, tu es partie en Vespa avec Harold Lauder. HAROLD LAUDER. Franchement, tu crois que ce petit arriviste va t'amener saine et sauve à Vegas ? Vraiment ? Il vient seulement de comprendre ce que sa mère avait dû faire pour le mettre au monde. Et toi, tu pars avec lui, pour retrouver ce... cette...

Excuse-moi. Je m'emporte, mais tu sais à quel point je hais l'homme noir. Je parle de Randall Flagg, bien sûr, pas d'un homme Noir. Je préfère préciser comme t'étais un peu premier degré quand on s'est rencontrés à New York.

Bref, toi et moi, ça aurait pu coller. D'ailleurs, si tu te souviens bien, on s'était collés l'un à l'autre en juillet dernier dans la tente, jusqu'à ce que tu ne me jettes comme si des gousses d'ail me poussaient sur la gueule. Quelle tristesse, Nadine ! Quel gâchis ! J'avais mis des bougies, nettoyé la Quechua et retiré toutes les miettes du sac de couchage pour l'occasion. J'avais même dit à Jo qu'il pouvait dormir dans la piscine à boules. Et quelque chose s'est brisé entre nous après. Je le sais. Bon... je reconnais ne pas avoir fait grand chose pour te reconquérir. Mais... tu comprends, Lucy est arrivée et elle s'est montrée moins... plus... enfin tu vois quoi. Pas la peine que je te fasse un dessin (ce serait pas très joli en plus).

Tu sais, à Boulder, j'ai longuement cru qu'on pourrait se réconcilier. Je suis même aller traîner devant chez toi une fois. C'était le 28 août, vers 23 heures 31. Je le sais parce que c'est le jour où Lucy m'a appris qu'elle était enceinte de moi.

Je regrette tellement mon manque d'audace, mon manque de courage, comme la fois où je t'ai croisé à l'épicerie du centre et que je me suis caché dans le rayon alcool pour éviter de t'aborder. Tu ne le savais pas, hein ? Il faut dire que tu venais de piquer une colère parce que Nick ne connaissait pas la chanteuse Cher et que ça m'avait fait un peu peur. Tu savais que Nick était sourd quand même ? Plus la peine de t'en inquiéter. Il est mort maintenant, par ta faute et celle de Harold. HAROLD LAUDER putain !

Oh, Nadine, parfois je repense à ce soir où tu m'avais rendu visite devant chez Lucy (je préfère dire chez elle car j'assume pas encore de vivre avec). Si j'avais l'air pressé, c'était parce que je venais d'aller aux toilettes et que j'avais oublié de me laver les mains. Tu sais à quel point ça me perturbait. Et si je n'ai pas su saisir la perche que tu tendais, même si c'était plutôt toi qui voulait saisir une perche ce soir-là, c'est uniquement pour cette raison.

Mais bon, c'est trop tard maintenant. Le mal est fait.

En parlant de mal, j'espère que Randall te rendra heureuse. Au moins aussi heureuse que lors de nos brefs baisers durand notre voyage depuis le New Jersey. Newark, Trenton, Hatboro... Oh Hatboro ! Tu te souviens de toutes ces mouches qui tournaient en rond sur notre campement ? On croyait que c'était à cause de la pêche que Jo avait déposée dans la pelouse sans s'essuyer, alors qu'il y avait un cadavre dans le marais. Qu'est-ce qu'on riait alors !

En espérant que cette lettre aboutisse,

Larry, qui t'aime à sa façon.

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