La citadelle d'Ortenmare

2 minutes de lecture

Sur les rivages de la mer des lames siégeait Ortenmare, grande cité de bois surplombant les flots, grande par sa taille et non sa stature, hélas. Sur une colline au-dessus du reste de la ville, la grande citadelle, l'une des seules battisses de pierre, s'agrippait fermement au rocher sur lequel elle avait été construite. L'intérieur était pauvrement décoré, pourtant, une salle du trône se devait d'impressionner. Celle-ci semblait vide, un simple tapis en peau d'ours posé devant un brasier qui de ses flammes réchauffait la pièce. Des deux côtés de celle-ci, se tenaient de grandes colonnes de bois blancs sculptées sur lesquelles étaient suspendus des étendards représentant un galion blanc sur un fond bleu azur. Au fond de la salle, sur un trône taillé dans du bois d’ébène, un vieil homme était assis, semblant attendre la fin. Il paraissait avoir passé trop d'hiver ici, avec cette couronne de fer posé sur sa chevelure grisâtre, morceau de ferraille semblant trop lourd pour un si vieil homme, le lourd poids d'une vie entière dévoué à diriger un peuple. Tout à coup on frappa à la porte, les coups résonnèrent d’un bout à l’autre de la salle du trône.


« Ouvrez les portes ! Balbutia le vieil homme. »


Deux gardes postés aux abords de la porte peinèrent à ouvrir cette dernière. Un immense homme âgé entra aussitôt, haut de sept pieds, une longue cape d’un vert sombre recouvrant l’intégralité de son corps, son visage dissimulé dans l’ombre d’un capuchon. Il enleva ce dernier d’un geste de la main et apparurent alors des traits fatigués ainsi qu’une longue chevelure d’argent accrochée à l’arrière de son crâne. Lorsqu’il prit la parole, sa voix envahit la pièce, recouvrant tout autre bruit.


« Me voici devant vous, Brohn, Intendant d’Ortenmare.


- Voilà bien des années que vous n’avez gravi les marches de ma citadelle, Artaglias ! Quel bon vent vous amène ici ? Répondit l’intendant.


- Jamais un vieux sage ne quitte sa montagne sans raison en effet. J’ai le sentiment de vivre mes derniers moments sur cette terre, je ne me sens plus la force d’échapper aux griffes de la mort encore longtemps. C’est pourquoi je me trouve devant vous pour vous conter une histoire oublié de tous, une histoire qu’aucun livre ne citera jamais.


- Contes et autres légendes perdus… Je suis las de vos beaux discours… Quel intérêt trouvez-vous à faire tout ce chemin pour me faire part d’un passé que je n’ai point connu, qu’aucun ici n’a connu ? Cela permettra-t-il aux habitants de ma cité de ne plus vivre dans la misère ? De ne plus marcher dans la fange ? De ne plus être les vassaux de ces terribles tirants ? »


La voix du vieil homme était de plus en plus forte et saccadée.


« Où étiez-vous quand ils ont emporté mon fils loin de la terre qui l’a vu naître ? Mon seul héritier légitime… »


Brohn éclata en sanglot, puis le silence revint peu à peu et c’est au-dessus des lamentations du vieil homme accablé de trop de tourments qu’Artaglias commença son histoire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Etienne Leconte ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0