Jour 17 : Prendre l'objet à votre gauche ou droite et écrire une histoire

2 minutes de lecture

Ma lampe de bureau

Il faut que je vous conte son histoire, elle est assez étonnante. Cette lampe de bureau a été achetée à la quincaillerie des Halles à Tours, il y a de nombreuses années, par un jeune homme qui se destinait à être médecin. Cette lampe a éclairé ses soirées de révision, ses nuits de bachotage et ses journées de rédaction de mémoire final.

Quand il a été médecin, il est parti avec une association humanitaire bien connue, dans un bateau qui ramassait les fameux boat people. Il avait emmené cette lampe avec lui, car elle lui rappelait ses années d’études et également parce qu’elle pouvait s’orienter facilement et lui servir lors de ses auscultations.

Un jour, ce navire de secours a été arraisonné dans les eaux cambodgiennes. Les réfugiés recueillis à bord sont partis dans les champs (on était à l’époque des Khmers rouges) et les médecins, après quelques mois dans des camps, ont été renvoyés dans leurs pays d’origine. La lampe quant à elle a été récupérée par un militaire étant monté sur la bateau humanitaire. Il avait un frère qui était policier en ville et à qui il offrit cette lampe. Celui-ci s’en servit lors des interrogatoires durant ses enquêtes. Elle ne servait plus à voir mais plutôt à éblouir.

Quand le policier mourut dans une fusillade, ses collègues firent du ménage dans son bureau et jetèrent la lampe dans la poubelle. Cette lampe fut récupérée par des ferrailleurs et, après quelques actions sommaires de remise en état, vendue, une misère, à un antiquaire, spécialiste du mobilier d’Orient. Celui-ci la vendit, vers Palombaggia à un touriste américain qui voulait meubler sa résidence secondaire. Quelques années plus tard, une explosion de gaz – cela arrive fréquemment en Corse paraît-il - détruisit la maison. Des décombres, cette lampe apparut comme miraculeusement intacte. Elle fut récupérée par un gamin du coin qui la revendit à un brocanteur. Cette lampe ne trouvant pas preneur durant de long mois en vente dans son magasin de l’île de Beauté, il la céda à un collègue du continent qui la vendit à un couple cherchant à meubler leur maison à pas cher. Ce couple eut la chance de toucher un héritage important et du coup, ils refirent toute la décoration de leur maison et changèrent tout le mobilier. Ils vendirent tout sur le site bien connu, sauf cette lampe qui leur resta sur les bras. Ils la déposèrent dans une Ressourcerie.

C’est là que j’en fis l’acquisition, après ma séparation pour me remeubler sans trop dépenser. Voilà donc l’histoire de cette lampe, qui est à ma gauche sur mon bureau quand j’écris.

Comme le disait Boris Vian, il y a un certain temps : « L'histoire est entièrement vraie puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre »…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Fred Larsen ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0