Genèse 20 - Abraham et Sara chez Abimélec

3 minutes de lecture

Changement d’ambiance après l’épisode des destructions de Sodome et Gomorrhe, ce vingtième chapitre est bien plus léger dans son propos. Pas de morts brutales, ni de divine furie dévastatrice dans ce passage (juste des menaces).

Sans transition, nous retrouvons donc Abraham et Sara qui décident de partir de chez eux, pour un séjour à Guérar (c’est au sud). Est-ce pour déménager ou pour prendre quelques jours de vacances ? Nous n’en savons rien, la raison qui les pousse à prendre la route n’étant pas précisée.

Comme à son habitude lorsqu’il voyage avec sa femme, Abraham la présente comme sa sœur. Comme d’habitude également (elle doit vraiment être très jolie à l’orée de ses quatre-vingt-dix printemps), à peine ont-ils passés la frontière, que le roi du coin – Abimélec – fait enlever Sara pour en faire sa concubine.

Mais cette fois-ci, Dieu prend les devants et apparait en songe directement au roi Abimélec, avant qu’il n’ait eu le temps de coucher avec Sara. Probablement pour s’assurer qu’Abimélec ne risque pas d’être le père du futur enfant qu’Il a promis à Sara, Dieu le rend stérile, ainsi que l’ensemble de sa maisonnée. Précaution supplémentaire, pour qu’Abimélec ne tarde pas trop à relâcher Sara, Dieu le menace de détruire son peuple s’il ne la rend pas à son mari. Toujours en songe, le roi tente de faire valoir son bon droit. Il explique avoir été trompé par Abraham et Sara, qui ont tous deux prétendus être frère et sœur. Dieu admet qu’Abimélec a agi avec le cœur pur et lui explique qu’en intervenant avant qu’il ne couche avec Sara (qu’il la viole en fait), Il l’empêche de commettre un péché, car elle est déjà mariée.

Pour Dieu, un péché par ignorance, ça reste un péché (si Abimélec s’était contenté d’enlever une femme non mariée pour lui imposer un rapport intime… bah ça n’aurait apparemment pas été considéré comme un péché tant que c’est réalisé avec un cœur pur).

Conscient d’avoir échappé de peu à la colère de Dieu, dès son réveil, Abimélec convoque Abraham et lui demande des explications sur son comportement un peu douteux.

Abraham louvoie un peu, tente de noyer le poisson et enfin admet qu’à chaque voyage, sa femme et lui utilise ce stratagème. Il précise qu’il n’a pas vraiment menti, car Sara est bien sa demi-sœur en plus d’être sa femme. Abraham a donc raconté une demi-vérité. Et puis, il faut le comprendre, à chaque fois qu’il voyage à l’étranger, tout le monde veut lui prendre sa femme, du coup c’est normal qu’il anticipe et se protège !

En plus de lui rendre son épouse sur les conseils de Dieu (état d’origine garanti, il n’y a pas touché), Abimélec donne tout un tas de richesses à Abraham et lui ouvre en grand les portes de son royaume. En contrepartie, Abraham fait une prière rapide pour Abimélec, pour que Dieu le guérisse lui, sa femme et ses servantes de leur stérilité. La prière porte ses fruits (qui peut en douter) et l’affaire est close.

Il n’est pas évident de dégager la symbolique étrange que cette anecdote tente de nous faire comprendre. Il n’est pas question ici de trouver une morale aussi compréhensible que dans une fable de La Fontaine. Abraham ment par lâcheté et son comportement global est peu reluisant. Il n’a aucune considération pour l’intégrité physique de son épouse. Cependant, il finit l’aventure plus riche qu’il ne l’avait débutée. En ce qui le concerne, tout est bien qui finit bien.

Le point de vue de Sara est complètement absent de ce chapitre. Bien qu’elle soit victime d’un enlèvement, puis qu’elle échappe de peu à des relations sexuelles non consenties avec un inconnu, nous n’avons aucun indice sur la façon dont elle vit cette aventure. Il est établi qu’elle subit cela à chaque voyage, on pourrait considérer que l’habitude (et le comique de répétition) émousse un peu ses sentiments. Les amateurs d’histoires osées, en viendraient à regretter que la Bible ne relate pas le voyage de noces de ces deux-là.

Enfin, de son côté, Dieu se comporte comme un parrain de mafia. Il protège les siens en dépit de leurs égarements, Il menace, pratique la rétorsion puis accorde son pardon et sa protection après avoir obtenu ce qu’Il désire.

Annotations

Vous aimez lire J.Quidam ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0