C’était une soirée de décembre. Il pleuvait à verse et j’étais gelée jusqu’au bout des doigts de pieds. Mais plus rien ne comptait, ni l’eau qui ruisselait dans mon dos, ni le froid glacial qui me paralysait, car Il apparut devant moi. Je le vis dès qu’il descendit de sa voiture. Mes lèvres abîmées par l’air presque sibérien réussirent à esquisser un sourire. J’arrivais toujours à sourire pour Lui. Il n’était plus qu’à quelques pas, et je sentais déjà la sensation de ses bras réconfortants autour de mes épaules. Je pouvais presque entendre son cœur battre, ce cœur que j’avais tant de fois écouté après l’amour. Il s’approcha. Il me regarda. Je me sentis défaillir. Quelque chose clochait dans son regard. Il ne pétillait pas. Il n’avait pas le reflet habituel de son amour pour moi. J’avais l’impression que le froid polaire de cette soirée de décembre avait pris place dans ses iris émeraudes. Une larme roula sur ma joue. Puis une deuxième. Le sel me piquait les joues. Il s’excusa. Essaya de se justifier, de trouver un bon argument. Attendit que je réponde quelque chose. Mais je ne pouvais pas. Il était mon amour, mon horizon, celui qui me tenait chaud pendant les nuits d’hiver. S’il me quittait, je ne me relèverai pas. Il lança un regard aux alentours. S’excusa une nouvelle fois. Puis Il partit. Emportant avec lui mon cœur tout entier, il remonta dans sa voiture, démarra en trombe, et me laissa seule sur le trottoir verglacé. J’éclatai véritablement en sanglots. Les mains frigorifiées, je ne pouvais pas essuyer ces perles salées qui coulaient en même temps que la pluie. Je L’aimais. Plus que tout. Il m’avait quittée. Durant cette soirée de décembre, alors qu’il pleuvait à verse et que j’étais gelée jusqu’au bout des doigts de pied, je me retrouvais seule. Et je n’avais même plus l’amour pour me réchauffer.