Chapitre 26, partie 3 :

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Will Marx :

Je me laisse tomber contre le matelas en fermant les yeux, je ne veux pas être là. Mes muscles se tendent lorsque les petites mains de Marianna caressent mon corps, passent sous mon haut, glissent sur mon torse et descendent sur mon ventre. Je ne ressens rien d'autre qu'un profond malaise. Je ne suis plus à ma place ici, entre ses draps. Comment fait-elle pour ne pas l'apercevoir ?

— Attends, Marianna, il faut qu'on parle ! dis-je en me redressant.

— On aura le temps de parler dans dix minutes.

— Non, je suis sérieux. C'est important !

Son regard bleu croise le mien, elle me fixe sévèrement. Elle lève le menton, me défie durant quelques secondes alors que ses mains se faufilent sous la ceinture de mon jean, ses doigts effleurent ma peau. J'inspire profondément, tente d'aligner mes pensées pour savoir quoi lui dire. Je dois être honnête avec elle, je ne peux pas la repousser sans lui donner d'explications, ce n'est plus envisageable. Mon meilleur ami a raison, comme bien souvent. Je dois en finir avec tout ce cinéma.

Je grogne, perturbé de ne pas trouver les termes adéquats pour mettre fin à cette situation avant qu'il ne soit trop tard et que les retombées soient trop brutales.

L'envie de hurler m'étreint alors que les effets de l'alcool commencent à peser sur mes épaules et ralentissent le fil de mes pensées. Je songe à Angelo, à la colère et la peine qu'il doit ressentir. Même s'il ne le dit pas ouvertement, je sais que ma relation avec Marianna lui fait du mal et pour cela, j'aurais dû agir plus tôt.

Son visage apparaît face à moi et mon cœur s'emballe. Ses yeux bruns me mettent au défi, sa bouche abîmée par la cicatrice qu'a laissé notre accident de bus me sourit, sa peau frissonne et ses cils papillonnent.

Ses doigts saisissent mon plaisir en une provocation silencieuse. Je gémis bruyamment lorsque sa paume m'enserre dans un étau brûlant. Les yeux clos, je tends la main pour fourrager entres ses ondulations blondes.

— Putain, Angelo, soupiré-je alors que l'orgasme point déjà au creux de mes reins.

Soudain, la douce caresse s'efface, le poids sur le lit disparaît et une part de moi s'envole également.

Continue ! Ne t'arrête pas !

— Quoi ? s'exclame une voix horrifiée.

Mon corps se crispe douloureusement tandis que la réalité me foudroie.

Ce n'était pas lui !

J'ouvre les yeux, presque terrifié, alors que je réalise la monumentale erreur que je viens de commettre. Marianna est collée contre le mur, les mains devant sa bouche et les yeux exorbités.

— Qu'as-tu dis ? murmure-t-elle complètement dépaysée.

— Quoi ? Rien. Je n'ai rien dis !

Je réajuste mon pantalon, le cœur martelant ma poitrine.

— Je le savais, dit-elle en secouant la tête. Je savais que c'était louche entre vous. Mais...

Elle se tait, cligne plusieurs fois des paupières et croise enfin mon regard.

— ... pas à ce point, continue-t-elle.

— Marianna, commencé-je en m'approchant lentement. Je vais t'expliquer, d'accord ? J'aurais dû le faire avant, je suis désolé, mais il faut qu'on discute.

— Non ! Ne t'approche pas de moi, hurle-t-elle. T'es homo, Will !

La peur m'étreint, comment va se terminer cette soirée ? Dans quel état vais-je trouver Angelo, au milieu de tous ces gens qu'il n'apprécie pas ? Me détestera-t-il aussi ?

— Je ne le suis pas, c'est juste que... en fait, c'est juste lui, avoué-je en fermant les yeux. Pardonne-moi, Marianna, je n'aurai pas dû laisser les choses évoluer de cette façon mais je ne l'ai pas fait exprès. Je ne voulais pas te faire de mal, tu dois me cr...

— J'ai couché avec Carter, me coupe-t-elle froidement. Avec Martens, Fernando et Basil, aussi, les hockeyeurs. Je m'en serais remise si tu m'avais avoué avoir sauté toutes les filles du lycée, mais ce... type ! Il est dérangé et il vit dans les quartiers pauvres ! J'ai honte pour toi.

J'incline légèrement la tête en tentant d'assimiler ses propos. Le fait d'apprendre qu'elle a eu des relations avec d'autres personnes ne me perturbe pas tant que cela, mais les mots dédaigneux prononcés contre DeNil me mettent la rage au ventre. Comment peut-elle le dénigrer de cette façon ? Elle ne sait absolument rien de lui, ni de ce qu'il représente à mes yeux. Si elle est honteuse, moi je ne le serai jamais.

Je clos les paupières et inspire profondément pour essayer de me calmer, puis quitte la chambre sans me retourner. Je ne veux plus la voir, son air répugné me donne la nausée. L'unique personne que je veux admirer en cet instant, c'est Angelo. J'aurais voulu que les évènements se déroulent différemment, mais désormais il est trop tard pour reculer. La vérité est sur le point d'éclater et c'est sûrement le dernier de mes soucis ; je veux juste savoir comment il va.

Je le cherche partout lorsque j'arrive dans le salon. L'angoisse me prend au tripes, je ne l'aperçois pas. Je tourne en rond avec l'espoir qu'il apparaisse sous mes yeux mais cela n'arrive pas. Il est nulle part.

— Alors, c'était bien ? demande Noah en ricanant.

— Ferme ta gueule, Carter ! éructé-je.

— Qu'est-ce qu'il y a, Will ? s'inquiète Judas en approchant.

Je l'ignore pour ne pas me montrer venimeux. C'est mon ami, et je ne souhaite pas être méchant avec lui à cause des stupidités d'autrui.

— Quoi ? Pourquoi es-tu si agressif ?

J'avance vers Noah, les poings serrés, enragé. Son regard fier ne me plaît pas, son sourire en coin fait bouillir le sang dans mes veines.

— Il est parti ! Ton copain s'est barré.

Je grince des dents, à deux doigts de vriller complètement. Mon cœur bat si puissamment que je peine à respirer.

— Je vous ai entendu, Willy, me nargue-t-il. Pietro et toi, dans la cuisine.

Bordel...

Les images défilent dans mon esprit, les mots prononcés résonnent dans ma tête, et cette fichue réalité qui m'a brusquement frappé, jusqu'à me retourner, me fait vaciller. Qu'a-t-il entendu exactement ? Les morceaux du puzzle s'assemblent, c'est pour cette raison qu'il a fait venir Alexie et Marianna, pour me mettre au pied du mur et sûrement emmerder Angelo.

Pietro me jette un regard inquiet, c'est le seul ici qui connaît l'entière vérité.

La colère s'immisce en moi avec davantage de brutalité, elle m'étouffe et malmène mon cœur vaseux. Je lève le poing et l'abat contre le nez de Noah, contrôlé par cette rage qui m'aveugle presque. Il grogne en plaquant la main sur son visage, le sang s'égoutte entre ses doigts.

— Ça, c'est pour avoir sauté ma copine, craché-je alors qu'au fond cela m'est bien égal.

Je lui assène un violent coup de pied qui le fait tomber à genoux devant moi. Cette vision me plaît mais n'apaise pas ma colère. Judas et Pietro tentent de me canaliser en maintenant chacun l'un de mes bras, tandis que Jordan Martens s'efface dans un coin du salon. Lui aussi a touché Marianna, mais je ne compte pas lui faire de mal. Je suis enragé uniquement parce que Carter à pris une décision importante à ma place. Certes, j'aurai dû agir avant, mais qui est-il pour m'inciter à dévoiler une partie de mon intimité devant notre équipe alors que je viens à peine de réaliser que mes sentiments pour Angelo sont plus qu'une simple attraction ?

— Et ça, c'est pour avoir fait en sorte qu'il s'en aille, connard !

Il se redresse difficilement alors que sa sœur l'aide à se stabiliser. Alexie ne prononce pas un seul mot, je sais qu'elle comprend. Elle me connait, et sait que si je suis dans cet état c'est uniquement parce qu'il a dépassé les limites.

— Je ne veux pas d'un pédé comme capitaine, crache-t-il en effaçant le sang qui coule sur son menton d'un revers de la main.

Je devrais probablement me sentir mal, appréhender la réaction de mes autres coéquipiers mais je suis tellement enragé que je ne ressens aucune gêne. Je me moque de ce qu'il se passe dans leurs têtes.

Les doigts de Judas se resserrent autour de mon bras. Il n'est pas bête, il a parfaitement compris qu'entre Angelo et moi c'est plus qu'une amitié, pourtant il continue de me maintenir contre lui avec l'aide de Pietro. Je me défais de leur étreinte sans ménagement et m'approche davantage de Noah qui est désormais droit sur ses jambes.

— Je n'en ai rien à foutre de ce que tu penses ! vociféré-je près de lui sans même essayer de le contredire. Personne ne te retiens, Carter. Si ma relation avec Angelo te dérange alors dégage de l'équipe parce que je ne partirais pas pour tes conneries de propos homophobes ! T'as l'esprit aussi ouvert que la coquille d'une putain d'huitre.

Ses lèvres s'étirent, laissent apercevoir ses dents rougies par les traînées qui coulent de son nez. Il est satisfait d'avoir fait éclater une vérité qui pourtant ne le regarde pas. S'il croit que son manège va me dissuader d'être près de DeNil ou de gérer mon équipe, il se trompe sur toute la ligne. Je pivote vers le reste de mes coéquipiers afin de les affronter.

— Si ça vous pose un problème, c'est le moment de vous manifester.

Personne ne réagit, Pietro et Judas m'observent avec intérêt et c'est à cet instant que je comprends que Bloom n'y voit aucun inconvénient. Les autres ne bronchent plus, n'osent probablement pas.

— Si c'est le cas, continué-je, sachez que je vous emmerde prodigieusement !

Je me dirige d'un pas ferme vers la sortie, bien déterminé à retrouver Angelo pour m'excuser et par-dessus tout me calmer en le prenant dans mes bras. Avant de passer la porte, je croise le regard de Marianna, je ne pourrais absolument pas définir ce qu'elle ressent mais ne m'y attarde pas plus longtemps. J'ai conscience d'avoir fauté mais elle n'est pas innocente non plus.

L'air frais me transperce, je ne m'en souci pas et pars à la poursuite du seul que je veux à mes côtés en cet instant.

Mon journaliste, mon obsession. Je dois le retrouver !

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